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Un marché porté par les vertus

Parée de mille qualités, la grenade ne bénéficie d'aucune autorisation à mettre en avant des allégations santé ou nutritionnelles. Mais le marché se développe.

Bon pour la santé, c'est OK, mais participe à la lutte contre, c'est non. Et interdit depuis 2007 par l'UE, peut-être ou vraisemblablement, comme pour d'autres fruits, à cause d'un usage immodéré et non prouvé scientifiquement au terme d'essais cliniques des bienfaits de la grenade. « Etant donné la composition moyenne de la grenade, aucune allégation nutritionnelle ou de santé ne peut être utilisée pour ce fruit », indique Aprifel, pour la seule raison qu'aucun des micronutriments (vitamines et minéraux) qui la compose n'atteint les 15 % des apports journaliers recommandés et nécessaires à un adulte type moyen. Cela n'interdit pas de diffuser une immense bibliographie sur Internet, presse féminine à médicale, jardineries et autres sites culinaires. La plupart des publications font référence à ses propriétés antioxydants et anti-inflammatoires, antivirales et antibactériennes, anti-hypertension, anti-cholestérol, anti-cancer et elle pourrait même prévenir la plaque dentaire, si elle est consommée sans sucre ! Aucune démonstration scientifique, mais ce sont toutes ses qualités supposées qui ont conquis le consommateur et sont à l'origine de la relance de la production de grenades dans le sud de la France.

Une grenadière de 10 ha Jean-Claude Perreto, installé à Domazan dans le Gard, a été le premier en France à se lancer professionnellement dans cette culture. « A la faveur de turbulences professionnelles et de l'envie de quitter la Région parisienne pour revenir dans le sud, j'ai décidé de me lancer dans un projet agricole, indique Jean-Claude Peretto. J'avais pensé aux cultures d'arganiers, d'olives, de kakis mais j'ai choisi la grenade après une étude de marché. J'ai suivi une formation technique en Espagne et en France, en me spécialisant sur le bio. Un choix par conviction personnelle mais aussi parce qu'il me paraissait incohérent d'arroser de produits phytos un fruit auquel on prête autant de vertus thérapeutiques. » Jean-Claude Peretto commande 3 500 plants avant d'avoir trouvé les terres où sera installé le verger (la grenadière) qui s'étend sur 10 ha, soit près de 8 000 arbres qui donneront en pleine capacité entre 130 et 140 t. « Il existe près de 1 200 cultivars dans le monde. J'ai choisi deux variétés dominantes, la provence (très répandue dans la région) et la mollar d'elche (qui vient d'Espagne). La première va plutôt vers la transformation car ses pépins sont durs, la seconde vers le frais car les pépins sont plus doux. » Les trois quarts de la production partent vers le frais. « Le secteur du frais est un grand enjeu. Je travaille avec des enseignes et des détaillants spécialisés bio. La période de commercialisation est très courte, de cinq à six semaines entre fin septembre et fin octobre. Nos grenades sont stickées “Grenade de France”, un atout pour nous démarquer des importations. » Avec un voisin qui a planté 5 ha de grenadiers, Jean-Claude Peretto a monté un atelier de transformation. « Nous voulions maîtriser les process. Outre la production de Guillaume Reynaud, nous transformons également les grenades de producteurs installés en Vaucluse, dans les Bouches-du-Rhône et Gard. Les bouteilles sont à la marque “La grenaderaie”, certifiée Ecocert et Vegan. Sur l'étiquette nous avons inséré les valeurs nutritionnelles de la grenade, non pas les valeurs moyennes, mais celles spécifiques à notre production après analyses. Quant aux allégations nutritionnelles ou de santé, je les laisse à la médecine, même si je suis convaincu du bien-fondé de certaines d'entre elles. »

Les qualités supposées de la grenade ont conquis le consommateur et sont à l'origine de la relance de la production de grenades dans le sud de la France.

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