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Bilan
Salades : une crise à l’issue incertaine

Pour de nombreux observateurs, le fait de rémunérer tous les producteurs sur la base de 30 centimes d’euro/pied n’éloignera pas le spectre d’une baisse des prix à court terme.

Lundi, il y avait énormément de très belles salades sur le Min de Châteaurenard, mais il n’y aura pas de cotations salades jusqu’à demain mercredi. Cette décision fait partie du dispositif de sortie de crise élaboré vendredi, au troisième jour de blocage du marché. Il est à souligner que ni les syndicats, ni les négociants/expéditeurs n’ont été admis à la réunion, organisée par la “base” (les producteurs) au cours de laquelle cette décision a été validée. Ce laps de temps devrait permettre de vérifier sur les bons de commande l’engagement des opérateurs commerciaux à rémunérer tous les producteurs sur la base de 0,30 ct/pied de types laitues et batavias. Néanmoins, pour de nombreux observateurs, cette mesure est artificielle et n’éloigne pas le spectre d’une nouvelle baisse des prix à très court terme. Des prix qui sont à l’origine du mécontentement des producteurs. « Les soldes ont débuté le 6 janvier pour la salade, indique Rémy Roux, coprésident de l’interprofession les Belles Salades de Provence. Depuis cette date, les laitues et les batavias nous sont payées entre 15 à 20 cts d’euros, alors qu’on les retrouve entre 0,80 et 1,20 € à la consommation. Les ventes augmentent, les prix baissent, il est temps d’inverser la situation. »

Sur le terrain, tous les moyens classiques ont été utilisés et ont abouti à une médiatisation très importante du mouvement : blocage du Min, contrôles intempestifs chez des expéditeurs, contrôles de camions, fax pour demander aux transporteurs de ne pas assurer les départs, fax aux régions en production pour stopper les coupes, etc. Autant d’actions qui ont entraîné des réactions parfois très vives ou contradictoires des instances nationales de tout bord.

Dès le 28 février, la FNPL demandait une rencontre d’urgence entre les représentants de la filière et le ministre de l’Agriculture. « C’est le ras-le-bol,a expliqué Angélique Delahaye, d’un système qui ne fonctionne plus et dont les producteurs font les frais en se contentant d’une rémunération qui n’est que la soustraction des marges des différents intermédiaires. Il est vrai que la grande distribution doit revoir ses prix de vente, mais derrière, il y a toute une cascade de responsabilités d’opérateurs. Je suis prête à travailler avec l’interprofession pour trouver de nouvelles solutions, mettre en place une nouvelle idéologie pour que les producteurs soient rémunérés correctement. Je ne suis pas sûre que le commerce y soit prêt. Néanmoins, je suis persuadée que ce qui s’est passé à Châteaurenard permettra une prise de conscience. Les producteurs de salades ont pour la première fois jeté les bases d’un nouveau rapport de forces qui devrait inciter la filière à résister. On tourne autour du pot depuis quatre ans, il est temps d’aller de l’avant. »

Les propos de Gilles Vignaud (cf. "Vignaud dénonce...") ont été moins modérés que ceux de Bernard Piton : « Réguler le robinet amont est un moyen d’organiser la raréfaction. En revanche, assécher le marché peut mettre en route une pompe aspirante pour d’autres produits et d’autres origines. » Pour sa part, la FCD a réagi par voie de communiqué le 29 : « Les distributeurs ne veulent plus être les boucs émissaires des difficultés conjoncturelles. Ils demandent que la dynamique du marché ne soit pas rompue par des difficultés d’approvisionnement qui mettraient en cause les mises en avant faites par les enseignes. Ils demandent également qu’une mise à plat de la filière soit organisée sous l’égide d’Interfel afin de clarifier ce qui se dit sur les marges, d’examiner les questions d’organisation de la production, et de fixation des prix. »

A Paris, une distribution gratuite de salades – suggérée par la FDSEA 84 – a été organisée au salon de l’Agriculture. A cette occasion, Michel Barnier s’est entretenu avec une délégation de producteurs provençaux. Il a indiqué qu’il allait demander à la DGCCRF une « enquête sur la répartition des marges » dans la filière salade. « Il n’y a pas assez de transparence, a déclaré le ministre. Les producteurs sont actuellement payés 15 centimes d’euro pour une salade vendue au consommateur 1 euro, alors qu’ils devraient recevoir 50 centimes d’euro pour leur travail ». Pour Michel Barnier, cette crise « n’est pas un problème de surproduction, c’est un problème de répartition des marges. »

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