International
Un marché mondial très segmenté
Les habitudes de consommation de melon sont très différentes d’un pays à l’autre. En France, le Charentais domine.

La production mondiale de melons représente près de 28 Mt. La Chine en est le premier producteur avec près de la moitié de ce volume. Néanmoins, la production chinoise est destinée au marché intérieur. La Turquie arrive en 2e position avec près de 1,7 Mt et n’est que peu tournée vers l’export. Ensuite vient l’Iran avec 1,2 Mt. Ces trois leaders n’ont qu’une place limitée dans les échanges mondiaux.
Selon Mathieu Serrurier du CTIFL, à l’origine d’une étude sur l’économie du melon, « il faut souligner le degré de diversité des melons produits à travers le monde : ronds ou ovales, brodés ou non, à la chair pouvant aller du blanc jusqu’au rouge-orangé et surtout des durées de conservation allant de moins d’une semaine à plusieurs mois. Le marché mondial du melon est donc bien segmenté en fonction des habitudes de consommation dans les différents pays. » Les Etats-Unis occupent la 4e place du classement des pays producteurs avec 1,1 Mt avec une large dominante des Cantaloup (84 %) et pour 16 % de Honeydews. La production locale n’est pas suffisante pour couvrir la consommation et les Etats-Unis importent près de 630 000 t/an, ce qui en fait le premier importateur mondial. La Russie devient un importateur de plus en plus important. Le pays a doublé ses importations en cinq ans à 140 000 t, effet de l’augmentation du pouvoir d’achat des Russes. L’Ouzbékistan et le Kazakhstan sont ses principaux fournisseurs (90 % des volumes).
Augmentation des volumes en provenance d’Amérique centrale
La production européenne s’élève à 2,3 Mt, dont 43 % sont produites en Espagne, premier pays exportateur et fournisseur de l’UE qui absorbe plus de 90 % des 360 000 t exportées. En contre-saison, le Brésil se situe au 2e rang des fournisseurs de l’UE. Les volumes importés ont doublé depuis dix ans, à 186 000 t/an destinés surtout aux Pays-Bas (34 %) au Royaume-Uni (32 %) et à l’Espagne (23 %). Les volumes en provenance d’Amérique centrale ont crû de manière importante : 89 000 t, principalement à destination des Pays-Bas (44 %) et du Royaume-Uni (28 %). Ce sont essentiellement des variétés Cantaloup, Honeydews, Galia et Canari. Si les importations du Royaume-Uni sont destinées à la consommation intérieure, en revanche les Pays-Bas ré-exportent des volumes conséquents vers les pays voisins. En dix ans, importations et exportations ont progressé de manière corollaire avec + 63 % et + 70 %. En dépit de l’absence de production, les Pays-Bas sont donc le 3e fournisseur de l’UE. La Belgique s’est spécialisée dans le ré-export de melons d’Amérique centrale et du Brésil. Avec une production de 600 000 t, l’Italie n’est que peu présente (20 000 t), tournée vers son marché intérieur. Israël dessert majoritairement la France avant et après l’été. La Turquie fournit environ 7 000 t d’un melon de type ovale, à chair orange et aux notes aromatiques de courge ou concombre (Kirkagaç) destinés principalement à la Roumanie et l’Autriche.
Le melon type Charentais remporte tous les suffrages de la France
En France, la production et la consommation sont centrées sur les variétés de type Charentais. Outre ses qualités organoleptiques appréciées, ces types de melons évoluent très rapidement, réduisant sa durée de vie après récolte. « C’est ce qui explique en grande partie le fait que l’origine France soit la plus chère de toutes celles entrant dans l’approvisionnement de l’UE (prix au stade d’importation de 1,36 € contre 0,75 €/kg en moyenne entre 2006 et 2009 toutes origines confondues) et que ses principaux clients soient ses proches voisins, la Belgique et la Suisse », souligne Mathieu Serrurier. La production française (3e au niveau européen) se situe autour de 290 000 t, réparties dans les trois grands bassins traditionnels. Depuis une vingtaine d’années, les entreprises ont développé une stratégie consistant à s’implanter dans des différents bassins et à l’étranger pour allonger leurs calendriers de production. Les grandes migrations ont d’abord eu lieu vers l’Espagne puis au Maroc et maintenant au Sénégal, en Tunisie, ou aux Antilles. « Tout cela fait que certains opérateurs français travaillant en Espagne pourraient être amenés à s’interroger sur le maintien d’une origine potentiellement prise en étau entre la fin de campagne marocaine et l’arrivée de l’origine Sud-Est », conclut Mathieu Serrurier.
(Source : CTIFL)