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Bretagne
Prime aux petits segments

Après deux campagnes difficiles de tomates, les serristes attendent 2010 avec inquiétude. Le marché va-t-il redécoller ? En Bretagne (près de 30 % de la production nationale), les opérateurs fourbissent leurs armes commerciales.

Annus horribilis : 2009, une campagne à marquer d’une pierre noire. Pourtant le début de la campagne semblait prometteur, en l’absence des tomates marocaines et espagnoles. Mais voilà. Le marché français a vu arriver en masse des tomates belges et hollandaises, surtout des “cœurs de marché” (grappes et rondes) à bas prix. Jamais cette production n’était entrée aussi massivement dans l’Hexagone auparavant.
Mais la crise économique mondiale a rebattu toutes les cartes. Les tomates belges et surtout néerlandaises contentaient habituellement la demande des Russes, à un prix qui satisfaisait tout le monde. Les producteurs du Benelux bénéficient du soutien des autorités de leur Etat. Un tiers de leur revenu provient d’une aide publique en faveur de la production d’électricité dans les serres. « La cogénération fonctionne toute l’année dans ces deux pays, contre cinq mois en France », précise Christian Jouno, à la tête de la plus petite des quatre structures de production bretonnes, Tom West (Ille-et-Vilaine).
« Quand on ajoute à cette aide d’Etat la vente de l’électricité, la vente des tomates devient presque accessoire », remarque-t-on en Bretagne. Dans la première région organisée de France, les quatre structures de production bretonne – Prince de Bretagne, Savéol, Solarenn et Tom West (Jouno) – se refusent à tout pronostic. Et, plutôt que d’annoncer de grandes nouveautés sur un marché encore incertain, ils disent vouloir consolider l’existant et, quand c’est possible, augmenter la production de petits segments. Car en 2009, seuls les petits fruits ont tiré leur épingle du jeu.
Deux exemples : la coopérative Savéol (Plougastel-Daoulas, Finistère), poids lourd des produits de la segmentation (60 % d’une production totale de 70 000 t en 2009) a vu son chiffre d’affaires « légèrement progresser à 135 millions d’euros, grâce à ces produits de segmentation », explique Catherine Le Gall, directrice du marketing. Une performance que Savéol et ses 150 producteurs (200 ha de serres “tomate” et une trentaine en fraises) espèrent bien renouveler en 2010. De toute façon, l’augmentation de production se fera mécaniquement avec l’ajout, en 2010, de 9,5 ha au parc, puis de 11 ha en 2011.
Ces nouveaux producteurs renforceront l’offre de Savéol en petits segments. La coopérative s’y prépare en concentrant cette année le million d’euros qu’elle investit annuellement dans l’extension de son site d’emballage et de barquettage. Sur le plan marketing et commercial, la coopérative de Plougastel-Daoulas va effectuer quelques ajustements dans son portefeuille de vingt-trois références réparties dans cinq collections.

Lancement de nouveaux produits
Savéol va renforcer cette année son haut de gamme, avec deux nouvelles références : la “Tigre” – « un physique et un goût très particulier » – et la “Carmen”, « une tomate côtelée au croquant hors du commun », précise Catherine Le Gall qui rejoignent la grappe cerise “Rubis” dans cet univers. Pour le reste, la coopérative de la pointe bretonne procédera à quelques adaptations dans ses gammes, par exemple en modifiant le grammage des barquettes de tomates “Méli-mélo” ou en repositionnant les grappes “Cerises” destinées au marché allemand.
Chez Prince de Bretagne, plus gros vendeur de tomates de France – 81 500 t commercialisées en 2009, avec 130 producteurs et 200 ha de serres –, la stratégie est identique. « Maintenir les volumes des grappes et des rondes à 70 et 20 %, mais en augmentant la part de la segmentation au détriment des autres familles de produits », explique Marie Dérédec, en charge de la tomate à Prince de Bretagne. Mais ce transfert entre gammes s’effectuera à la marge. Quelques emballages seront un peu plus présents qu’auparavant (flowpack, caisses carton…).
Parmi les quelques nouveaux produits, à noter le lancement d’un baby-colis de tomates “Saveurs d’antan” de 1,5 kilo en coffret “Découverte”, et d’un produit vraiment différenciant : un plateau apéritif snacking de 500 g composé de tomates cerises, fleurettes de chou-fleur et de mini-carottes. C’est le plus de Prince de Bretagne par rapport à la concurrence. Rappel : la marque collective estampille l’ensemble de la production légumière bretonne, soit vingt-cinq légumes !
Malgré leur plus petite taille, les attentes des deux autres organisations de producteurs de tomates en Bretagne, situées toutes les deux en Ille-et-Vilaine, sont identiques. Solarenn et ses vingt producteurs (42 ha, 22 000 t de tomates en 2009) prévoient d’augmenter la part des petits segments dans son offre (20 % des surfaces actuellement), en particulier les unités de vente consommateurs en tomates cerises et tomates cocktails. Solarenn va d’ailleurs investir près de 100 000 euros dans une nouvelle ligne de conditionnement et l’agrandissement d’une ligne existante.
Tom West reste la plus petite et la plus spécifique des organisations de producteurs bretonnes : sept entreprises, 18 ha de serres mais une production consacrée aux deux tiers aux petits segments, 12 mois sur 12. Qui plus est, avec un positionnement hautement qualitatif et très gustatif. Christian Jouno l’affirme : « Nous lançons cette année la “Black Pearl”, une tomate noire de calibre 47-67 qui présente un bon équilibre entre sucré et acidité. Nous la réserverons aux grossistes et à l’export la première année. Et le “Potager des quatre Vents”, un assortiment de tomates anciennes ».

Prince de Bretagne et Savéol en course… à la voile
Au chapitre de la communication, Prince de Bretagne et Savéol vogueront de concert dans différentes courses à la voile. La marque des légumes bretons a financé la construction, en 2009, d’un catamaran de 15 m, avec pour objectif la course du Rhum de la fin 2010 (Saint-Malo Pointe-à-Pitre). Pour sa part, Savéol s’essaie dans une autre catégorie, avec un monocoque de type Figaro de 10 m qu’elle affrète pour quatre courses et renouvelle son partenariat avec différentes enseignes avec la mise en place de PLV attractive en devants de caisse pour ses tomates nomades et snacking.

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