Primeurs, osez!

Depuis quelques années la fréquentation des hypermarchés chute. Le commerce de proximité revient en force. Une aubaine pour les commerces de bouche en général et les primeurs en particulier ? Pas dans les faits semble-t-il. La grande distribution s'adapte et développe ses propres commerces en centre-ville, usant et abusant des codes du commerce de proximité. Les primeurs ont eu l'impression de perdre des parts de marché face à la GMS en centre-ville. Réalité ou impression uniquement, quelle est leur réponse ? Réplique unanime, implacable et indéniable : la qualité des produits, leur parfaite connaissance et le conseil au client. Oui, mais voilà, aujourd'hui est-ce suffisant ? Dans un contexte économique qui favorise peu les fortes dépenses pour l'alimentaire, à l'heure où toute la distribution, quelle qu'elle soit, cherche à tirer son épingle du jeu, sûrement pas.
Primeurs, osez sortir des sentiers battus. Osez innover ! Sans aller chercher très loin, prenons l'exemple d'autres corps de métier. Où en serait le chiffre d'affaires des boulangers aujourd'hui s'ils n'avaient pas diversifié leur offre, s'ils n'avaient pas su s'affranchir de la seule vente de pains et de viennoiseries, pour proposer des solutions repas ? Ils ont passé ce cap à un moment où on leur demandait de remettre en conformité leurs magasins. Ils ont su partir d'une obligation, d'un problème pour en faire un avantage, surfant au passage sur une tendance : le développement des titres-restaurant. Il existe de nombreuses choses à mettre en place. Certains primeurs ont sauté le pas et témoignent de leur réussite dans les pages de ce magazine.
Certes, les professionnels, à travers l'UNFD notamment, obtiennent après bien des combats, des avancées pour le métier : le CAP primeur est enfin sur les rails. Autre belle réalisation : la création du titre de Meilleur ouvrier de France. Mais là aussi, la profession ne pêche-t-elle pas par excès d'humilité ? Dans la filière, on parle de Mof. Cessons les jargons ! Employons des mots qui ont un sens. Vous n'entendrez pas un chocolatier dire qu'il est Mof, lui, il est Meilleur ouvrier de France, messieurs dames ! Et où qu'il aille, il réussira à faire croire qu'il est le seul ! Il n'hésite pas à afficher l'excellence nationale dans les Salons internationaux, par exemple. Primeurs, cessez aussi l'humilité !