Tomates d’industrie : la survie de la filière, enjeu de la réforme de l’OCM
Lors de sa dernière assemblée générale, la Sonito a fait le triste constat de son déclin. Décidée à réagir, la filière se tourne vers Bruxelles.
Triste ambiance pour l’AG de la Sonito. “Nous avons décroché et ce n’est pas glorieux, a déclaré André Bernard, président de l’association interprofessionnelle. Mais ce n’est pas faute d’avoir fait des efforts. Nous sommes sous le rouleau compresseur de la concurrence mondiale et nous avons perdu du poids sur les marchés. La question est de savoir si nous allons trouver les moyens de rebondir ou accepter d’être condamnés.”
L’effondrement de la production se traduit par une nouvelle baisse des volumes (158 680 t entrées dans les usines) qui accentue la chute enregistrée depuis 1999. En sept campagnes, la production nationale a perdu près de 200 000 t. Sur la même période, le nombre de producteurs est passé de 975 à 273. De ce fait, “les apports dans les usines, souligne Pascal Lenne secrétaire général de la Sonito, régressent de manière générale et s’effondrent de plus de 35 % en Paca, disparaissent totalement en Languedoc-Roussillon, mettant un point final à l’activité du Site de Ledenon.”
Pour 2006, les prévisions de récolte font état de 120 000 t, une nouvelle perte qui va de pair avec celle de l’UE. La récolte européenne devrait se situer autour de 8,5 Mt avec une forte réduction en Italie (- 500 000 t) et surtout Espagne (-1,1 Mt) échaudée d’avoir fait exploser son seuil en 2004 et 2005 et qui le paye d’une forte réduction des aides européennes. Des aides européennes qui sont au cœur de toutes les discussions en vue de la réforme de l’OCM f&l transformés. En l’état, ces aides directes à la production sont à proscrire.
L’enjeu pour récupérer un pactole d’environ 10 ME est de trouver un nouveau mode d’attribution, afin de faire passer ces aides de la boîte orange aux boîtes bleues ou vertes. “Notre proposition est calée sur le système qui nous paraît le plus cohérent, c’est-à-dire celui adopté pour les céréales : 75 % d’aides découplées attribuées sur des références historiques et personnelles et 25 % d’aides recouplées au titre d’accompagnement de la filière. Je pense que c’est la manière la plus efficace pour permettre à ceux qui le veulent de continuer.” Cependant, le risque est que ces 25 % attisent les convoitises ou ne rejoignent la réserve nationale. “C’est le produit et les départements qui ont généré cette aide qui doivent en profiter. Je n’accepterai pas que l’on vienne proposer une DPU départementale aux producteurs de tomates.”
La Sonito s’est lancée dans une grande opération d’explications tant auprès de la Commission européenne que du ministère de l’Agriculture ou encore de la FNSEA. Sa position est soutenue par l’Anifelt. “C’est la première fois que l’Europe consulte le secteur des f&l transformés avant une réforme. C’est un point positif. Nous avons pu proposer un tronc commun pour les cinq filières que nous regroupons. Cependant, notre crainte est que la Commission ait déjà tracé un cadre qui ne va pas dans le sens de nos propositions.” A savoir un découplage total des aides. “Ce serait la fin de la filière tomates d’industrie française”, déplore André Bernard.