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Fraise - Culture hors-sol
Production régulière et maîtrise des volumes

Le producteur de fraises vendéen Gérard Chaigneau s’est adapté à sa clientèle, grossistes et centrales d’achat, pour répondre à leur demande en volume et en qualité.

Gérard Chaigneau, 58 ans, produit des fraises depuis plus de trente ans près de Fontaine-Le-Comte en Vendée dans la petite cité de caractère Foussay Payré. Avec 160 t commercialisées en 2012 auprès de centrales d’achat et de grossistes locaux, il est le plus gros producteur indépendant de fraises de la région Grand-Ouest. Il possède aussi une production de framboises depuis 1980. Son maître-mot, c’est l’étalement de sa production pour mieux maîtriser les volumes et les fluctuations de prix.
« Nous commercialisons les fraises, explique Gérard Chaigneau, du mois d’avril jusqu’en novembre avec, comme objectif, une production des plus régulières. Le mois de mai, par exemple, qui signifie la montée en puissance de l’offre française, ne correspond pas chez nous à un pic de livraison. Au contraire. Notre planning de plantation est prévu en conséquence. » Pour agir concrètement sur le volume produit, le producteur peut jouer sur plusieurs leviers que Gérard Chaigneau utilise sans modération : l’étalement des implantations et la multiplication des types d’abris. Le climat peut aussi venir jouer les trublions comme l’an passé avec le gel, ou bien avant la tempête de 1999 qui avait mis à bas tous les plastiques. Mais là encore le producteur s’adapte. Pour Xyntia, les dégâts avaient été amenuisés grâce au débâchage.
L’implantation s’effectue dès le 15 janvier et se poursuit jusqu’au 10 juin. La première récolte est planifiée pour avril grâce à l’achat de tray plants, c’est-à-dire un plant formé d’un stolon raciné sur une motte de 8 cm de diamètre, élevé par les pépiniéristes durant quatre mois et conservé entre - 2 °C et + 2 °C. Le plant est introduit dans des sacs de tourbe et déposé sur des tablettes adaptées afin que la cueillette soit des plus faciles pour les salariés. « Sans ce type de plants, précise le fraisiculteur, il ne serait pas possible de planter en hiver pour récolter dès le printemps suivant et même de produire deux variétés à la suite comme nous le faisons. » Ainsi, les variétés très précoces comme Gariguette sont détruites dès la fin de leur premier cycle de production et sont remplacées par une variété plus tardive comme Charlotte dont les premières fraises vont arriver sur les étals mi-juillet jusqu’à mi-décembre. Toutes les fraises produites sur l’exploitation de Gérard Chaigneau sont issues de tray plants dont les premiers ont été testés déjà depuis une dizaine d’années. Il fait appel à quatre fournisseurs différents. Il s’agit d’Anjou Plant, des pépinières Martaillac, Marionnet et Mazzoni en Italie. L’investissement est de taille. Le tray plant peut coûter 0,50 € quand le plant frigo – c’est-à-dire des plants cultivés en pleine terre chez le pépiniériste, arrachés en hiver durant l’arrêt végétatif et congelés à - 2 °C – ne revient qu’à 0,17 € . « La demande de tray plants est forte en ce moment, indique le fraisiculteur. Il existe un véritable engouement pour le hors-sol. Or la densité de plants à l’hectare passe du simple au triple avec ces techniques. Concrètement, la culture traditionnelle demande 30 000 pieds/ha quand le hors sol exige 70 000 pieds, voire 90 000 pieds pour les plus précoces. Nous sommes obligés de commander les plants pratiquement un an à l’avance, au mois de juin. Cela donne moins de souplesse pour le choix des variétés. »

Etalement maîtrisé de la production
Autre levier pour étaler la livraison des fraises, le type d’abris. En cette mi-février, l’une des premières journées sans nuage de l’année, la visite des abris plastique est significative. Dans la première où les jeunes plants commencent à se développer, la chaleur est estivale, « au moins 30 °C », note le fraisiculteur. Pour atteindre cette température sans avoir besoin de chauffage, un voile de forçage est disposé sous le plastique de l’abri. La seconde n’en est pas dotée. La chaleur est donc plus faible. Le plant va pousser plus lentement comme dans les multichapelles où la production d’été bénéficiera elle aussi de température plus fraîche grâce à une ventilation automatisée. Enfin, Gérard Chaigneau a été l’un des premiers à inventer ce qu’il appelle la culture sous chenille sur piquet pour les fraises en plein champ. Une façon de prolonger encore la production tout en limitant les aléas climatiques. Le principe est le même que dans les abris. Les plants de fraisiers sont implantés dans des sacs de tourbes eux-mêmes installés sur des tablettes maintenues à hauteur de cueilleurs par des piquets. Des films plastique maintenus par des arceaux dressés à la base des sacs de tourbe sont plus ou moins déployés selon le climat. Leur récolte s’effectue plus traditionnellement sur deux saisons, contrairement à celle des abris. Ultime intervention pour retarder une production qui va s’avérer trop abondante sur l’exploitation, le fraisiculteur coupe les fleurs manuellement de certaines parcelles. « La floraison redémarre ainsi trois semaines après environ », précise-t-il.

La variété Charlotte représente 70 % des volumes
Cette stratégie est payante. Les clients restent fidèles et la demande en croissance. « Nous nous efforçons d’approvisionner notre clientèle de façon régulière avec des produits de qualité. » Ainsi, Le Saint – l’un des plus importants grossistes de Bretagne –, les trois sites de Pomona (Nantes, Angers et Niort), la Scafruits (Noyant-de-Touraine) et quelques grossistes locaux s’approvisionnent très régulièrement auprès du foussaissien. La qualité passe évidemment par le choix des variétés.
Pour être l’un des premiers à tester la variété Charlotte, Gérard Chaigneau l’a largement adoptée. Elle représente 70 % des volumes, suivie à part égale de Gariguette et Cléry pour 7 % et San Andréas 16 %. Un pied de Charlotte donne environ 1 250 g de fraises (entre 900 g et 1,5 kg), Gariguette 420 g, Cléry 570 g et San Andréas 1,2 kg. Cléry est la plus facile à cueillir, San Andréas est plus délicate à récolter qu’il n’y paraît.
En essai depuis deux ans, cette variété américaine distribuée exclusivement par Anjou Plant, a conquis, elle aussi, le producteur. « J’en ai plantée davantage en décembre que je n’en avais prévu en juin de l’année passée et ce au détriment de Charlotte, variété très goûteuse mais sensible aux maladies. D’ailleurs, il sera sans doute difficile de la supplanter. Dans les variétés futures que je teste en ce moment, je n’en ai remarqué aucune qui puisse la devancer. »
« Nous prévoyons 200 t de fraises cette année grâce à un agrandissement de 60 ares de chenilles sous piquet et un nouvel abri. » Mais pour le fraisiculteur, la saison qui s’annonce pourrait s’avérer difficile : « La fraise n’a pas subi de crise depuis trois ans. Aussi, des producteurs ont augmenté leurs surfaces. Par ailleurs, des arboriculteurs auraient investi dans la fraise suite à la crise sévère de la pomme l’an passé. »

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