Crise des fruits & légumes
Sarkozy en Vaucluse, les arboriculteurs entre amertume et dépit
La rencontre d’hier 29 septembre, à Avignon, entre une délégation de producteurs de fruits et légumes de Vaucluse, des Bouches-du-Rhône, du Gard et des Pyrénées-Orientales et Christophe Malvezin, conseiller technique agriculture et pêche au cabinet du Président de la République, n’a pas convaincu.
« Christophe Malvezin n’a rien apporté de très concret, a indiqué André Bernard, président de la FDSEA 84 qui conduisait la délégation. Nous ne nous attendions pas à repartir avec un chèque. Mais nous attendions a minima des annonces de mesures immédiates et complémentaires aux aides d’urgence annoncées cet été. Néanmoins, à plus long terme, des mesures structurelles inscrites dans le cadre de la Loi de modernisation de l’agriculture pourraient aller dans le bon sens. Mais pour l’heure, le sentiment est à la déception. » « Rien pour 2009 », reprenaient en chœur Laurent Ducurtil et Jean-Louis Portal (FDSEA 30), Jean-Pierre Boisson (Chambre d’agriculture 84) ou encore Claude Rossignol et André Boulard (FDSEA et Chambre d’Agriculture 13). « Nous espérions avoir des réponses sur des mécanismes de maintien des salaires pour 2009, ajoute Laurent Ducurtil. Dans le département du Gard, nous en faisions une priorité. La semaine dernière, quinze entreprises étaient devant le Tribunal, dans l’attente d’une autorisation de poursuite de leur activité. Une nouvelle vague est annoncée pour la semaine prochaine. Ceux là n’ont pas le temps d’attendre. »
Le courrier de Nicolas Sarkozy, remis en main propre à André Bernard, n’a pas convaincu, même s’il se console : « Auparavant les négociations se situaient au niveau du Ministère, maintenant elles ont lieu à l’Elysée. C’est rassurant. Il y a six mois, personne n’accordait de crédit quand nous dénoncions les problèmes avec la distribution ou les distorsions de charges. » A ce propos, il a filtré de la réunion que les résultats de l’observatoire des prix et des marges « pourraient être explosifs pour les fruits et légumes ». D’ailleurs, Nicolas Sarkozy semble en faire une de ses priorités : « Je souhaite affirmer mon engagement, écrit-il, à faire toute la transparence sur les prix et les marges. » Le Président indique aussi son souhait d’une meilleure organisation de la production. « L’organisation économique de la filière des fruits et légumes en France n’est pas satisfaisante. En particulier la production n’est pas suffisamment regroupée pour peser correctement dans la négociation sur les prix. La loi de modernisation de l’agriculture, qui devra être déposée au Parlement avant la fin de l’année 2009, comprendra des mesures de soutien structurelles au secteur. Elle renforcera l’organisation économique des secteurs fruits et légumes et des autres filières agricoles. Je déterminerai dans les prochains jours les mesures qu’il convient de prendre pour favoriser le développement et la modernisation de notre agriculture. » Nicolas Sarkozy déplore également que « le coût du travail demeure en France plus élevé que dans les autres pays » mais ne s’attarde ni ne développe le sujet. Enfin, la phrase : « Je déterminerai dans les prochains jours les mesures nécessaires à prendre pour le développement et la modernisation de notre agriculture », laisse à penser que Nicolas Sarkozy serait enclin à prendre en main le dossier agricole. Son discours portant sur le sujet est, d’ores et déjà, attendu. Dans ce laps de temps et avant l’action nationale du 16 octobre, de nouvelles manifestations pourraient avoir lieu dans le Sud. Pour leur part, FDSEA et JA 84 seront reçus la semaine prochaine par le groupe fruits et légumes de l’Assemblée nationale et le ministère des Finances pour présenter leur « projet de réduction des charges ».