Paca
Un schéma compliqué en Provence
La région Provence-Alpes-Côte d'Azur est en panne d'initiatives publiques pour la gestion du dernier kilomètre. Face aux contraintes réglementaires, les solutions passent par des stratégies privées.
D'une manière générale, la logistique urbaine est de plus en plus compliquée, de plus en plus onéreuse et de plus en plus désorganisée », indique Isabelle Bardin, directrice du cluster Paca logistique. C'est le cas en Paca (seule Marseille Métropole a un service dédié à la logistique urbaine) où les initiatives sont peu nombreuses. S'ajoute à cela la multiplicité des intervenants, des compétences et des attributions éparses, le manque de financement ou l'absence de portage politique. « L'idée est de massifier les flux aux entrées des villes et de rapprocher les entrepôts et les messageries – qui reculent de 300 m chaque année – des activités économiques. Mais les 10 à 15 km qui les séparent des centres-villes rendent compliqué l'usage de véhicules électriques », poursuit la directrice.
Moins de problèmes pour livrer la restauration collective A défaut de solutions collectives, qui devraient être fondées sur un partenariat public/privé, chacun y va de sa propre solution. C'est le cas de Canavèse qui dessert des villes comme Marseille, Nice, Cannes, etc., dont le cœur est surchargé. « Nous adaptons progressivement notre filiale intégrée de transport SLTP dédiée aux fruits et légumes aux nouvelles contraintes, explique Bruno Durand, directeur logistique et transport du groupe. Mais en raison de l'absence de schéma logistique complet des villes nous manquons de lisibilité. »
C'est l'approvisionnement de la restauration collective qui pose le moins de problèmes. « Les gros volumes sont destinés à des hôpitaux, des entreprises, des cantines scolaires qui généralement sont excentrés. Ça se complique en revanche pour les restaurants du centre-ville, les zones piétonnes où les magasins de proximité progressent. Nous ne pouvons négliger ces zones d'activité économique qui se densifient. »
Adapter les véhicules Cela suppose donc une multiplication des livraisons. « Nous nous sommes équipés de véhicules plus petits mais plus hauts pour assurer des rotations toute la journée. L'utilisation de véhi-cules électriques n'est pas envisageable car ils sont chers et faibles en autonomie, l'essentiel des livraisons se faisant depuis Aubagne. » Dans Marseille, il n'y a pas de zones de livraison et le peu de places dédiées aux transporteurs sont souvent occupées par les automobilistes. Les livraisons nocturnes présentent un réel intérêt, mais les nuisances sonores sont un frein.
Le pic d'activité se situe entre 6h30 et 7h, ce qui a amené Canavèse à se doter d'un parc de véhicules proportionnel. « Il faut aller vite car nos clients attendent les fruits et légumes du jour pour garnir leurs étals. Ce ne sont pas toujours de grosses quantités, c'est pourquoi nous réfléchissons avec certains d'entre eux à une modification de fréquences journalières : il s'agirait d'augmenter les volumes pour parvenir à une fréquence de livraison plus étalée mais, là encore, ça ne peut concerner que les magasins dotés de capacités en froid suffisantes, ce qui n'est pas toujours le cas en centre-ville. »
La mutualisation des volumes, Bruno Durand n'y pense pas : « C'est un sujet délicat et compliqué pour un secteur comme les fruits et légumes très concurrentiel. Nous complétons parfois nos camions avec des produits d'épicerie et nous réfléchissons à la sous-traitance sur les circuits où nous sommes le moins performants. »
Vers un service de stockage sur le Min des Arnavaux ?
Directeur du Min des Arnavaux, Jean-François Gra suit de près l'évolution de la logistique urbaine. « Nous sommes dans une société de services et bientôt les clients ne se déplaceront plus ». Certains des grossistes des Arnavaux l'ont compris et se sont équipés de véhicules plus légers pour servir le centre-ville. Cela démontre que le Min, situé aux portes de la ville, peut jouer le rôle de plate-forme de groupage et d'éclatement. « Nous travaillons en flux tendus et le besoin de stockage en froid va se faire sentir. Je songe à créer de nouvelles installations pour proposer, si j'ai les autorisations nécessaires, ce nouveau service car l'avenir est au stockage. »