Nord-Pas-de-Calais
Quel renouvellement des générations de maraîchers dans le Nord-Pas-de-Calais ?
Le départ massif de producteurs légumiers et de maraîchers inquiète fortement les professionnels de la filière ainsi que les techniciens chargés de l'expérimentation.
Dans la région du Nord-Pas-de-Calais, dix-neuf installations ont été aidées sur les 431 recensées entre 2011 et 2013.
Le pôle légumes Région Nord s'inquiète pour son avenir. Pas uniquement celui de la structure, quoique le CTIFL ne lui ait toujours pas donné de réponse sur le remplacement du poste d'ingénieur de la station d'expérimentation de Lorgies (Pas-de-Calais), mais surtout sur le renouvellement des générations de maraîchers des différents bassins de production du Nord-Pas-de-Calais. « Le tiers des 370 adhérents du pôle Légumes – la plupart maraîchers – arriveront à l'âge de la retraite en 2020 », explique Dominique Werbrouck, directeur de cette structure qui fédère les organismes techniques et qui n'a pas d'équivalent au Nord de Paris. Si les chiffres officiels placent la région au tout premier rang de la production légumière française, c'est grâce aux productions de petits pois, haricots verts ou carottes cultivés pour les nombreux industriels belges et français installés de part et d'autre de la frontière… Une image qui dissimule les fragilités du maraîchage régional. Car le maraîchage souffre dans cette filière qui n'a pas fait de l'organisation économique son principal atout. Secteur où l'individualisme règne en maître, où chacun essaye de trouver les voies de commercialisation qui lui conviennent le mieux et tente de défendre un prix au quotidien. Les installations aidées sont rares. Dans les deux départements, il n'y a eu seulement que 19 installations aidées en maraîchage sur 431 recensées entre 2011 et 2013. Beaucoup se font en circuit court sur quelques hectares et rien ne facilite les transmissions. Au pôle Légumes, on craint qu'après une phase de développement de la production portée notamment par l'endive et ses cadrans, on aborde une “phase de déclin”. Peu d'éléments ont joué en faveur d'une production très coûteuse en main-d'œuvre et en temps : l'éternelle question du foncier, la forte attractivité des productions végétales comme la mise à mal de l'organisation économique. Comment faire revenir des jeunes vers le maraîchage ? Comment redorer une image écornée par les guerres intestines entre OP ? Faut-il céder à la tentation des circuits courts et de la proximité ? Comment approvisionne-t-on le marché d'expédition ? Et dans ce cas, comment créer une référence prix acceptable pour tous ? Peut-on raisonnablement tabler sur une filière maraîchage forte sans organisation économique puissante ?... En tout cas pour Christian Durlin, président du pôle Légumes, « la production légumière ne doit pas se résumer à un seul schéma de distribution, mais elle doit jouer au contraire la carte de la complémentarité entre les différentes formes de commercialisation ». De son côté Olivier Maury, chef du service économique de la DRAAF, estime que pour favoriser installations et transmissions, « il faut que les producteurs comme les OP mettent les chiffres sur la table. » Les futurs sujets de réflexion ne manquent donc pas dans cette filière… qui reste toujours observée attentivement par ses voisins d'outre-Quiévrain, toujours prêts à intervenir.