Entreprise
Primacoop-Santerleg bouscule le négoce Nord-Picardie
A Soyecourt (Somme), en plein cœur du Santerre, tout le monde connaît l’endiverie. Côté appros, c’est Primacoop, dont Hugues Moillet assure la gérance. Côté aval, c’est Frank Maurice, responsable de Santerleg, qui est aux commandes. Il faudra désormais compter avec deux nouvelles entreprises dont les bureaux sont situés au premier étage de ceux de Primacoop-Santerleg : Chipex et Novexport, toutes deux spécialisées dans la pomme de terre et dont la création remonte à juin 2005. A Soyecourt, on ne parlera plus uniquement d’endives, de choux-fleurs d’été ou de légumes régionaux, mais on parlera aussi pommes de terre.
Chipex a été créé par sept producteurs pour approvisionner l’industrie de la chips française et européenne. Hugues Moillet en assure la gérance. Novexport se spécialise, quant à elle, sur le marché du frais, notamment à destination de l’Europe du Sud et plus particulièrement de l’Espagne, via une société à capital variable dont les producteurs sont actionnaires et dénommée Terragri.
Les règles qui ont prévalu dans le secteur de l’endive lors de la création de Primacoop (voir FLD Magazine de décembre 2004), les dirigeants actuels les ont transposées dans la pomme de terre. C’est la création d’un bureau de vente (Novexport) adossé à une équipe de producteurs (réunis dans Terragri). Les maîtres mots ? Continuité des appros, sécurité, qualité, transparence notamment sur les frais imputés aux producteurs (moins de 10 %) et sur l’évaluation des déchets des lots commercialisés !
A l’origine de Novexport, deux Espagnols qui possèdent 90 % des parts : José Lloret, courtier en pommes de terre dans la région Nord-Picardie depuis quinze ans, et Alfredo Alfaro, qui a longtemps travaillé dans la filière. Novexport, au capital de 150 000 E, devrait achever sa première campagne avec 45 000 t de tubercules commercialisés et plus de 50 clients différents. L’an prochain, elle vise les 80 000 t !
Leurs spécificités : être d’origine espagnole et maîtriser parfaitement la connaissance des approvisionnements de la région. Ils connaissent surtout les spécificités de leur pays : “Pas besoin de parler de segmentation stratégique aux espagnols, il suffit de leur proposer des variétés adaptées à leurs goûts culinaires”, explique Hugues Moilet. Novexport a donc pris le contre-pied de certaines stratégies en proposant ses tubercules principalement en big-bag, lavables ou non.
S’adapter au goût des consommateurs espagnols
“Pourquoi proposer à l’Espagne une Agata alors que les habitudes culinaires des espagnols les font pencher vers des variétés fritables ?”, s’interroge Hugues Moillet. Novexport étudie d’ores et déjà avec le Comité Nord des variétés qui pourraient s’adapter aux goûts des consommateurs espagnols, qui soient à la fois cultivables en Espagne et en France suivant les mois de production.
Terragri, qui possède 10 % des parts de Novexport, agit comme un groupement de producteurs sans en avoir toutes les contraintes : les producteurs ne sont en effet liés que par contrat annuel de livraison sans engagement préalable de prix. Présidée par Francis Leroy, agriculteur à Berny en Santerre, Terragri est dirigée par Alain Thuillier, un ex de Pom-Picardie. Terragri réunit d’ores et déjà treize producteurs qui ont commercialisé au 15 avril 25 000 t de tubercules. Ils ont pris des parts dans cette nouvelle société au capital de 38 000 E. Elle réunira 17 producteurs et 2 300 ha de pommes de terre !
Chipex, dont la gérance est assurée par Hugues Moilet, vise les 30 000 t de tubercules à destination de l’industrie des chips (France et étranger) pour l’an prochain. Sept producteurs y sont engagés.