Quel avenir pour l’agriculture raisonnée ?
Les 8es rencontres de l’Agriculture raisonnée ont posé la question de l’avenir de la qualification des exploitations. A ce jour, 486 fermes sont qualifiées.
A l’occasion des 8es rencontres Farre de l’Agriculture raisonnée, Marion Guillou, présidente de l’INRA a souligné qu’elle était présente pour “susciter le débat”. Suite à la sortie d’un article publié par le chercheur Isabelle Doussan du centre de recherches en droit économique de l’Inra qui analyse juridiquement le bien fondé de la qualification des exploitations en agriculture raisonnée, et la perte de l’agrément environnement pour le réseau Farre, la polémique enfle quant à l’avenir de la démarche agriculture raisonnée en France. “Le travail de ce chercheur est un travail de juriste c’est une discussion entre ce qui se réfère au règlement et ce qui est proposé au consommateur, a indiqué Marion Guillou. Comme tout article de recherche, celui-ci propose une discussion sur le sujet. Ce n’est pas un parti pris. Elle pose une question claire, à partir de quand a-t-on le droit d’utiliser ou de donner une incitation d’achat, c’est une question de fond sur ce qui relève de la réglementation et ce qui est en dehors du cadre réglementaire. Isabelle Doussan demande ainsi où se place la frontière. Ce n’est en aucun cas une prise de position.” A cela, Christiane Lambert a répondu qu’effectivement “il ne s’agissait pas d’une prise de position, mais c’est la reprise médiatique qui en a été faite qui l’a transformée en polémique. Il y a eu des raccourcis.”
Plus concrètement, Marion Guillou pose la question de l’avenir de l’Agriculture raisonnée en France. “Quelle est la cible de l’agriculture raisonnée ? le citoyen, le consommateur, la qualification des exploitations, la qualification du produit ? Comment imaginez-vous la suite de cette démarche ? J’ai quelques hypothèses à proposer. Si la réglementation européenne progresse, elle va rattraper l’agriculture raisonnée, alors souhaitez vous faire évoluer le cahier des charges agriculture raisonnée, et communiquer sur le fait que vous en faites plus que la réglementation en vigueur ? ou bien l’agriculture raisonnée devient la règle de production agricole européenne ?”
Soutien maigre du ministère
Telles sont les questions que devraient se poser le réseau Farre, selon Marion Guillou, qui ne cache pas son intérêt quant à la démarche de Farre pour faire évoluer les pratiques agricoles. “C’est une occasion de prise de passion sur l’avenir de l’agriculture, a-t-elle souligné. Quand on parle agriculture et développement durable, on parle de système intégré, c’est un réengagement fort pour la recherche agronomique, a-t-elle confirmé. Pour moi l’agriculture raisonnée est une reprise en main par le monde agricole de l’évolution.”
Enfin Dominique Bussereau, ministre de l’Agriculture, est venu souligner qu’il continuait à soutenir Farre dans sa démarche, mais n’a concédé qu’une part faible à son développement. Tout au plus a-t-il concédé le financement de panneaux indicatifs à l’entrée des exploitations qualifiées : “Ce désir me paraît fondé et de nature à justifier une participation financière du ministère de l’Agriculture. L’apposition à l’entrée des exploitations concernées d’un panneau d’un modèle national unique sera de nature à satisfaire cette exigence”, a-t-il annoncé.