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Portrait d'entreprise
Quand l'oignon devient le fruit d'un mariage

Au sein du groupe Limagrain, l'oignon est spécifiquement sélectionné par Hazera Nickerson. La station de recherche à Rilland met l'accent sur la création de variétés résistantes ou adaptées à l'export.

Le semencier Hazera Nickerson, filiale du groupe Limagrain, pèse aujourd'hui 124 M€ de chiffre d'affaires. Il est créateur de variétés potagères à destination des professionnels. Il s'est constitué après le rapprochement de Hazera Genetics, entreprise israélienne rachetée par Limagrain en 2003, et la société néerlandaise Nickerson-Zwann acquise en 1990. Toutes deux avaient déjà « de belles positions sur les marchés de semences d'oignon » et du mariage de ces deux entreprises est né un acteur mondial reconnu. « Cela n'a pas été facile de mixer deux cultures, révèle Yehuda Olshansky, directeur commercial de Hazera Nickerson, car il ne s'agissait pas d'une intégration entre pays ou même entre entreprises, mais entre personnes. Aujourd'hui, on en voit les bénéfices. » Un nouveau nom est même en cours de réflexion, d'après Daniel Chéron, directeur général de Limagrain. Hazera Nickerson consacre 3,5 M€ à la recherche sur l'oignon et a installé à Rilland (Pays-Bas) en 2010 son centre de recherche Allium. Des serres ultramodernes de plus de 15 000 m2 y côtoient laboratoires (dont un département de phytopathologie) et nouvelles infrastructures de traitement, séchage et stockage de semences.

Améliorer la qualité pour l'export

Rilland se situe dans la province de Zélande, région du Sud-Ouest des Pays-Bas mondialement connue pour la production et l'exportation des oignons. D'ailleurs 90 % des oignons néerlandais sont destinés à l'export. Pour rester compétitif, Hazera Nickerson doit donc proposer à ses clients des variétés adaptées (longueur du stockage, dormance, fermeté). Autres enjeux pour le créateur variétal : satisfaire les consommateurs en termes de couleur, de goût et de valeurs nutritionnelles, ainsi que les producteurs au niveau agronomique (rendement, résistances aux maladies, besoins en intrants). Hazera Nickerson fut le premier semencier à introduire, dès 2007, une nouvelle résistance au mildiou découverte chez la variété sauvage Allium roylei Stearn qui permet jusqu'à 40 % d'augmentation de rendement. Les sélectionneurs de Hazera Nickerson occupent les premières places mondiales pour leurs programmes de sélection de Jours Extra Long destinés au Nord de l'Europe et proposent également la variété Valentino avec une résistance intermédiaire au fusarium, ou encore la variété Dormo qui est un oignon jaune à destination de l'export et qui « devrait s'imposer au Benelux l'année prochaine avec 20 % de part de marché ». De nombreux programmes sont en cours : « Nous travaillons actuellement sur des oignons qui ne font pas pleurer. »

L'oignon, un enjeu économique

Hazera Nickerson produit au total plus de 200 t de graines d'oignon par an en Europe, aux Etats-Unis, en Israël et en Afrique du Sud. L'exploitation de Wilhelminapolder (Zélande) est le plus gros producteur d'oignons de la région. Cliente de Hazera Nickerson, elle produit ses variétés Centro et Dormo. « Les consommateurs belges ou néerlandais, principaux destinataires de nos oignons, sont très exigeants sur la qualité, explique Jan Paul van Hoven, directeur général de l'exploitation. Le choix du semencier et des variétés est donc primordial. » L'oignon est une espèce chère à produire. Outre la valeur locative des terres, l'achat des semences – à renouveler chaque année – se révèle coûteux. « Un kilo de graines (environ 250 000 unités) revient approximativement à 160 €, et il faut environ 3,8 kg de semence pour 1 ha, donc un prix de 600 €/ha », continue Jan Paul van Hoven. « Dans l'oignon, tout est gros. Ce n'est pas une culture sexy, mais elle a un énorme potentiel », confie Yehuda Olshansky. En 2013, la production mondiale d'oignons représente 65 Mt pour une valeur de 185 M€. La consommation d'oignons progresse avec l'expansion démographique et les experts estiment qu'il faudrait produire 90 Mt pour contenter toute la population en 2050. Hazera Nickerson souhaite consolider sa présence en Asie ainsi qu'en Afrique, qui « présente de nombreuses opportunités et possibilités ». Lorsqu'on sait que l'Inde, producteur mondial, n'utilise que 2 % d'hybrides mais qu'elle commence à les adopter, ces marchés émergents deviennent stratégiques pour le semencier.

L'UNION FAIT LA FORCE

Limagrain veut être présent à l'international, sur tous les marchés. Sa stratégie : racheter des entreprises. « Cela nous permet d'étendre notre couverture géographique. Nous englobons ces entreprises pour mieux comprendre leurs marchés », explique Daniel Chéron, directeur général. Le pôle Semences potagères illustre bien cette stratégie. Il se compose aujourd'hui de quatre “Business Units” qui permettent des activités diversifiées et complémentaires : Vilmorin (racheté en 1975), HM-Clause (repris en 1996), Mikado Kyowa Seed (Japon, pôle créé en 2007) et Hazera Nickerson. Avec un chiffre d'affaires de 527 M€ (30 % du chiffre d'affaires de Limagrain) et une croissance annuelle de 3 %, le pôle Semences potagères se hisse à la deuxième place mondiale « pas loin derrière Monsanto ». Derrière ce succès, des espèces dites stratégiques, tomate et oignon en tête. Ce dernier est principalement sélectionné par Hazera Nickerson et est intégré à un programme unique au sein du groupe Limagrain, ce qui permet à celui-ci de proposer les gammes les plus larges.

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