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Mangue - Commercialisation
Une campagne 2009 difficile

La forte diminution des livraisons de mangues du Pérou, l’intensité et la concentration des volumes de Côte d’Ivoire et des autres origines Ouest-africaine ont perturbé la campagne.

L’année 2009 ne restera pas dans les mémoires comme une campagne de commercialisation réussie pour la mangue. Bien au contraire, cette année semble avoir cumulé les obstacles et contraintes, dans un contexte par ailleurs morose. La combinaison des variations d’approvisionnement habituelles à d’autres facteurs externes a entraîné des conditions de ventes particulièrement complexes. Evoquer les effets de la crise économique mondiale relève sans doute du lieu commun. On ne peut toutefois pas écarter cet élément, même s’il apparaît de façon diffuse, et vraisemblablement difficile à quantifier, dans le secteur des fruits et légumes. La préoccupation des consommateurs à limiter leurs dépenses alimentaires reste une réalité plus dirigée vers des achats courants que vers des achats impulsifs, dont la mangue fait partie.
Le premier élément perturbateur de la campagne s’est révélé avec la forte diminution des livraisons du Pérou en début d’année. Avec 50 à 60 % de réduction de son offre, cette origine a provoqué des remous aussi intenses que durables. Dans un premier temps, la raréfaction de l’offre péruvienne a provoqué logiquement une hausse sensible des prix de vente, jusqu’à la mi-février. Les cours fléchissaient ensuite, alors que l’offre demeurait modeste, par désintérêt des distributeurs qui ne pouvaient plus garantir leurs marges vis-à-vis de prix au détail dissuasifs. La réduction des commandes des distributeurs entraînait à son tour un rééquilibrage de la demande globale des marchés par rapport aux quantités réceptionnées. Cette tendance, qui pouvait n’être que ponctuelle, s’est finalement avérée pérenne, dépassant la durée de la campagne péruvienne. La jonction des campagnes, péruvienne d’une part et Ouest-africaine d’autre part, s’effectuait également dans des conditions difficiles. Les expéditions du Pérou, par manque de disponibilité, s’amenuisaient rapidement alors que le démarrage de la campagne d’Afrique de l’Ouest tardait. Palliant le manque de produits sur le marché européen, la Côte d’Ivoire expédiait des mangues de variété Amélie. Ces fruits peu colorés, de petits calibres et de maturité souvent trop juste, correspondant mal aux desiderata des consommateurs, s’écoulaient difficilement à la période des fêtes de Pâques. L’arrivée des premières livraisons de mangues de variété Kent fin avril cisaillait les débouchés des derniers lots d’Amélie encore disponibles.

Demande limitée lors de la période estivale
L’intensité et la concentration des livraisons de Côte d’Ivoire et des autres origines Ouest-africaines réceptionnées au mois de mai, occasionnaient une importante baisse des cours. Fin mai, la qualité des fruits ivoiriens se détériorait fortement, entraînant méventes et baisse des cours. L’arrêt des exportations ivoiriennes redonnait un bol d’oxygène au marché à la mi-juin, provoquant une nouvelle phase de sous-approvisionnement du marché et un lent redressement des cours. La fin de campagne d’Afrique de l’Ouest avec les fruits du Mali s’effectuait dans de meilleures conditions. Les premiers lots du Sénégal et de la République Dominicaine profitaient de cette accalmie. Fin juillet, le cours des mangues s’orientait de nouveau à la baisse avec l’entrée en campagne d’Israël, complétée par les apports du Sénégal et du Mexique. La période estivale, avec une demande limitée, connaissait un nouveau fléchissement des cours. La diminution des quantités en septembre permettait un redressement des cours pour les origines présentes à cette période, notamment l’Espagne avec la variété Osteen. En octobre, le rouleau compresseur brésilien se remettait en action et inondait le marché européen, avec des quantités moindres par rapport à l’année précédente, mais encore trop importantes au regard de la demande atrophiée du moment. Le résultat de ces livraisons disproportionnées a été le stockage des marchandises, entraînant leur dégradation qualitative et par conséquence leur dépréciation continue jusqu’en fin d’année. Par un effet d’entraînement, les premières expéditions de la nouvelle campagne du Pérou se heurtaient à la concurrence brésilienne, avec un alignement des prix de vente sur les niveaux les plus faibles.
On retiendra donc de cette année une variation toujours importante des volumes commercialisés, sans lien effectif avec le niveau de la demande. Le décalage offre/demande ne semble pas avoir été aussi aigu qu’en 2009. Par ailleurs, la fréquente inadaptation de l’offre par rapport à la demande en termes de calibre, coloration et qualité gustative des fruits, s’est visiblement accrue cette année, élargissant le fossé entre niveau d’expédition et consommation. Ce décalage souligne la baisse globale de la demande tout au long de l’année. L’amorce de l’année 2010 ne se présente pas sous de meilleurs auspices. En effet, l’offre importante du Brésil en décembre a plongé le marché dans une phase de sur-approvisionnement prononcé, alors que les livraisons se sont avérées moins substantielles qu’à la même époque de 2008. Cette tendance s’est poursuivie en janvier 2009, avec des apports exponentiels du Pérou qui retrouvait apparemment un niveau d’exportation plus conforme à la progression des dernières années. Il en est résulté le maintien de prix anormalement bas, bien que la qualité des fruits soit satisfaisante. Que nous réserve cette nouvelle année où les productions des principaux fournisseurs du marché européen semblent revenir à de plus amples niveaux ? Tant le Pérou, qui renoue avec des exportations conséquentes, que les origines Ouest-africaines, qui annoncent déjà une plus grande précocité de campagne et une présence intensifiée sur les marchés d’exportation, laissent augurer de périodes délicates de commercialisation.
Exporter des mangues vers le marché européen est une chose. Faire coïncider une offre aux fluctuations de la demande en est une autre, surtout dans une période économiquement troublée. Il serait souhaitable que les vicissitudes de l’année 2009 puissent servir à la réflexion des opérateurs pour mieux adapter les besoins du marché aux offres, de toute façon excessives, des multiples origines susceptibles d’expédier des fruits.

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