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Sept ans d'essais en bio

Une journée organisée par la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire a fait le tour de sept années de recherche expérimentation en bio.

© CDDL

En Pays de la Loire, 17 % des surfaces de légumes frais (1 773 ha), 23 % des légumes secs (660 ha) et 13 % des vergers (1 098 ha) étaient en bio fin 2016. Pour accompagner le développement, six programmes en maraîchage et dix en arboriculture ont été engagés depuis sept ans pour répondre aux enjeux de recherche spécifiques à la bio. Un premier axe est la diversité génétique, avec des enjeux en termes de rusticité, biodiversité, qualité et adaptation aux modes de commercialisation et de production en bio. Autre axe : le sol et la nutrition des plantes. Les apports ne pouvant se faire que sous forme organique, des travaux sont menés pour évaluer les engrais organiques et biostimulants, optimiser les apports dans le temps, développer des outils de diagnostic de la fertilité du sol, évaluer l’impact des techniques culturales sur la fertilité… Un autre axe encore est la protection des cultures, avec très peu de produits utilisables en bio et la nécessité de réduire certains produits potentiellement toxiques (cuivre) ou non sélectifs. Contre les insectes, les leviers étudiés sont le biocontrôle, la lutte biologique, la biodiversité fonctionnelle, les protections mécaniques. Contre les maladies, outre des leviers agronomiques (rotations, choix variétal, itinéraire technique), des essais sont faits sur d’autres produits naturels, le biocontrôle, les SDN, des extraits végétaux. Et contre les nuisibles, les travaux portent sur les effaroucheurs, les barrières physiques, le changement de pratiques et la gestion concertée du territoire. Enfin, un autre enjeu est la qualité, avec des contraintes liées au cahier des charges et aux modes de production et de commercialisation en bio.

Un programme de sélection participative à Bio Loire Océan

Depuis dix ans, les maraîchers de l’association Bio Loire Océan mènent un programme de sélection participative. En dix ans, 400 variétés populations de onze espèces, issues de conservatoires, artisans semenciers, réseaux amateurs…, ont été sélectionnées par les maraîchers qui ont suivi des formations à la sélection. Le programme a déjà permis de relancer plusieurs variétés, dont la carotte Violette de la Loire, la tomate cerise noire du Layon, des tomates et poivrons multicolores… Depuis 2017, un programme « Semis bio » a été engagé pour sélectionner de nouvelles variétés (tomate, carotte, poivron, aubergine, potimarron, poireau, salade d’hiver), caractériser leurs qualités nutritionnelles et organoleptiques et développer une démarche filière sur des légumes issus de semences paysannes.

Le fauchage contre les mouches mineuses du poireau

En 2015, 2016 et 2017, le Comité départemental de développement légumier (CDDL) a testé le fauchage du haut des poireaux pour lutter contre les mouches mineuses du poireau. « Phytomiza gymnostoma pondant sur le haut des feuilles, l’idée est de retirer le haut de la plante pour éliminer les larves avant qu’elles n’entrent dans le fût », précise Maëlle Depriester, du CDDL. En 2015, la fauche à 15 cm du collet a permis un assainissement quasi-complet de la parcelle mais a réduit le rendement brut de l’ordre de 40 %. En 2016, avec une faible pression mouches, les pertes de rendement pour une coupe enlevant 20 ou 30 cm de feuilles ont par contre été non significatives. Les essais 2017, en cours d’analyse, semblent montrer que la fauche ne peut être préventive, les mouches pondant même sur des poireaux coupés. Le vol d’août n’entraînant pas de dégâts, il faudrait se concentrer sur le vol de septembre. « En 2017, les dates de fauche ont été mal positionnées, précise Maëlle Depriester. L’impact sur le rendement commercial, après épluchage, sera également analysé. Mais la technique semble prometteuse ».

Des plantes relais contre les pucerons sous abri

Un essai du Groupement de développement des maraîchers (GDM) a montré que l’utilisation de plantes relais (orge) permet de réduire le nombre de pucerons des cucurbitacées sous abri. Le comptage des auxiliaires montre une bonne activité des parasitoïdes (momies d’Aphidus sp principalement) et une attractivité renforcée des prédateurs (Aphidoletes, coccinelles, syrphes). « Globalement, le nombre de pucerons sur les cucurbitacées est divisé par deux, indique Laurent Giardino, du GDM. La technique ne suffit pas mais peut être associée aux lâchers d’auxiliaires et à l’utilisation de savon noir ou de pyrèthre naturel ». Pour une plantation de concombre en avril, l’idéal est de semer d’un côté en décembre et de l’autre côté en mars et d’entretenir l’orge par de l’irrigation pour qu’elle reste verte et attractive.

Des plantes écrans contre la mouche de la carotte

Des essais menés dans le cadre du projet Agreable montrent que l’installation de plantes-écrans (chanvre) autour de parcelles de carottes réduit l’infestation par la mouche de la carotte. La bande de chanvre agit comme barrière physique et par ses odeurs répulsives. L’installation de bandes enherbées autour des parcelles pour attirer les prédateurs des mouches (staphylins, carabidés, araignées) donne également des résultats positifs à confirmer. Les essais de plantes-pièges (maïs) visant à piéger les mouches puis à détruire le maïs sont par contre décevants, l’infestation étant plus élevée avec la plante-piège que sans. Le maïs sert de refuge et le mode de destruction s’est révélé inefficace.

Quassia amara contre l’hoplocampe du pommier

Depuis 2013, la station de La Morinière teste l’utilisation d’extraits de Quassia amara contre l’hoplocampe du pommier. Les essais ont montré que l’application de Quassol (produit d’Indenia à base de quassine, substance active de Quassia amara) permet un contrôle satisfaisant du ravageur. Deux applications à 16 g/ha de quassine en pleine floraison puis à la chute des pétales abaissent le taux de fruits touchés à 5 % au lieu de 20 à 40 % sur le témoin. « La quassine semble agir comme répulsif vis-à-vis des adultes, précise Benjamin Gandubert, de la station de la Morinière. Un effet larvicide existe également mais serait très difficile à utiliser ». Une demande d’homologation est en cours et pourrait aboutir en 2018. Des essais ont également montré une certaine efficacité de la Quassine contre le puceron cendré. Ils vont se poursuivre en 2018 pour tester l’effet dose. Enfin, une thèse devrait être engagée à l’IRBI (Institut de recherche sur la biologie de l’insecte, Tours) pour mieux connaître le mode d’action de la Quassine.

Tous les résultats des essais menés en bio en Pays de la Loire depuis sept ans sont disponibles sur le site de la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire.

 

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