Pruneau : la filière garde la maîtrise de sa production
Le comité économique du pruneau a mis en place un système qui lui permet d’anticiper et d’atténuer les crises éventuelles. Les problèmes de la Californie ont ouvert les portes à l’exportation française.
Très organisé, le comité économique du pruneau, qui regroupe la presque totalité des 1 800 producteurs de prunes d’ente français (à l’exception de quelques producteurs bio), a su mettre en place un fonctionnement qui lui permet d’anticiper et d’atténuer les crises éventuelles. Aussi, lorsqu’elle se trouve dans un cas de figure comme aujourd’hui, où la récolte promet d’être substantielle, met-elle en marche des mécanismes qui vont lui permettre de limiter la casse. “Si la récolte atteint 60 000 t La récolte 2004 a atteint 43 885 t, avec un stock de report de 43 976 t, et celle de 2005, 45 602 t avec un stock de 26 150 t., comme nous le prévoyons, avec une majorité de petits calibres, elle sera parfaitement complémentaire des stocks qu’il devrait nous rester au 31 août, à la fin de la campagne en cours, soit 19 000 t environ, avec une très forte proportion de gros fruits, expliquait Philippe Valay Cf. Brèves page 2., président du Comité économique du pruneau, lors de son assemblée générale, vendredi 23 juin. En revanche, si la récolte dépasse ce volume, nous enclencherons notre système de références. Pour chaque producteur, nous avons calculé un “droit à produire” en prenant ses deux meilleures récoltes des cinq dernières années. Au total, on arrive à un cumul de 62 000 t. Si le tonnage global est supérieur, nous procèderons à un écrêtement, mais il ne faut pas non plus détruire trop de marchandise, car nous risquons d’en manquer les années suivantes. Il ne faut pas réguler trop vite et voir si 2007 apporte aussi une grosse récolte.”
Pas d’emballement, donc, surtout que la Californie, plus gros producteur mondial, a connu deux années de calamité, ce qui a réduit de moitié sa production et a significativement fait baisser les stocks mondiaux.
Augmentation des exportations françaises
Cela a aussi ouvert des portes à l’exportation pour la production française. Près de 33 215 t ont ainsi été exportées en 2004-2005, contre 17 397 l’année précédente (+ 86 %), et 24 500 t devraient l’être durant l’actuelle campagne. Une situation qui a permis de faire baisser les stocks français, qui seront passés de 26 250 à 18 800 t (- 28 %) à la fin août 2006, mais qui donne aussi des ailes aux producteurs d’Amérique latine. Le Chili plante, en effet, 2 000 ha chaque année, depuis trois ans, afin d’atteindre un potentiel de 20 000 ha et 120 000 t d’ici 2015, et l’Argentine lui emboîte le pas. Mais leur production est de très petit calibre et elle risque de ne pas trouver de débouché. “La seule solution pour eux sera de tailler leurs arbres, afin de produire moins en volume, mais de plus gros calibres. Ils devront donc ensuite augmenter leurs prix”, souligne Philippe Valay.
En 2006, la récolte devrait être de 135 000 t en Californie et 100 000 t sur l’Amérique du Sud. La filière française espère que la faiblesse des stocks mondiaux atténuera l’effet du retour à de grosses productions. “On ne peut pas tout prévoir, il faut suivre la conjoncture et voir comment la situation évolue, mais il faut arrêter d’avoir peur”, concluait Philippe Valay.