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Produire aux Seychelles

Cultures maraîchères et fruitières sont les fers de lance de l’agriculture seychelloise. De jeunes producteurs innovent mais la petite taille des exploitations est un frein aux investissements et à la modernisation.

Insulaires et touristes, friands de la production maraîchère locale

Les Seychellois vivant sur l’île de Mahé peuvent depuis quelques années s’approvisionner en fruits et légumes le long des routes, chez quelques agriculteurs qui ont installé des stands de vente devant leurs exploitations. Ils illustrent le renouveau de l’agriculture du pays et particulièrement des secteurs maraîchers et fruitiers, les plus adaptés au contexte insulaire et à la faible surface agricole disponible. Constituées de 115 îles granitiques et atolls coralliens posés à la surface de l’Océan Indien à plus de 1 000 km au large du Kenya, les Seychelles forment le plus petit état d’Afrique avec une superficie de 450 km2. Avec une surface agricole limitée à 650 ha, l’agriculture ne contribue que pour 1,2 à 1,3 % du PIB si l’on exclut la pêche, contre 26 % pour le tourisme, et elle n’emploie qu’un peu plus de 1 % de la population active. Cependant, elle bénéficie depuis une douzaine d’années d’un intérêt nouveau de la part des autorités qui, en 2009, ont créé l’Agence pour l’agriculture des Seychelles. Celle-ci a pour mission de favoriser la modernisation et le développement du secteur agricole, d’augmenter sa contribution au PIB et d’étoffer la gamme des services proposés aux agriculteurs.

Toute l’année grâce au climat tropical

En 2011 a par ailleurs été réalisé le premier recensement agricole depuis 1978. Cette source d’informations cible au mieux les actions des instituts techniques ayant vu le jour. Durant les dix dernières années, l’Etat n’a toutefois consacré qu’environ 5 % de son budget à l’agriculture. Soit moitié moins que ce qui avait été décidé lors du sommet de Maputo en juillet 2003 quand tous les chefs d’Etat et de gouvernements d’Afrique s’étaient engagés à consacrer 10 % de leur budget national à l’agriculture pour lutter contre la pauvreté et développer l’économie. Compte tenu du peu de terres agricoles, si l’on excepte les élevages avicoles et porcins de type industriel, c’est dans le secteur des fruits et légumes que les paysans seychellois tirent le mieux leur épingle du jeu. Le pays ayant le deuxième PIB par habitant d’Afrique, une grande part de la population a un bon niveau de vie et recherche de plus en plus des produits frais de qualité. La production s’étale sur toute l’année grâce au climat tropical qui autorise plusieurs récoltes. Elle est également très diversifiée grâce à des températures plus clémentes en saison sèche, des cultures sous abris et des terres agricoles qui s’étagent jusqu’à 350 – 400 m d’altitude sur Mahé dont le relief culmine à 900 m. Sont donc cultivés bananes, papayes, ananas, mangues, noix de coco, melons, oranges, goyaves, citrons, avocats et fruits de la passion mais aussi aubergines, tomates, choux, salades, citrouilles, piments, poivrons, concombres, haricots, oignons et courges. Une production écoulée sur place, sur les marchés, auprès des supermarchés et des établissements touristiques, en direct ou via des grossistes.

Produire 80 % des fruits et légumes de l’archipel

A la tête de 3,6 ha à Anse Royale, sur Mahé, Jean-Paul Geffroy est représentatif de la nouvelle génération de paysans en train d’émerger. Toutes ses parcelles sont irriguées au goutte-à-goutte, l’utilisation de semoirs et de machines à planter lui permet de réduire ses coûts. Des abris protègent les cultures les plus fragiles des brûlures du soleil et des pluies torrentielles. Fervent partisan d’une agriculture durable, il privilégie les solutions respectueuses de l’environnement mais une agriculture entièrement bio est difficile à mettre en oeuvre en raison de l’humidité du climat. Il traite ainsi ses cultures avec une décoction à base d’huile de neem, arbre aussi appelé margousier, et désinfecte les sols à la vapeur. Il a également créé en partenariat avec l’Etat un centre de ressources génétiques des fruits tropicaux pour préserver les variétés locales, qui, au total, emploie en permanence une trentaine de salariés, dont beaucoup d’immigrés. « Les jeunes Seychellois ne sont guère tentés par le travail dans les champs. Ils sont plus attirés par l’industrie touristique ».

Produire 80 % de la consommation de l’archipel...

Cependant, tous les agriculteurs ne connaissent pas le même succès que Jean-Paul Geffroy. En raison de leur petite taille, nombreux sont ceux ayant du mal à profiter de ces opportunités et à être compétitifs faute de pouvoir investir. Or l’insularité renchérit le coût des équipements en quasi totalité importés. « L’accès aux crédits bancaires leur est difficile, ce qui freine la mécanisation et la modernisation des petites exploitations, note Duncan Burnett, consultant de la société belge Agrer, spécialisée en études pour le développement rural. Ils ont aussi besoin de meilleures routes d’accès et de systèmes de captage d’eau car les sols ont un faible pouvoir de rétention ». Un problème que les autorités seychelloises vont devoir résoudre si elles veulent atteindre les objectifs qu’elles se sont fixées. A savoir produire 80 % des fruits et légumes consommés dans l’archipel alors que le pourcentage est à ce jour de 60-65 %. D’autant que le nombre d’habitants ne cesse de croître et devrait atteindre la barre des 100 000 à l’horizon 2020.

Thierry Joly

De très petites exploitations

Selon les autorités, en 2015, le pays comptait 650 exploitations pratiquant l’agriculture à des fins commerciales, pour la plupart engagées dans les productions maraîchères et fruitières ou l’élevage hors-sol de porcins ou de volailles. Huit mille familles possédaient par ailleurs des lopins de terre comportant pour les trois quarts des arbres fruitiers dont une partie de la récolte est parfois vendue dans le voisinage ou aux touristes, près des plages. Si la surface agricole avoisine 650 ha, seuls 350 ha sont dédiés aux cultures arables et la taille moyenne des exploitations est inférieure à un hectare. Un quart d’entres elles seulement tirent tous leurs revenus de l’agriculture parmi lesquelles la cinquantaine faisant plus de deux hectares.

EN CHIFFRES

Données en 2016

650 ha de SAU dont 350 ha de cultures arables

650 exploitations agricoles

5800 tonnes de production de fruits et légumes

Importation de légumes : 17,5 millions d’euros

Importation de fruits : 13,2 millions d’euros

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