Un audit allégé et politiquement correct pour les f&l
Hervé Gaymard a remis aux professionnels de la filière f&l un rapport de synthèse du précédent audit rendu début janvier. Un texte allégé, mais politiquement correct et sacceptable par tous.
C’est un audit allégé, ultra light qu’Hervé Gaymard a présenté le 28 juin dernier aux professionnels de la filière fruits et légumes. On se souvient que début janvier (Fld hebdo du 27 janvier), une première version de l’audit rédigé par Alain Berger, Pierre Portet et Jean-Claude Faudrin commençait à circuler. Puis curieusement, Hervé Gaymard a décidé qu’il fallait un “rapport de synthèse” pour que le premier texte soit “approfondi et complété”. C’est ce travail qui a été confié à Jacques Mordant (Iggref), lequel a achevé sa mission le 31 mars dernier. (Soulignons au passage que cela faisait trois mois que ce document dormait dans un tiroir du ministère).
Quant au fait que ce texte “complète et approfondisse” le rapport “Berger, et consorts”, on peut en douter. Il s’agit plutôt d’une version édulcorée du premier travail où l’auteur s’est attaché à faire d’un texte certes imparfait mais qui avait l’avantage de faire des propositions audacieuses, un document politiquement correct acceptable par tous les acteurs de la filière. Ex : quand le rapport Berger met en avant comme cause de la baisse de la consommation des F&L “la déception vis-à-vis du goût ou de la fraîcheur, ou l’incompréhension quant à certains niveaux de prix”, le “Mordant” se contente d’évoquer l’étude Sociovision qui parle de “mutations structurelles des ménages et des mœurs de consommation”. Autre exemple, sur la recherche développement, le “Berger” proposait de s’inspirer des démarches types club variétal, une allusion complètement disparue du rapport final, car sans doute d’essence trop “libérale”. Bref, tout se passe comme s’il avait été demandé à chaque famille professionnelle concernée de supprimer les passages qui lui déplaisaient (exit les lignes sur le PAV, l’entrée des représentants des consommateurs au sein des Interprofessions, etc, etc).
Difficile dans ces conditions de trouver des propositions fortes dans l’audit de synthèse. Ainsi l’interprofession est invitée à poursuivre dans la voie de la segmentation stratégique, à mettre au point des règles de base applicables aux certifications de conformité et enfin de se “rapprocher” avec l’Anifelt, un rapprochement qui “devrait être l’occasion d’intégrer l’Afidem”.
L’audit propose aussi de mettre en place un véritable outil de connaissance de la production, une disposition qui rappelle le projet d’un inventaire verger de la FNPF.
A l’issue de la présentation du rapport, le Ministre a donné rendez-vous aux professionnels début octobre pour décider de la mise en œuvre opérationnelle des propositions de l’audit.. Les professionnels, sans faire preuve d’un enthousiasme débordant, décident de jouer le jeu et de s’appuyer sur les avancées de ce rapport. A l’image de la FNPL qui réclame “une ambition politique forte” pour les fruits et légumes.
Pour consulter l’audit sur internet : http://www.agriculture.gouv.fr/spip/IMG/pdf/audit_fuits_legumes280604.p…