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Pomme de terre
Un tournant crucial pour la filière

De gros dossiers restent toujours ouverts comme ceux de l'autoproduction de plants ou de l'exportation. Côté aval, on attend avec beaucoup d'intérêt la réorganisation de Noralliance Légumes.

Les années se suivent… mais ne se ressemblent jamais. Les opérateurs de la pomme de terre le savent. Ils doivent toujours prendre en compte ces variables qui font qu'une campagne qui débute n'a jamais le même profil que la précédente. Car pomme de terre rime toujours avec fluctuations et variations, avec impromptu, exceptionnel, voire inattendu. Ceux qui travaillent dans ce secteur le savent bien et s'ils ne l'ont pas quitté, c'est bien parce qu'ils aiment travailler avec cette dose d'adrénaline permanente. La campagne qui s'ouvre ne déroge pas à la règle. On serait tenté de penser que le phénomène est régulier. Certains ont essayé de s'introduire dans le milieu sans en respecter les codes et les règles, sans en connaître parfaitement les rouages : ils ont affronté d'énormes difficultés !

Même si les arrachages ne sont pas terminés, notamment en Flandre, on peut donc déjà affirmer que la campagne 2013-2014 sera probablement différente de celle de l'an passé. On ne devrait pas voir de champs inondés, comme ceux que Stéphane Le Foll a eu l'occasion d'observer en novembre 2012. Des exploitants de Flandre y avaient perdu tout ou partie de leur récolte, d'autres – le cas est excessivement rare – ont récolté certaines parcelles en avril.

Equilibre offre-demande

L'Allemagne pourrait avoir la récolte la plus faible de son histoire.

La Grande-Bretagne, principale victime de ces intempéries qui ont touché la Flandre française, a permis de maintenir le niveau de nos exportations à un niveau acceptable. Ce ne sera pas le cas cette année où les Anglais s'attendent à une récolte normale. En revanche, la situation devrait être différente outre-Rhin où les producteurs sont inquiets. De son côté, le groupe des producteurs de pommes de terre du Nord-Ouest européen (NEPG) vient d'estimer que l'Allemagne pourrait avoir « la récolte la plus faible de son histoire ». De quoi rééquilibrer un marché que l'on prédisait fortement excédentaire en début d'été. Il n'en demeure pas moins que de telles informations sont à prendre avec beaucoup de précautions, surtout en début de campagne.

Belges et Français se positionnent. D'après le NEPG, ce sont les seuls pays qui ne souffrent pas fondamentalement des caprices de la météo.

En Nord-Picardie, on garde le silence sur la récolte à venir en réaffirmant que « tant que les pommes de terre ne sont pas dans le hangar, on ne peut se prononcer valablement »… Mais le silence des opérateurs et l'évolution du marché à terme sont autant d'indications. En France, ils sont nombreux à parier sur un équilibre offre-demande et un bon déroulement de campagne, d'autant que la qualité est au rendez-vous.

La consolidation durable des exportations

Cet optimisme modéré ne doit pas faire oublier les gros dossiers en attente. Il y a d'abord l'urgence : le marché russe est toujours fermé aux importations européennes depuis le 1er juillet. Le ministère de l'Agriculture a été saisi de ce dossier dont il a été beaucoup question au World Food de Moscou. Les opérateurs russes, qui manquent de marchandises pour alimenter leur marché, font pression de leur côté sur les autorités russes.

Autre dossier franco-français qui n'avance pas : l'autoproduction de plants fermiers sur lequel les familles professionnelles n'arrivent pas à trouver d'accords depuis le vote sur l'obtention végétale en novembre 2011. Ce dernier autorise la production de semences de ferme de variétés protégées sous réserve d'une rémunération de l'obtenteur. Les familles négocient depuis près de deux ans dans le cadre de la section pommes de terre du Gnis sans avoir actuellement abouti.

La consolidation durable de nos exportations figure également parmi les priorités du secteur. Le bilan 2012-2013 l'a une nouvelle fois démontré : nos courants traditionnels vers l'Espagne et l'Italie s'affaissent régulièrement depuis quatre-cinq ans.

La crise, la pénétration plus grande des produits transformés, une concurrence accrue des Allemands sur l'Italie fragilisent nos débouchés historiques. C'est ainsi qu'en l'espace de quatre ans, les exportations françaises vers l'Espagne sont passées de 664 500 à 444 500 t et celles vers l'Italie de 366 400 à 265 700 t.

Quant aux pays de l'Est, les chiffres de ces quatre dernières campagnes ne traduisent pas une augmentation des courants exports stables et durables de pommes de terre de conservation. Alors que dans le même temps, un industriel comme McCain affiche un taux de croissance de 30 % en Russie. « Nous arrivons à peine à faire face à la demande », a expliqué Jean Bernou, CEO de McCain Europe Continentale à fld hebdo (cf. parution du 2 octobre).

McCain pèse 2 Mt en Europe

Côté industriels de la transformation, des négociants voire des obtenteurs, les dernières années ont aussi souligné l'attrait avide des opérateurs pour la production du grand bassin Nord-Picardie à l'image de Terre de France qui vient de démarrer un centre de conditionnement à Athies (Somme). Et c'est sans compter sur les surfaces cultivées dans ce terroir, favorable à la production de pommes de terre et jusqu'à présent indemne de maladies, que se disputent jalousement les obtenteurs néerlandais.

Les transformateurs européens ont aussi soif de matières premières. Des opérateurs belges n'hésitent pas à aller jusque dans le Santerre pour garantir leurs approvisionnements. De son côté, McCain affiche sa priorité : réduire au maximum les fluctuations de prix et avoir de la visibilité à terme, ne serait-ce que pour répondre à son client McDonald's. Il souhaite développer au maximum les contrats pluriannuels. Une stratégie qui le met dans une position singulière par rapport à celle de ses concurrents européens.

D'ailleurs, après le rachat des deux sites industriels du belge Lutosa en mai 2013, il sera intéressant d'observer la politique d'approvisionnement de l'industriel qui transforme désormais en Europe plus de 2 millions de tonnes de tubercules.

Des changements dans les OPA

Par ailleurs, cette nouvelle campagne devrait lever un coin du voile sur la stratégie du nouveau proprié-taire de Lunor et de Pom'Alliance. La coopérative Cap Seine devrait faire approuver à ses adhérents la réorganisation de cette nouvelle branche pommes de terre acquise en avril 2013. En créant Noralliance Légumes, le vingtième groupe coopératif français implanté à Rouen est devenu le leader français des négociants en pomme de terre devant Terre de France (groupe Agrial) et Parmentine (groupe Champart). Enfin, 2014 devrait marquer d'importants changements dans les organisations professionnelles. D'ores et déjà, Jean-Charles Quillet quitte la présidence du Comité Nord Plant (70 à 80 % des plants français). Jean-François Roussel, producteur dans le Pas-de-Calais, devrait lui succéder. Puis, quelques mois plus tard, devraient intervenir de nouveaux changements à la tête du CNIPT et de l'UNPT.

Décidément, 2014 devrait être une année charnière pour le secteur pommes de terre français.

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