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Tester et classer les variétés

Dans les stations expérimentales, des tests sont réalisés pour classer les variétés selon leur comportement à la fusariose et aux autres problèmes sanitaires.

Pour les stations expérimentales, les résistances sont un critère important d'évaluation des variétés. « Le levier variétal est important dans la gestion de certains problèmes, notamment la fusariose, note Jean-Michel Lhote, de l'Acpel. Actuellement, peu de variétés IR Fom 1-2 ont toutes les caractéristiques nécessaires en termes de comportement au champ, aspect du fruit, qualités internes… Mais la situation progresse beaucoup depuis deux ans ». Depuis 2010, l'Acpel travaille donc à la fois sur le comportement technique et qualitatif des variétés en parcelle non à risque fusariose, et sur leur comportement à la fusariose en parcelle à risque fusariose. Le comportement à la fusariose des variétés déclarées IR Fom 1-2 est évalué par rapport à Lunasol et Manta. Celui des variétés « de référence » non IR Fom 1-2 est évalué entre très sensible et « juste » sensible. « L’objectif est de proposer aux producteurs des variétés techniquement et commercialement intéressantes avec une échelle de comportement à la fusariose », précise Jean-Michel Lhote. Dans la fiche variétale Centre-Ouest, toutes les variétés sont ainsi classées dans une colonne spécifique fusariose. Les variétés IR Fom 1-2 sont classées en résistance intermédiaire proches de Lunasol, résistance intermédiaire moyenne et résistance intermédiaire forte. Les variétés non IR Fom 1-2 sont classées en très sensibles à la fusariose, moyennement sensible et sensible. Au CEHM, les variétés proposées par les semenciers sont également testées depuis 2013 sur des parcelles infestées de fusariose pour évaluer leur comportement à la maladie. « Avant de préconiser une variété, nous observons son comportement en parcelle infestée par rapport à Hugo, témoin sensible, Lunasol et Manta », précise Lucille Guigal, du CEHM/SudExpé. Dans le Sud-ouest, le Cefel fait des observations de variétés commerciales cultivées chez des producteurs, sur des parcelles a priori fusariées. Les variétés sont comparées à Hugo, Lunasol et Manta. Les observations font l'objet d'un compte rendu et servent pour les préconisations variétales.

Observations pour l'oïdium et les autres maladies

Dans le Sud-ouest, les ressources génétiques de l'Inra sont testées pour l'oïdium sur les sites du Cefel et d'Invenio. « Une quinzaine de ces accessions sont testées chaque année, ce qui donne des indications sur les races d'oïdium présentes dans la région et sur le potentiel de résistance de l'accession », précise Henry Clerc, d'Invenio. Les accessions sont aussi testées au Cefel par rapport à la cladosporiose. Et à l'Acpel, des essais sont menés sur la bactériose et le sclerotinia, pour lesquelles il n'y a pas de résistance mais pour lesquelles des différences de comportement entre variétés sont observées. « Les comportements peuvent varier beaucoup selon l'année mais cela permet de donner des tendances, entre très sensibles et moins sensibles », précise Jean-Michel Lhote.

De plus en plus de variétés résistantes

Les priorités des producteurs varient selon les bassins, le créneau et le fait d’être en production conventionnelle ou en bio. En Centre-ouest et Sud-ouest, la priorité est la résistance ou du moins un bon comportement à la fusariose. « La recherche de terres neuves amène les structures à s’éloigner de plus en plus de leur siège, ce qui n’est pas évident, remarque David Bouvard, de l’Acpel. L’obtention d’un rendement correct est primordiale pour assurer un revenu. S’il y a un risque fusariose, le producteur choisit une variété très résistante comme Fortal pour le plein champ. Mais si le risque n’est pas très élevé, il peut préférer une variété à fort rendement ayant un bon comportement à la fusariose comme Pendragon ».

La résistance au puceron est également importante en bio et pour les productions sous chenilles où il n’est pas possible d’intervenir. « Mais sur le créneau précoce, il y a un manque de variétés avec un bon comportement au puceron et aux autres problèmes comme le sclérotinia et la bactériose », note Jean-Michel Lhote. La résistance à l’oïdium est également importante dans le Sud-ouest sur la période mi-août à fin septembre. Dans le Sud-est, la résistance ou du moins un bon comportement à la fusariose reste aussi le premier critère de choix. Mais la résistance au puceron est également essentielle. « Dans la région, cette résistance est indispensable sur tous les créneaux pour réduire la pression, le coût de la protection et répondre à Ecophyto et aux attentes des consommateurs, estime Catherine Taussig, de l’Aprel. Dans nos préconisations 2017, seules deux variétés conseillées sont IR Ag. Mais plusieurs variétés alternatives et les sept variétés à essayer le sont, ce qui montre que les semenciers proposent de plus en plus de variétés résistantes ». La résistance à l’oïdium est également importante dans le Sud-est. « Mais il y a encore très peu de variétés résistantes à la race Px 3-5 », note l’expérimentatrice.

Oïdium, nouvelle race ou contournement ?

En 2016, plusieurs régions notamment dans le Sud-est ont eu de gros problèmes d’oïdium. La maladie est apparue tôt et a été importante en saison. Et des manques d’efficacité du Takumi ont été constatés par de nombreux producteurs. « Le Takumi est un produit préventif très efficace, souligne Lucille Guigal, CEHM. Mais les producteurs l’utilisent aussi en curatif. Or cette utilisation favorise la sélection des souches résistantes. La perte d’efficacité de produits préventifs utilisés en curatif est régulièrement constatée. Mais pour le Takumi, cela s’est produit après seulement trois années d’utilisation ». En début de saison, les symptômes ont été un peu atypiques. Il y a eu de l’oïdium sous chenilles, ce qui est peu fréquent. Et les symptômes sont d’abord apparus à la face supérieure des feuilles et sur les tiges, alors que classiquement ils apparaissent d’abord à la face inférieure puis à la face supérieure. En cours de saison, les symptômes ont été plus classiques. Des analyses sont en cours pour savoir si cet oïdium est lié aux races connues ou s’il s’agit d’une nouvelle race. Selon les premiers résultats de l’Inra, il s’agirait des races classiques.

NATHALIE BOISSOT, Inra d’Avignon

Un clone de puceron préoccupant

« Depuis deux ans, des colonies de pucerons sont régulièrement observées sur des variétés dotées du gène Vat. Grâce aux outils moléculaires, nous avons vu que toutes ces colonies sont constituées du même clone, Cuc1. Parmi les pucerons, il y a plusieurs clones. Le gène Vat reste efficace sur les pucerons dans leur ensemble et il y a toujours beaucoup moins de pucerons sur les variétés IR Ag. Mais il n’est pas efficace contre la colonisation par Cuc1. Et le problème est que la fréquence de ce clone augmente. Alors qu’il y a quelques années, Cuc1 représentait moins de 10 % des populations de pucerons, il peut en représenter aujourd’hui 50 %. Ce n’est pas le clone le plus performant et en laboratoire nous arrivons à le détruire par des moyens chimiques. De plus, le gène Vat reste efficace sur la transmission des virus par ce puceron. Néanmoins, nous devons travailler pour donner aux sélectionneurs les moyens d’étendre la résistance des variétés à ce clone. Il y a d’autres sources de résistance que Vat et cela pourrait aller assez vite. Les travaux sont toutefois soumis à l’obtention de financements qui n’ont pour l’instant pas été accordés. »

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