Pomme de terre - Villers-Saint-Christophe

Un vent favorable a soufflé sur PotatoEurope

Un vent favorable souffle sur le monde de la pomme de terre. A Villers-Saint-Christophe, dans l’Aisne, il n’y eut point de revendications illégitimes ou de désespérances entendues dans les allées : le climat était avant tout aux affaires.
2011-2012 est déjà loin. On pressent déjà une campagne 2012-2013 beaucoup plus dynamique, alors que certains – surpris par les achats records des consommateurs durant le 1er semestre 2012 – viennent également à s’étonner que nos concitoyens « se mettent au régime patates ». Et un de nos confrères de se demander si cette brusque hausse de consommation ne serait pas le témoignage « des affres de la rigueur » !
Les organisateurs de PotatoEurope sont donc comblés. Les professionnels de la filière inscrivent désormais ce rendez-vous incontournable sur leurs agendas. Pour preuve : le salon a accueilli en deux jours plus de 10 000 visiteurs, dont 40 % d’étrangers. De quoi satisfaire pleinement le comité d’organisation, tout comme les 250 exposants (80 de plus que lors de la dernière édition) qui avaient investi les 22 ha de la manifestation.

Une attractivité grandissante
Pour l’organisation de cette 6e édition (ce salon a lieu tous les ans alternativement dans les quatre pays plus gros producteurs : France, Pays-Bas, Belgique et Allemagne), les choses semblaient désormais bien rôdées. PotatoEurope est d’abord une manifestation technique où les producteurs peuvent rêver devant des machines toujours plus imposantes et des techniques toujours plus sophistiquées.
La pomme de terre y a désormais ses lettres de noblesse. Considérée comme « la quatrième denrée agricole produite dans le monde après le maïs, le riz et le blé », elle démontre de plus en plus sa modernité et son savoir-faire. Et attire de plus en plus ! Des fabricants de matériels investissent le secteur. Que ce soit Ropa qui vient de reprendre le secteur pommes de terre du groupe Haller ou bien encore Pouchain, spécialiste des arracheuses d’endives, qui se diversifie dans la pomme de terre… KWS, le semencier international de Basse-Saxe, vient également de racheter l’obtenteur hollandais VanRijn et présentait sa nouvelle collection variétale. Quant à l’obtenteur allemand Solana, il a profité du salon pour officialiser son implantation française. Mais cette avalanche de techniques ne doit pas faire oublier l’importance du commerce.
Au village du négoce, point central de cette manifestation, on ne tournait pas longtemps en rond. Les portables n’arrêtaient pas de sonner, les échanges étaient nombreux et fournis et les poignées de mains toujours chaleureuses !

Des tensions en ce début de campagne
Cette édition marque le début d’une nouvelle campagne qui devrait se dérouler dans des conditions de marché totalement différentes de celles de l’an passé. Pour preuve, les opérateurs portuaires dunkerquois ont déjà fait savoir qu’ils étaient prêts à expédier de la marchandise vers la Russie. Du côté du bassin méditerranéen, les Algériens seraient également demandeurs d’une marchandise de qualité… Mais le manque de précipitations de septembre dernier a retardé les arrachages. « Notre stock actuel est très limité, a expliqué un négociant du Nord. A cette époque-ci de l’année, les arracheuses devraient tourner à plein régime ! »
« Pas la peine d’arracher dans ces conditions. On risque de nuire à la qualité des tubercules », a indiqué de son côté un responsable de l’UNPT. Le début de campagne est donc un peu tendu : peu d’offres et des incertitudes sur les rendements, en fonction des dates de plantation de ce printemps. Car une fois n’est pas coutume : ceux qui ont planté tôt devraient être récompensés en termes de productivité.
2012-2013 devrait donc être beaucoup plus dynamique. Le NEPG prévoit une baisse de 14,5 % des tonnages (cf. fld hebdo du 18 septembre 2012) et une baisse moyenne des surfaces de 6,5 %, notamment en Belgique et en Allemagne.
Paradoxalement, les surfaces françaises sont stables. Les producteurs ne seraient pas enclins à se défaire de leur place de leaders à un moment où des surfaces traditionnellement consacrées à l’endive en Nord-Picardie ont sûrement dû être reconverties en pommes de terre. On doit sûrement en retrouver dans les 1 200 ha d’endives perdus depuis quatre ans dans cette région…
« Et ceux qui investissent dans la pomme de terre, ne quitteront plus le secteur ! », concluait un opérateur.