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Kiwi - Stratégies variétales
PSA : les producteurs doivent revoir leur copie

Les Aquitains n’ont pas attendu la remise d’un rapport scientifique fin novembre pour s’organiser devant la menace que PSA fait peser sur certaines nouvelles variétés en particulier.

En France, depuis l’arrivée du PSA (Pseudomonas syringae pv. actinidiae), on surveille les symptômes de ses attaques mais aussi la sensibilité variétale. « La problématique est mondiale. La maladie ne disparaîtra pas, il va falloir vivre avec, résume François Lafitte, le président de SCAAP Kiwifruits de France. Le kiwi est originaire de Chine, donc les parasites aussi. » Identifiée dans certaines régions de Chine mais aussi en Corée et au Japon, causant des problèmes graves en Italie ainsi qu’en Nouvelle-Zélande, la bactérie a pris des formes particulièrement graves dans ces deux derniers pays.

Menaces sur la Nouvelle-Zélande
Les Néo-Zélandais connaissent un grave développement de cette maladie qui affecte la quasi-totalité des variétés jaunes. « Même les arbres recépés sont pris par la maladie », observe Julien Pédelucq, le PDG de Sikig, de retour de la conférence annuelle de l’IKO (organisation internationale du kiwi) en Nouvelle-Zélande. La maladie semble plus modérée et maîtrisable sur le Hayward. Enfin, les plants jeunes semblent plus fragiles.
Le pays a pris le problème à bras-le-corps. Le site Internet KVH (Kiwifruit Vinehealth), régulièrement actualisé, est totalement dédié aux informations sur la maladie : géographie, prophylaxie, informations techniques, recherche, etc. Les statistiques sont actualisées. Ainsi, le 16 novembre, le site indiquait que 839 vergers – majoritairement situés dans la région phare de Te Puke – étaient porteurs de la forme virulente de PSA (PSA-V). Désormais, 78 % des surfaces plantées en kiwis sont classées en zone prioritaire. Et les vergers affichant un résultat positif de PSV-V représentent 34 % des surfaces de kiwis.
La presse néo-zélandaise se faisait l’écho, il y a quelques semaines, de risques de licenciements chez Zespri. Le directeur, Lain Jager, imputait cela à une baisse de volume attendue de 20 millions de plateaux sur la prochaine récolte, liée à des arrachages dans la région de Te Puke. On devrait en savoir plus en décembre.
Avec la même pression bactérienne, certaines variétés déclenchent le PSA plus que d’autres, explique François Lafitte : les jaunes dont Hort 16A en particulier, Jin Tao moins sensible, Summerkiwi aurait une certaine sensibilité, chez la variété Hayward elle serait moyenne à faible, quasiment nulle pour arguta. Certains évoquent un aspect technique : la présence de poils sur le dos des feuilles. Les variétés les moins sensibles viendraient de régions plutôt froides où les plantes ont dû s’adapter.

Assurer une visibilité
En tout cas, les entreprises doivent revoir leur copie en ce qui concerne le choix des variétés de diversification où elles plaçaient leurs efforts.
« Cette année, soit ça se transmet au vert et la situation devient très compliquée, soit ça se transmet aux nouvelles variétés », résume Julien Pédelucq. La situation est d’autant plus inquiétante que les marges économiques sont très limitées sur le vert (15 à 20 % des pieds tués dans un verger de kiwi vert le font passer en dessous du seuil de rentabilité).
« Avec le PSA, c’est une gageure d’assurer une visibilité dans les prochaines années », témoigne Julien Pédelucq, en cours de bilan avec son groupement de producteurs Garlanpy sur H 16 A Zespri Gold. « A part le problème de la maladie, les résultats du Gold sont exceptionnels depuis deux ans ». Ses vergers matures (six-sept ans) produisent largement plus de 40 t par hectare, à comparer avec 30 t en moyenne dans un bon verger de l’Adour et à la moyenne française de 19 t en kiwis verts. Cela représente 40 000 euros en moyenne pour le Gold, le double des résultats des très bons vergers de vert, alors qu’il n’y a pas beaucoup de surcoût. Le PSA est arrivé alors que nous étions « lancés sur une voie royale avec des projets phénoménaux. Nous avions enfin acclimaté la plante ». Sikig a misé sur une « totale réversibilité, fondamentale pour les producteurs ». Prévue en cas de problème climatologique, elle va servir pour le PSA qui a “cramé” une dizaine d’hectares de Gold sur les quatre-vingts.
L’entreprise avait prévu de planter une centaine d’hectares de HORT 16A, c’est-à-dire de Zespri Gold et prévoyait de planter une nouvelle variété de jaune en test dans ses vergers depuis trois ans.

En attendant
« Aujourd’hui, nous voulons aller vers deux ou trois nouvelles variétés mises au point avant le PSA et qui s’avèrent plus résistantes à “la maladie” que H16A, en particulier le G3, un Gold précoce », ajoute Julien Pédelucq.
La dizaine d’arbres de G3 testés a produit davantage de volumes (+ 30 %), avec des fruits de 105 g. Moins exigeante en taille d’été, cette variété permet de limiter les plaies de taille, portes d’entrée de la maladie. En Nouvelle-Zélande, elle produit jusqu’à 70 t/ha. Le fruit n’a pas la forme d’un Gold, mais cette absence de bec caractéristique le rend beaucoup moins fragile que le Zespri Gold.
A ce jour, Sikig attend le feu vert de Zespri (avant la fin de l’année) pour greffer le G3 sur les 10 ha de Zespri Gold recépés.
En attendant, il n’y a que des précautions à prendre : de la prophylaxie, en particulier dans les zones à risques. On évite de transporter des débris végétaux pour maîtriser le risque de contamination, on désinfecte systématiquement les palox (chez SCAAP Kiwifruits et chez Sikig notamment).
Autres pistes à l’étude : une désinfection par fumigation ou par ozone (chez SCAAP Kiwifruits) ou encore la mise au point de plants mycorhizés.

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