Raisin - Chasselas de Moissac
Une bonne campagne en perspective pour l’AOC
Fin août, la campagne s’annonçait sous les meilleurs auspices, tant en qualité qu’en quantité, pour la filière Chasselas de Moissac qui fête, cette année, les 40 ans de son AOC.



Cette année, le Chasselas de Moissac AOC est arrivé avec une quinzaine de jours d’avance sur les étals. Une précocité plutôt bien accueillie, non seulement parce que le raisin est de grande qualité, mais aussi parce qu’arriver plus tôt que prévu en rayon se traduit généralement par une bonne valorisation de la production pendant les premières semaines. Cela permet d’éviter la mise en rayon de Chasselas cueilli avant qu’il ne soit mûr et que son taux de sucre soit suffisant pour plaire au consommateur, ce qui dessert toujours le marché. « Nous devrions récolter 4 000 t d’AOC, comme les deux années précédentes, indique Gilbert Lavilledieu, président du Syndicat de défense du Chasselas de Moissac AOC. 284 exploitants se sont déclarés en AOC pour 550 ha revendiqués. Ce n’est plus comme il y a vingt ans, mais la production se stabilise. Il y a eu une forte hémorragie, il y a sept-huit ans, parmi les chasselatiers, faute de successeurs dans les familles productrices, et les surfaces ont diminué. Mais les vignes qui ont été arrachées étaient les moins bonnes, si bien que le tonnage de Chasselas AOC est resté stable. »
En 2010, 298 chasselatiers avaient produit 3 966 t d’AOC sur 598 ha. La plus grande partie du Chasselas de Moissac AOC s’est vendue en plateaux de 8 kg (43 %), alors que le syndicat envisageait, un temps, de supprimer ce conditionnement. Mais la grande distribution a demandé à ce qu’un “produit manipulable” soit conservé dans la segmentation des emballages. 37 % du Chasselas ont été commercialisés en plateaux de 4 kg et 19 % en barquettes plastiques de 750 g (990 000 unités), confectionnées en partie en matières recyclées et récemment relookées. L’étiquette en bois a désormais été remplacée par une étiquette papier, permettant de diffuser des messages, comme des conseils et une recette de cuisine que le consommateur découvre quand il ouvre le couvercle. Enfin, 1 % des ventes se sont faites en colis de 2 kg, utilisés notamment pour la vente directe.
Deuxième place en rayon pour l’AOC
Comme chaque année, des opérations de sensibilisation et de promotion menées sur les points de vente avec le CTIFL (526 détaillants, hypers et supers en 2010) ont permis d’avoir une bonne “photographie” du marché. Les notations s’appuient sur trois critères : qualité du produit, présentation et utilisation de la PLV. Le syndicat met à la disposition des commerçants différents outils de promotion (guirlandes, dépliants d’information pour les consommateurs, pochons ou sacs en jute). Les 239 visites qui ont eu lieu fin septembre-début octobre 2010 ont montré que le taux moyen d’utilisation de la PLV était de 60 %. Par ailleurs, « tous types de magasins confondus, 61 % des points de vente présentent de quatre à sept références de raisins », avec un « très fort taux de présence du Chasselas AOC ». « Les variétés, classées par ordre d’importance dans le rayon, sont l’Italia, le Chasselas de Moissac AOC, le Muscat de Hambourg, le Chasselas non AOC, le Muscat du Ventoux AOC, le Centennial et le Danlas », souligne le CTIFL. Les prix relevés pour le Chasselas AOC varient de 3,10 € à 5,39 €/kg, soit un prix moyen de 5,02 €, supérieur de 1,74 € à celui du Chasselas non AOC. « Le Chasselas est le raisin le plus coûteux à produire au monde, précise Gilbert Lavilledieu. Il demande 1 000 h de travail à l’hectare et son prix de revient varie entre 1,70 € et 2 €/kg, irrigation et filets paragrêle compris. »
« Si l’on considère que le Chasselas de Moissac AOC est acheté 2 à 2,50 €/kg aux producteurs, cela représente un chiffre d’affaires de 8 à 10 M€ pour 4 000 t vendues, ce qui n’est pas négligeable pour le département, souligne Guy-Michel Empociello, conseiller général du canton de Moissac. Cette production est importante pour l’économie locale. » « Elle fait partie du patrimoine, renchérit Jacques Roset, conseiller général du canton de Lafrançaise. Il faut la protéger et la valoriser, par des opérations de communication, mais aussi par la vente de produits dérivés comme le jus de Chasselas ou tout produit sur lequel “Chasselas de Moissac” apparaîtra. »
Carnet de découverte, version 2011
La filière, soutenue financièrement par le Conseil général du Tarn-et-Garonne et la Région Midi-Pyrénées, réalise pour ce faire un gros travail de communication et participe à de nombreuses manifestations mettant en avant les produits de qualité dans la France entière. Mais elle propose aussi aux consommateurs de venir découvrir le produit sur sa zone de production. C’est l’objectif du Carnet de découverte, dont l’édition 2011, enrichie, vient d’être publiée. « Nous avons, cette année, dix-neuf chasselatiers répertoriés dans le carnet, qui ouvrent leurs portes aux visiteurs, détaille Nicole Malmon, chasselatière et présidente de l’Association Site remarquable du goût de Moissac, qui édite le carnet. Tous ont été formés à l’accueil et une bonne moitié propose des visites commentées de leur activité. Ils sont tous très motivés. »
Tiré à 15 000 exemplaires, le carnet compte une trentaine de restaurateurs s’engageant à mettre le Chasselas à leur carte, des hébergeurs, des points de vente ou la Ferme de beauté Cap Mathaly, où l’on propose des soins à base de fruits frais de saison, et notamment de Chasselas… Cette année, le livret intègre deux petits nouveaux : le Cefel, qui propose de faire découvrir les modes de conduite du Chasselas, et le Lycée agricole de Moissac, qui possède un conservatoire des clones de la variété. On peut par exemple y observer du Chasselas rose !
« Certaines exploitations commencent à accueillir des bus entiers de visiteurs, envoyés par des associations ou des comités d’entreprise, poursuit Nicole Malmon. L’office de tourisme de Moissac propose par exemple un parcours type avec visite du célèbre cloître de la ville, d’une exploitation et de Cap Mathaly. Différents types de “packages” pourraient être mis en place avec les autres offices de tourisme de la zone de production et l’Agence de développement touristique du Tarn-et-Garonne. » Le cloître enregistrant, chaque année, près de 80 000 entrées payantes, et Moissac accueillant au total 300 000 à 400 000 personnes, la filière a matière à développer ses propres visites !