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Avis d'expert
« Un signe de qualité peut être un accélérateur de vente »

Alexandra Ognov, responsable du pôle “Produits agricoles et agroalimentaires” pour les AOP et les IGP à l'Inao, dresse pour fld l'état des lieux des fruits et légumes, un secteur modeste face aux mastodontes des produits laitiers et des vins.

FLD : Que représentent aujourd'hui les f&l dans le panorama des produits sous signes de qualité... ?

ALEXANDRA OGNOV : Sur le domaine dont j'ai la charge [AOP et IGP, ndlr], l'offre en f&l est tirée par trois locomotives : la clémentine de Corse, le pruneau d'Agen et la noix de Grenoble. En fait, nous constatons qu'en termes de volumes, les résultats peuvent être très variables. En termes de parts de marché, il existe une grande disparité d'un produit à l'autre. Certains produits sont très présents comme la lentille Siqo qui représente plus de 50 % des ventes de ce légume sec. D'autres sont plus discrets : le raisin ne dépasse pas 10 % en PDM. En termes de répartition géographique, cela dépend du produit concerné mais, d'une manière générale, elle reflète la production nationale : beaucoup de signes dans la grande vallée du Rhône et le Sud-Ouest, un peu en Bretagne...

« En regard de filières comme les produits laitiers ou le vin, les fruits et légumes sont modestes en nombre. Il y a certainement matière à travailler et montrer l'intérêt de la démarche, ne serait-ce qu'au niveau de la structuration d'une filière. »

FLD : Est-ce que, pour ces produits, l'équation “qualité différenciée = prix différencié” en distribution, se confirme ?

A. O. : La qualité entraîne un différentiel de prix qui peut être néanmoins variable selon le produit. La Commission européenne a publié il y a quelques années une étude sur la valorisation des Siqo qui a montré que l'élément explicatif d'une meilleure valeur ajoutée des produits sous signes de qualité était en effet leur caractère distinctif. Celui-ci leur permet de se positionner en face d'autres catégories de produits. Un Siqo peut-il être alors un accélérateur de vente ? Je dirais oui quand les conditions d'accès au marché sont assurées. Par exemple, la GMS peut avoir des demandes très fortes, pour ne pas dire des exigences pour avoir certains fruits en linéaires comme la mirabelle de Lorraine ou la noix de Grenoble.

FLD : Pour les f&l, les démarches de la distribution ou les accords interprofessionnels qui règlent des aspects qualitatifs entre familles professionnelles viennent-ils troubler l'image du produit de qualité ?

A. O. : Pour ce qui est des démarches GMS, ce qui vaut d'une manière générale vaut pour les f&l : il n'y a pas de problème tant qu'elles ne viennent pas brouiller la promesse faite aux consommateurs par les produits Siqo, fondée sur un cahier des charges précis et validé. En ce qui concerne les accords interprofessionnels, il n'y a pas d'incompatibilité dans la mesure où ils abordent des aspects réglementaires (calibre...). Mais, cela n'exclut pas la vigilance dans certaines définitions données dans les accords, sur la catégorie par exemple.

FLD : La recherche appliquée aux f&l a-t-elle une influence sur les signes de qualité ?

A. O. : Il est en effet nécessaire d'étudier si la recherche appliquée aux f&l peut être bonne ou mau-vaise pour les signes de qualité. Il ne faudrait pas que la recherche variétale, orientée aujourd'hui essentiellement sur la résistance aux maladies, se fasse au détriment de variétés plus anciennes, rustiques et de leurs qualités organoleptiques. Les échanges que nous avons déjà pourraient être développés. Nous avons au sein de l'Inao un comité transversal dédié aux sujets scientifiques et techniques. En tout cas, l'Institut prend de plus en plus en compte le sujet.

FLD : Enfin, pensez-vous qu'il y a suffisamment de f&l sous signes de qualité aujourd'hui ?

A. O. : En regard de filières comme les produits laitiers ou le vin, les f&l sont modestes en nombre. Il y a certainement matière à travailler et montrer l'intérêt de la démarche, ne serait-ce qu'au niveau de la structuration d'une filière. Mais, il faut toujours garder en tête qu'il s'agit toujours d'un mouvement collectif et que tout vient d'une volonté d'un groupe de producteurs.

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