Controverse estivale
« Sans pesticide » et « Sans résidus de pesticides » font polémique
Les groupements de producteurs engagés dans les démarches « sans pesticides » ou « sans résidu de pesticides » réagissent fortement à un article de Que Choisir.
Les groupements de producteurs engagés dans les démarches « sans pesticides » ou « sans résidu de pesticides » réagissent fortement à un article de Que Choisir.
Un article paru dans le magazine Que Choisir de septembre a provoqué un vif émoi chez les producteurs de fruits et légumes engagés dans les démarches « sans pesticides » ou « sans résidu de pesticides ». Il s’appuie sur des résultats d’analyses réalisées en 2018 par la DGCCRF portant sur 94 produits portant ce type d’allégations et relève que des résidus de pesticides seraient présents dans un tiers d’entre eux (au-delà du seuil « limite de quantification »).
« Il s’agit de quelques lignes du rapport annuel de la DGCCRF sur les résidus de pesticides dans les denrées d’origine végétale, sans le moindre détail sur la nature des prélèvements puisque ces analyses concernent tous les produits végétaux, français mais aussi d’importation » explique Gilles Bertrandias, président du Collectif Nouveaux Champs. Contactée, la DGCCRF n’a pas donné suite à la sollicitation de FLD.
Des démarches très contrôlées
Pierre-Yves Jestin, président de Savéol et de l’Alliance Nature et Saveurs, ne cache pas sa surprise : « Il est navrant qu’en période de covid-19, on trouve encore un prétexte à entretenir la méfiance chez les consommateurs. Nous ne sommes pas des apprentis sorciers. Notre démarche est strictement contrôlée à l’interne et aussi par des audits externes ».
Même position pour le Collectif : « Nous pouvons apporter la preuve que tous les lots commercialisés avec notre label sont soumis à un contrôle par un laboratoire indépendant afin que la promesse soit toujours respectée » martèle Gilles Bertrandias.
Damien Sanchez, responsable marketing de Demain La Terre, précise : « Notre démarche, à travers sa Charte, vise à une baisse continuelle et pérenne des pesticides, régulièrement contrôlée par les audits menés par Demain La Terre. Mais, les critères « sans résidu de pesticide » ou « cultivé sans pesticide » sont optionnels ».
On peut avancer sans trop se tromper que s’il y avait eu problème en 2018, les répercussions se seraient déjà fait sentir. Un vide juridique existe toujours concernant ces allégations.
Faudrait-il alors légiférer ? « Je pense qu’il faut d’abord reconquérir la confiance du consommateur, ébranlée par l’agro-bashing, note Pierre-Yves Jestin, légiférer, pourquoi pas mais nous nous sommes déjà imposé des contraintes avec cette démarche, tout en gardant la possibilité de sortir du label les produits qui ne seraient pas conformes ».
Le guide d’Interfel sur l’usage des mentions « sans résidu de pesticide » ou « cultivé sans pesticide », paru début 2020, pourrait s'avérer fort utile.
L'interprofession fruits et légumes a réagi par voie de communiqué le 1er septembre.
Elle rappelle que le plan de surveillance sur les résidus de pesticides concernant les fruits et légumes frais de la DGCCRF a montré que « 98 % des fruits et légumes frais sont conformes à la règlementation. Ce résultat signifie que seuls 2 % des produits sont au-delà de la limite autorisée par rapport à la législation alors que celle-ci et notamment la réglementation française se durcit et que la pression parasitaire se renforce avec des espèces invasives ».
Interfel rappelle par ailleurs que ce taux s'inscrit dans une évolution à la baisse depuis maintenant 3 ans, prouvant ainsi la bonne maîtrise dans l'utilisation des pesticides par les producteurs.