Filière bio
Un second souffle pour la pomme de terre bio française ?
Encore marginale, la production française de pommes de terre bio se développe au rythme de 200 ha supplémentaires chaque année. La consommation suivra-t-elle ?
Les chiffres sont là : la pomme de terre bio se développe en France, notamment en Bretagne, Nord-Pas-de-Calais et Centre (45 % de la superficie française). Selon le CNIPT, ce sont quelque 200 ha qui viennent grossir chaque année les surfaces françaises dans une filière où quatre opérateurs commerciaux commercialisent 60 % de la production française (1). La France est encore loin des champions allemands, tant en termes de production que de consommation. Et il faut relativiser cette hausse continue des surfaces : ils ne représentaient en France que 1 600 ha en 2011, soit 1,5 % de la SAU française. Lors de la dernière campagne, des tubercules bio n’ont pas trouvé preneur, expliquait un intervenant à l’occasion d’une journée consacrée à cette production en Picardie. De quoi interpeller l’interprofession qui a commandé une étude au cabinet AND International sur les évolutions de production et de consommation sur les cinq prochaines années. Selon les hypothèses (rendements, hausse des surfaces, consommation), l’équilibre constaté aujourd’hui pourrait très vite basculer et provoquer des excédents. C’est une des mises en garde de l’étude : de nouveaux producteurs peuvent se lancer à condition qu’ils maîtrisent leurs débouchés. La Picardie en est l’illustration parfaite : longtemps en dernière place des régions en superficie, elle rattrape son retard depuis 2010. La structuration de la filière en aval explique un tel sursaut, en céréales et en légumes de plein champ (betteraves rouges, endives). Mais en pommes de terre un tel développement peut être obéré par des niveaux de prix excessifs en rayon. « On n’est plus sur des prix décents ! », expliquait Michel Dupuis, gérant des Biocoop de Montdidier et de Soissons où il commercialise 4 t/an de tubercules bio. Pour lui, cette production ne pourra se développer que si le différentiel de prix avec le conventionnel reste « raisonnable ».
(1) SCIC Douar Den (Côtes-d’Armor), des coopératives Norabio et Axéréal Bio et la Ferme de la Motte à Talcy (Loir-et-Cher).