Quand l'agricole devient politique

Si, jusque-là, les notions de territoire et d'agriculture étaient marginalisées, aujourd'hui tout a changé. L'agriculture est désormais à la une dans toutes les discussions, car le monde s'est découvert affamé. Alors que Medfel s'apprête à ouvrir sa sixième édition, le Ciheam, par la voix de son secrétaire général, nous a accordé un entretien. Très basiquement, le Ciheam pourrait s'appeler un Erasmus agricole tant il brasse de cultures, de langues et d'histoire. C'est une interface entre le monde politique et le territoire Pour lui, les salons sont un bon moyen de fédérer les hommes et les projets dans un territoire. « Un salon c'est le moment de l'expertise, un lieu de discussion non académique, un temps important de valorisation territoriale. C'est un lieu où l'on discute des problèmes et l'on montre des solutions. » Si l'agriculture était exclue jusqu'à présent des réunions internationales, telles que le G20 ou le G8, elle occupe désormais toutes les discussions. Aussi, pour aborder au plus près la place d'une telle institution comme le Ciheam, nous avons voulu vous présenter ses travaux, son rôle d'apprentissage des jeunes mais aussi son brassage véritable ressource humaine représentant au plus près le bassin méditerranéen agricole. A elle seule, la Méditerranée représente 30 % des échanges mondiaux. C'est justement tout l'enjeu de cet entretien que nous avons mené à bâtons rompus avec le Ciheam, pour montrer toute l'importance de cette région. Comble du hasard, le Ciheam vient tout juste d'éditer son rapport Mediterra et l'angle choisi est le même que celui que nous avions pris pour notre dossier du mois : le transport et la logistique des produits primeurs. A ce sujet, la parole du Ciheam tombe comme un couperet : « La logistique en Méditerranée peut être qualifiée d'imparfaite, c'est une région où l'absence d'intégration pénalise la Méditerranée dans son ensemble. » Or, comme vous le découvrirez pour les fruits et légumes et tout particulièrement pour les primeurs, la logistique n'a droit à aucune erreur sinon toute la production en supporterait les désagréments et le consommateur se désengagerait dans ses achats au profit d'autres produits à meilleure conservation et cela pourrait même nuire à la consommation de fruits et légumes frais durant le reste de l'année. Une chose est sûre : les fruits et légumes ne peuvent souffrir d'une logistique aléatoire. Les relations doivent être fortes et constructives tout au long de la filière.