Agriculture biologique
Un rapport de l'Inra sur le bio conduit 128 chercheurs et la Fnab à se révolter
Pour la Fnab, « la sérénité des débats au Salon de l'agriculture ne peut être assurée ».
La polémique fait rage autour du rapport “Analyse des performances de l'agriculture biologique”, réalisé par l'Inra pour le Commissariat général à la stratégie et à la prospective. Le 20 décembre, une lettre de soixante-trois chercheurs (Inra, CNRS, Inserm...) demandait au directeur de l'Inra le retrait de l'étude, en soulignant de nombreux points sujets à débat. Contactée par fld, une des personnes signataires, qui a souhaité rester anonyme, souligne : « Notre critique est de nature scientifique. Cette étude a été réalisée sans doute trop rapidement, par des gens dont, pour la plupart, le bio n'est pas du tout le domaine de recherche principal, elle manque de rigueur scientifique et formule des recommandations sans fondement. Elle ne mérite pas de porter le nom de l'Inra, qui lui donne une caution scientifique injustifiée. » Jean-François Launay, directeur de la communication de l'Inra, rétorque : « Nous avons répondu point par point aux différents arguments dans une lettre du 14 janvier. Les résultats de notre étude ne sont sans doute pas parfaits, car l'agriculture bio est une discipline récente au regard de la conventionnelle. Mais nous sommes dans le top 5 des organismes publiant sur le bio. Nous avons donné rendez-vous aux signataires [dont le nombre est passé à 128, NDLR] pour un dialogue le 20 mars. » D'ici là, l'Inra ne retirera pas le rapport. « Ça ne sert à rien d'avoir un dialogue autour de ce rapport, qui est trop mauvais et trop orienté, répond-on côté signataires. Ce qu'il faut : retirer le rapport et repartir sur des bases saines, en mettant en place les procédures adéquates, transparentes et pluralistes, pour un débat scientifique visant à définir de vrais chantiers de recherche ambitieux sur l'agriculture bio. » La Fnab ajoute : « On a besoin de l'Inra maintenant pour expérimenter et accompagner la filière, pas pour qu'elle minimise dès le départ les impacts positifs du bio, ça n'a aucun sens ! » Elle souligne que sans le retrait du document, la « sérénité » des rencontres bio organisés par l'Inra et l'Itab aujourd'hui (26 février) sur le SIA ne peut être « assurée ».