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Loir-et-Cher - Fraise
Un nouveau sélectionneur en fraise

Depuis la saison passée, les producteurs de fraises peuvent implanter deux nouvelles variétés créées par Jocelyn Guilloteau et la SARL Guilloteau-Roudeillac en Loir-et-Cher. Résultat d’une longue passion pour ce fruit savoureux.

Avec Nicolas, le petit-fils de Jocelyn qui prépare un BTS à l’Ecole supérieure d’agriculture d’Angers, la troisième génération de la famille Guilloteau travaille la fraise à la Gaucherie à Fontaines-en-Sologne en Loir-et-Cher. Elle commercialise environ 180 t de fraises par le biais du Cadran de Sologne dont le siège est situé dans la même commune. Les fraisiculteurs produisent aussi 10 millions de plants par an qu’ils distribuent dans toute la France et même au-delà, en Belgique et surtout en Allemagne. Et depuis 2009, ils proposent aux producteurs deux variétés issues de leur propre sélection. D’abord Gustine puis Guillerette qui sont en cours d’inscription.
On ne s’improvise pas sélectionneurs de fraises par hasard. De la passion, un savoir-faire et une bonne dose d’intuition sont nécessaires pour que naisse un jour une nouvelle variété. L’engouement pour la fraise remonte aux années 60 quand Jocelyn et sa femme Danielle s’installent à la Gaucherie : « Mes grands-parents avaient une exploitation à Contres, à environ 10 km d’ici, explique-t-il. Les premières plantations remontent à 1963. Ma femme n’était pas issue du monde agricole mais savait cueillir des fraises. » Une dizaine d’années plus tard, en 1976, commence la production de plants : « Nous voulions mieux maîtriser la culture », souligne-t-il. Avec le fort développement de la fraise en 1985-1986, l’entreprise rachète une exploitation en 1988 et forme un Gaec (Groupement agricole d’exploitation en commun), afin d’accueillir Franck et Laurence, les deux enfants du couple. Ils commercialisaient déjà à ce moment-là plusieurs millions de plants, dont 9 à 10 millions uniquement pour la variété Elsanta, la référence de l’époque. Le rachat d’une troisième exploitation en 1992 permet à l’entreprise de disposer aujourd’hui de 170 ha. Ainsi 25 ha sont réservés à la pépinière de plants de fraisiers, 5 ha pour les fraises de consommation, 4 ha d’aires d’élevage des plants et 3,5 ha de fraisiers en jardins suspendus. Les surfaces restantes sont cultivées en céréales ou laissées en jachère pour le repos de la terre. Un délai de cinq ans est en général nécessaire entre deux cultures de fraises sur la même parcelle.Depuis le début des années 2000 et l’introduction de nouvelles techniques qui concernent aussi bien le plant que la production elle-même, les investissements sur l’exploitation se sont accélérés. 

De nombreux investissements ont été programmés
Comme la plupart des producteurs de plants, ils proposent aujourd’hui une gamme de produits adaptés aux différents modes de production et date d’implantation. Pour initier la floraison, le fraisier a besoin d’entrer en dormance et donc de subir un certain nombre d’heures de froid, variable selon les variétés. Afin de mieux maîtriser la montée en fleur lors de la production sous abris ou sous serres, les plants peuvent être stockés au froid. Aussi, les producteurs de plants commercialisent-ils non seulement du plant frais arraché en fin d’été à réimplanter immédiatement mais aussi ce qu’on appelle des plants frigos récoltés durant le repos végétatif, stockés en chambre froide et plantés du printemps à l’été. Ils proposent également du plant en motte qui assure un meilleur rendement en début de saison. Stocker à des températures positives ou négatives selon la période d’utilisation, ces plants mottés s’appellent des tray-plants. La culture en jardins suspendus sous abris et notamment en serres chauffées a contribué au développement de ces nouveaux types de plants qui répondent à des cahiers des charges très précis définis par la profession. En 2010, les plants frais commercialisés par la famille Guilloteau représentent moins de 1 % des plants produits. Les plants frigo remportent largement le challenge avec 73 %.
Pour satisfaire les besoins, l’entreprise a donc investi dans des aires d’élevage et des chambres froides, ce qui correspond aujourd’hui à plus de 3 ha destinés à la production de plants mottes ou tray-plants et 2 750 m3 de stockage au froid. Une nouvelle unité de 1 000 m3 est en cours de construction cette année. Parallèlement, l’exploitation, avec une aide du Conseil général, a été l’une des premières dans le secteur à installer des jardins suspendus. Les premiers ont été montés en 2000, une dernière tranche d’un hectare vient d’être construite récemment. L’investissement élevé de 15 euros/m2, soit près de 40 % plus cher qu’au début du millénaire, apporte de nombreux avantages : précocité et régularité de production et possibilité de mener la culture en PBI (protection biologique intégrée). Au total 3,5 ha sont cultivés selon ce mode de production initié il y a une quinzaine d’années par la Bretagne.

Des essais réalisés directement sur l’exploitation
L’entreprise – qui réalise aujourd’hui 2,5 millions d’euros de chiffre d’affaires – aurait pu se contenter de produire seulement des fraises et des plants. Mais c’était sans compter la rencontre avec Philippe Roudeillac, ancien sélectionneur du Ciref (Obtenteur de fraises et fruits rouges au service de la production française) et malheureusement décédé en 2008. Jocelyn Guilloteau le voit alors qu’il est lui-même président du Cadran de Sologne et membre du conseil d’administration du Ciref : « Nous avons toujours été proches, relate le producteur. Quand il décide de poursuivre la sélection de fraises suite à son départ du Ciref, nous l’accueillons tout naturellement sur notre exploitation pour qu’il puisse effectuer ses essais. Il était le cerveau, nous étions les exécutants. D’emblée, il nous avait affirmé que réaliser de nouvelles variétés à partir de Gariguette était voué à l’échec. Il s’est donc orienté vers d’autres croisements. Nous avons eu la chance que parmi les premières fécondations effectuées en 2004, cinq ou six numéros sortent du lot, dont Gustine et Guillerette. » Durant les quatre années qui ont suivi, Jocelyn Guilloteau s’est initié au savoir-faire du sélectionneur à l’origine de nombreuses variétés reconnues dont Cigaline, Ciflorette ou encore Charlotte.
Aujourd’hui, Danielle a cédé son tablier à sa fille Rachel au sein du Gaec qui est dirigé désormais par son gendre Jean-Michel Roger. Et Jocelyn transmet à son petit-fils Nicolas les acquis de la sélection obtenus grâce à Philippe Roudeillac. Un travail à plein-temps l’attend donc après son diplôme en technique végétale.

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