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Assises des fruits et légumes
Retour sur la crise E.Coli : un exercice d’introspection nécessaire

A l’occasion des assises des fruits et légumes organisées le 25 octobre par Interfel, deux table rondes étaient consacrées à la crise E.Coli. La langue de bois n’était pas au programme.

Quand les officiels se lâchent
L’intérêt d’une réunion comme celle du 25 octobre, c’est qu’elle suscite des réactions. Et de ce point de vue, l’assistance n’en aura pas manqué. Lars Hoelgaard, Conseiller Hors Classe à la DG Agri, est monté au créneau, bille en tête, en répondant aux critiques sur la gestion de la crise de l’E.Coli : « La Commission Européenne a eu une réaction rapide face aux évènements, a-t-il martelé, alors lorsque j’entends ici les réactions de la production, je dis, merci bien ! ». Un peu plus tard, Frédéric Descrozaille, directeur d’Interfel, reconnaissait que « la communication de l’interprofession n’avait pas été spécialement efficace ». Quant au directeur de cabinet du ministère de l’Agriculture, Jean-Marc Bournigal, face à Lars Hoelgaard parlant du plan européen de communication en faveur des fruits et légumes, a lâché : « de la communication trois mois après les faits, c’est risible ». Ambiance.

De la crise de l’E.coli à celle de l’Euro
Pierre Diot, président de la Gefel, n’a pas été en reste, côté critiques sur la gestion de la crise de l’E.Coli : « D’un problème purement allemand, on en a fait un problème européen, a-t-il précisé, et depuis la fin mai, malgré les efforts de communication, nous n’avons pas pu récupérer. En tout cas, je tiens à préciser que la grande distribution française a joué le jeu en mettant en avant l’origine France ». Et de faire un parallèle pour le moins audacieux : « la gestion de cette crise par l’Allemagne et par l’Union européenne a été épouvantable, presque aussi épouvantable que la façon dont elles gèrent la crise financière actuelle. »

De la répartition des aides européennes
Le même Pierre Diot a fait preuve de pugnacité et de ténacité face au représentant de la DG Agri sur le dossier des aides apportées aux pays frappés par la crise de l’E.Coli : « la répartition des fonds est proprement scandaleuse. Pour les serristes, la facture a été de 70 000 euros de perte par hectare, plus de 180 000 tonnes de produits ont été détruits.  Et la France reçoit 1,6 M€ d’aides alors que la Pologne en récupère 46 M ! » Il devra plusieurs fois remonter au créneau pour avoir une réponse de Lars Hoelgaard : la répartition s’est faite sur la base des déclarations de destruction envoyées par les pays !

L’Origine France a de l’avenir
La crise laissera des traces dans l’esprit du consommateur : ce fut le message de Rémy Oudghiri, directeur du département “Tendances et consommation” chez Ipsos, qui pense que cela va accentuer certaines tendances déjà enregistrées : « Le repli vers le local, la forte valorisation des aspects de traçabilité et surtout d’origine sont déjà très présents chez le consommateur. Et nous avons été surpris de voir que le Français est prêt à payer un peu plus si on peut lui apporter la preuve de la qualité d’un aliment. » Les producteurs présents dans la salle n’ont pu qu’apprécier.

Freshfel veut plus de travail en commun
Le délégué général de Freshfel, Philippe Binard, a dressé un bilan inquiétant : pour lui, la crise printanière de l’E.Coli a été « une remise en cause de pratiquement tout ce qui constitue l’organisation commune du marché : la notion d’auto-contrôle, les démarches de qualité, tout a été balayé d’un seul coup. Un travail en commun au niveau européen est aujourd’hui indispensable. Et il faut cesser de voir en la sécurité des aliments, un élément de compétitivité. » Il faisait écho aux propos de Frédéric Rosseneu (également de Freshfel), le matin à la convention FeL Partenariat (voir page une) : « la filière doit être plus impliquée dans les prises de décisions en cas de crise comme celle de l’E.Coli, car les entreprises du secteur ont l’expertise des produits » en rappelant que plus de 5000 analyses avaient été fournies par les sociétés européennes au plus fort de la crise.

L’Anses met les choses au clair
Evidement, une structure comme l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a été aux premières loges. Mais pour son Directeur, Marc Mortureux, il faut être clair : « L’Agence n’est pas là pour rassurer, ni pour inquiéter, mais pour informer, même en disant qu’à un moment précis, on ne sait pas. » Il faisait écho à l’intervention de Louis Orenga, directeur du Centre d’information des Viandes, qui s’y connaît en matière de crises sanitaires et qui, en bon Corse d’origine, prônait la “polyphonie” dans la communication de crise : plusieurs voix, représentant les diverses composantes de la filière, pour un même message.

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