Midi-Pyrénées
Un melon “équitable” à la française
Pour retrouver la confiance entre producteurs, distributeurs et consommateurs, le syndicat propose aux centrales d’achat de s’engager sur un prix d’achat et un prix de vente supérieurs au cours du marché.

Le constat de Bernard Borredon, président du syndicat du Melon du Quercy IGP, est simple. « Il y a de moins en moins de producteurs et de moins en moins de surfaces cultivées, suite à trois années consécutives au cours desquelles plus de la moitié des melonniers ont été payés en dessous du coût de production, expliquait-il lors de la dernière assemblée générale du syndicat du 9 avril dernier. Le consommateur demande notre produit pour sa qualité et sa notoriété, mais nos acheteurs le banalisent comme s’il n’était qu’un produit industriel ! Nous ne sommes plus aujourd’hui dans un système commercial d’offre et de demande. Si les prix sont bas, les quantités vendues n’augmentent pas obligatoirement et s’il manque du melon, le prix n’augmente pas en conséquence. Nous sommes dans l’ère de la spéculation. Déjà début avril, certaines centrales d’achat demandent des engagements sur des prix et des volumes pour fin juin. Nous sommes toute la saison en promotion, de semaine en semaine, de week-end en week-end, avec ou sans volume. Halte à la grande braderie des fruits d’été ! »
Limiter les marges des distributeurs
Le syndicat a ainsi en projet de mettre en place “une filière plus solidaire”, calquée sur le modèle du commerce équitable Nord-Sud existant entre les pays riches et les pays pauvres. Il a présenté son projet de nouvelle démarche commerciale, baptisé “Melon du Quercy, l’esprit solidaire”, qui a pour objectif de passer une sorte de “contrat” entre les consommateurs et les producteurs du Quercy.
Dans la pratique, il a été proposé, aux centrales d’achats des grandes surfaces de s’engager à acheter le melon du Quercy IGP 20 à 30 centimes d’euro de plus que le cours du marché, mais surtout, à ne le vendre au détail que 30 à 35 centimes d’euro de plus que le melon standard.
« En effet, nous acheter notre melon de qualité plus cher que les autres, les centrales savent le faire, grâce à leurs différentes marques de distributeur, mais elles le revendent ensuite deux fois plus cher que les melons classiques, poursuit Bernard Borredon. Le client final n’achète alors que très peu de notre melon, beaucoup trop cher au détail. » Il s’agit de « retrouver la confiance entre les producteurs, les distributeurs et les consommateurs avec un vrai partage de la valeur ajoutée, sans aucun abus ».
Le syndicat a approché certains distributeurs qui seraient prêts à jouer le jeu et prépare une démarche marketing pour accompagner cette nouvelle approche du commerce. « Cet été ne sera qu’un test à petite échelle pour bien régler tous les détails indispensables », précise Bernard Borredon.
En attendant, le syndicat consacrera 30 000 € à ses prochaines opérations de communication. Des actions de relations de presse ont débuté dès le mois d’avril avec un communiqué proposant de nombreuses recettes à base de melon du Quercy. Un sponsoring météo aura lieu en août sur Sud Radio, des insertions publicitaires paraîtront dans des magazines et le syndicat participera à différentes manifestations locales et régionales, comme la SISQA (Salon de la qualité alimentaire) à Toulouse, en décembre 2010.