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The Co-operative
Un d’Artagnan en terre anglaise

Le parcours de la – future ? – cinquième plus importante enseigne britannique The Co-operative est teinté de valeurs éthiques et sociales. Dans son positionnement comme dans son approvisionnement.

Le 21 janvier, l’équivalent britannique du Conseil de la concurrence donnait son feu vert au rachat du distributeur Somerfield par son concurrent The Co-operative (The Co-op) pour la somme de 1,5 milliard de livres sterling (1,06 milliard d’euros). Si le monde de la distribution anglaise est plutôt habitué à ce genre de nouvelles, on ne s’attendait peut-être pas à un tel mouvement de la part d’un distributeur, surtout connu pour la qualité des produits et par son engagement éthique et social. Et peut-être encore moins de la part d’une entreprise qui a su conserver ses statuts coopératifs depuis plus de cent ans.

Dans le dernier rapport d’activité de l’année 2008 de The Co-operative, son directeur général Peter Marks demeurait optimiste malgré la crise économique qui laminait la consommation britannique. Il est vrai que l’enseigne entre dans la cour des grands distributeurs anglais. « Nous sommes aujourd’hui la plus importante coopérative de consommateurs dans le monde. Nous sommes aussi dans la course pour devenir le cinquième plus important distributeur britannique », soulignait-il. Avec un chiffre d’affaires “Alimentation” de 2,4 Md£ (2,5 MdE) sur le premier semestre 2008, The Co-operative a connu une progression intéressante pour les analystes. De plus les ventes ont augmenté de 5 % sur cette même période en comparaison à 2007. Symboliquement, en mai, sur une semaine d’activité, l’enseigne a franchi pour la première fois de son histoire la barre des 100 M£ (106 ME) de recettes.

A l’origine de l’esprit coopératif

Par nature, aborder l’histoire d’une coopérative, c’est remonter loin. Pour The Co-operative, l’acte fondateur se situe en 1844, avec la création de la Société des pionniers de Rochdale (Rochdale Pionniers Society-RPC), un regroupement de vingt-huit tisserands et artisans de la cité éponyme au Nord du pays. Si elle n’est pas la première coopérative en Grande-Bretagne, elle a été la première à distribuer un dividende à ses adhérents venant s’approvisionner dans le magasin d’alimentation de la RPC. En cela, la Société des pionniers de Rochdale a posé les bases des principes qui vont régir toutes les coopératives à travers le monde.

Ouvert le 21 décembre 1844, le premier magasin proposait beurre, sucre, farine, flocons d’avoine et quelques bougies. Trois mois plus tard, la gamme intégrait thé et tabac et déjà la réputation de qualité des produits vendus dans le magasin commençait à se répandre. Dix ans plus tard, la Grande-Bretagne comptait plus de mille coopératives. L’aventure se poursuit tout au long du siècle et, en 1942, c’est la Société coopérative de Londres qui sera à l’origine de l’ouverture du premier magasin en libre-service. De regroupements en unions, le tissu coopératif britannique se restructure pour arriver, en 2000, à une première grande fusion entre la Co-operative Wholesale Company et la Co-operative Retail Services qui donne naissance à The Co-operative Group. Puis en 2007, une seconde fusion avec United Co-operatives (présent dans le Yorkshire et le Nord du pays) : The Co-operative devient ainsi la plus importante coopérative au monde et peut se targuer, en 2008, de compter plus de trois millions d’adhérents.

“Produits par nous”

L’implication de la coopérative dans le monde agricole ne date pas d’hier. Le premier achat de ferme, dans le Shropshire, remonte à 1896. Son objectif : fournir les magasins en pommes de terre. Après avoir investi massivement dans le secteur laitier dans les années cinquante, les fermes de Co-op se sont focalisées sur les productions arables en 2003 en développant en particulier les fruits rouges, les petits pois, les oignons. Plus récemment, The Co-operative s’est équipé de stations d’emballages de pommes de terre et s’est diversifié dans l’utilisation de ses terres, par exemple en y implantant des éoliennes. L’ensemble des terres cultivées par la coopérative couvre 28 000 ha en Angleterre et en Ecosse.

The Co-op est ainsi la seule enseigne de distribution au Royaume-Uni à être ainsi profondément ancrée dans l’amont de la filière fruits et légumes et se trouve être la plus importante exploitation agricole du pays. La gamme aujourd’hui comprend pommes de terre (variétés Estima, Charlotte, Maris Piper mais aussi Corolle exclusivement produites pour l’enseigne), petits pois (destinés à la surgélation), oignons, brocolis, haricots, pommes, cerises, mais aussi cidre, céréales et même miel. La plus emblématique de ses productions est certainement celle de la fraise. Ainsi l’exploitation Rosemount Farm, située à Blairgowrie dans le comté du Perthshire, compte chaque année plus de 450 000 plants de fraisiers, profitant d’un terroir et d’un ensoleillement idoines. La production s’étale sur 10 ha en hors-sol et 10 ha de pleine terre, l’ensemble étant mené sous 300 tunnels plastiques. Deux variétés sont produites sur place, Elsanta et Eva.

En développant et commercialisant la marque “Grown by us” (“Produit par nous”), The Co-operative répond ainsi à la demande d’un consommateur britannique de plus en plus attaché à connaître l’origine et les conditions de production des fruits et légumes qu’il achète. D’ailleurs, l’enseigne est loin d’être novice en la matière. Elle est en effet le premier distributeur à avoir mis en linéaire des produits issus du commerce équitable (Fairtrade). Dès 2000, elle était la première à proposer des bananes équitables originaires du Ghana. Cet engagement s’est ainsi concrétisé, en février 2007, par la décision de The Co-operative de doubler ses ventes et d’arriver à approvisionner les linéaires de ses 3 000 magasins. Depuis la gamme n’a cessé de se développer : la mangue en 2001 (une “première mondiale” selon le distributeur), l’ananas du Costa Rica (en 2002), les citrons, prunes, oranges et le raisin d’Afrique du Sud (en 2007). Deux smoothies Fairtrade ont également fait leur apparition dans les linéaires.

Avec la crise économique qui s’installe durablement outre-Manche et l’intégration effective de Somerfield, The Co-operative pourrait connaître des moments plus difficiles dans les prochains mois. Cependant, son positionnement de niche et son statut sont également des garants d’une certaine stabilité. Avec quelque 800 magasins supplémentaires qui vont garnir le parc de l’enseigne et un chiffre d’affaires estimé à terme à 8 Md£ (8,5 MdE), The Co-operative devrait atteindre les 8 % de part de marché de la distribution anglaise. Un bel accomplissement pour cette entreprise centenaire.

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