Conjoncture
Un répit pour la filière
Les fortes températures de l'été ont un double effet : elles ont favorisé la consommation et offert des produits de bonne qualité. Mais la vigilance demeure.
La hausse du mercure ces dernières semaines a permis de booster les ventes de fruits et légumes. Avec des fortunes diverses, certes mais après plusieurs étés difficiles, c'est un peu de baume au cœur des producteurs.
« Cette année, la base de prix est correcte et les perspectives sont bonnes. Nous avons peu de report de stocks », explique Raphaël Martinez, directeur de l'AOPn Pêches, nectarines et abricots. Les volumes, raisonnables en catégorie A, permettent une bonne flui-dité des prix. En revanche, en B, la pression des autres origines européennes se fait sentir. « Il faut dire aussi que les relations avec la grande distribution française sont bonnes, poursuit Raphaël Martinez. Bien sûr ce ne sont pas des enfants de cœur mais les enseignes ont joué le jeu de l'origine France. L'essentiel est dans ce dialogue entre la GMS et l'organisa-tion économique et les grandes entreprises du secteur. Cela génère de la confiance et celle-ci est indispensable pour éviter la destruction de valeur sur nos produits. »
Embellie pour les crudités
La consommation des crudités a connu une belle embellie aussi, mais pour Jacques Rouchaussé, président de Légumes de France, il faut rester prudent : « Pour la tomate et le concombre, cela ne se passe pas trop mal. La situation est plus délicate en melon. Nous sommes en deçà des cours moyens. Le basculement entre l'Espagne et la France a été tardif. Il faut aussi reconnaître que la production française est plus importante qu'en 2014. »
« Patriotisme alimentaire »
Il n'est pas question de baisser la garde. La semaine dernière, des échanges ont eut lieu avec la GMS. « Nous voyons arriver des tomates en provenance de Belgique et de Hollande pour des promotions prévues depuis huit semaines », précise Jacques Rouchaussé en ajoutant : « Comme il n'est pas possible de transposer en France le modèle agricole allemand, il faut trouver autre chose. Je défends l'idée d'une contractualisation d'un tiers de sa production. Mais, surtout, je prône la mise en place d'un vrai patriotisme alimentaire. »
« Pour le concombre et la tomate, cela se passe plutôt bien. La situation est plus déclicate pour le melon ».
Celui-ci pourrait commencer dans les cuisines des lieux de pouvoir dans notre pays. Rue de Varenne, les légumes frais sont à 100 % français et fruits frais à 70 %. Au Sénat, fruits et légumes sont hexagonaux à 70 %. Le restaurant des députés sert des fruits et légumes quasi-exclusivement du Lot-et-Garonne. A l'Elysée, on indique que « la saison et les prix pratiqués au moment de l'achat sont plus déterminants que la provenance ». Il reste encore du travail...