Salade : Bussereau brandit la menace du coefficient multiplicateur
Si les grandes surfaces ne proposent pas un prix correct aux producteurs de salade, Dominique Bussereau fera appliquer le coefficient multiplicateur.
“Si les engagements de la profession n’étaient pas tenus, dès lundi, je saisirais mon collègue de l’Economie et […] nous mettrions en œuvre le coefficient multiplicateur” : en déplacement jeudi dernier dans les Bouches-du-Rhône, le ministre de l’Agriculture a, pour la première depuis la création de cet instrument, menacé d’installer le coef’ sur la salade. Les engagements auxquels le ministre fait allusion sont ceux qui avaient été pris la veille au cours d’une réunion interprofessionnelle. Bussereau renvoie clairement “la balle dans le camp des grandes surfaces”. “Ou elles sont capables de proposer un prix correct aux producteurs ou je mettrai en œuvre le coefficient multiplicateur”, a-t-il ajouté pour bien se faire comprendre. Une fermeté de ton nouvelle dans la bouche d’un ministre qui, jusqu’à présent, avait considéré que les conditions n’avaient jamais été réunies pour appliquer le coef’.
“Le coefficient multiplicateur n’a pas servi. Mais je le considère comme devant servir”, avait-il déclaré au congrès de la FNPLégumes de 2005. “La vertu du coefficient n’a de sens que si la marge est anormalement élevée”, expliquaient à l’époque les services du ministre.
Jérôme Bédier : le coef’ est à ranger au rayon des farces et attrapes
Le plus surprenant aujourd’hui, c’est que ces fameuses conditions ne semblent pas davantage réunies. “La section nationale salade ne demande pas le coefficient multiplicateur”, a déclaré lundi matin à Fld son président Bernard Gery. Pour la section salade, la grande distribution a pris, lors de la réunion interprofessionnelle évoquée plus haut, des engagements en volumes et en prix. Des opérations de promotion, du type deux salades pour un euro, sont mises en place. Mais cela n’est évidemment pas suffisant pour relancer une consommation avant tout plombée par une météo inhabituelle.
Estimant avoir joué le jeu, la grande distribution a réagi vivement aux déclarations du ministre de l’Agriculture. “Nous sommes choqués, alors même que nous travaillons pour avancer sur le sujet, qu’il y ait un discours extrêmement dur vis-à-vis de nous sur cette affaire de marge”, a déclaré Jérôme Bédier, président de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD). Pour lui, le coefficient multiplicateur “relève du rayon farces et attrapes”.
Mais la réaction est toute aussi vive du côté d’Interfel. “Il est inopportun et injustifié de vouloir chercher des boucs émissaires ailleurs, notamment en se focalisant sur les comportements d’opérateurs de l’aval de la filière, comme viennent de le faire les Pouvoirs publics”, a déclaré Gilles Vignaud. Pour le président d’Interfel “la pratique d’un ultimatum […] peut conduire à déstabiliser la filière”. Gilles Vignaud estime que “les récentes déclarations de Dominique Bussereau viennent contrecarrer la dynamique” dans laquelle est engagée Interfel.