Prix GMS
Redonner de la valeur au marché
Promotions de début d'année, prix très bas... La banane souffre de dévalorisation. Mais des initiatives semblent prometteuses.



Le marché français avoisine aujourd'hui les 550 000 t de bananes, avec une certaine stabilité, voire une légère baisse. La banane reste le fruit le moins cher. « La crise économique nous a en quelque sorte rendu service car les gens se rabattent sur des produits plus économiques », explique Laurent de Meillac, producteur en Martinique et président de l'Apeb, regrettant néanmoins cette situation. Le prix est en moyenne de 1,76 €/ kg, et le bio est presque aligné sur le conventionnel. Pourquoi de tels prix pour la banane, malgré tous les soins qui doivent être apportés à chaque étape de sa production ?
Un produit d'appel dans la guerre des prix
Parce que la banane est présente toute l'année, toutes les semaines. Il n'y a pas de saisonnalité pour créer un événement. Les promotions ont donc été perçues par la grande distribution comme le moyen de dynamiser le rayon. « Nous, opérateurs, avons été absents du rayon pendant longtemps et avons laissé faire, regrette Philippe Ruelle, directeur général de l'UGPBAN. Or la grande distribution s'est laissée prendre au jeu des promotions. » Aujourd'hui, celles-ci ne servent pas pour le portemonnaie du consommateur ou pour régulariser les volumes sur le marché. Elles font l'objet de lutte entre enseignes dans la guerre des prix. « Par exemple, la banane se vend très bien en début d'année et pourtant, à cette époque, elle fait l'objet de promotions. C'est de la destruction de valeur !, dénonce Philippe Ruelle. Mais on voit pour 2016 des perspectives de revalorisation du marché, avec une volonté de l'ensemble de la filière. »
Interprofession et segmentation
L'AIB (Association interprofessionnelle de la banane) pourrait très vite être reconnue interprofession. Les statuts ont été déposés et la filière attend le retour de l'administration. Parmi les grands axes de travail : la communication générique sur les bienfaits nutrition/santé, la qualité et la logistique, avec une volonté d'harmoniser les cahiers des charges (température de conservation, couleur de mûrissage, etc.) et enfin ce dossier “relations commerciales”.
L'AIB pourrait très vite être reconnue interprofession. La segmentation se poursuit : certification (bio, équitable), modes de vente (concept banane française, vente à l'unité)...
En parallèle, la segmentation se poursuit. Le marché équitable semble prendre son envol, tandis que le bio stagne à un niveau appréciable. Certaines initiatives semblent prometteuses, comme le concept banane française. La vente à l'unité se développe. « Chez le producteur, 20 % de bananes sont jetées, explique Laurent de Meillac. Cet écart de triage s'explique en partie car les mains de bananes ne peuvent avoir moins de trois doigts. La vente à l'unité est donc intéressante. C'est une segmentation en laquelle je crois beaucoup car la RHD, demandeuse, est un segment en croissance. » Le marché, peu à peu avec toutes ces démarches, peut-il prendre un peu plus en considération la valeur de la production ?