Alimentation
Première crise alimentaire due à E. Coli dans les légumes frais
En quelques jours, l’intoxication alimentaire en Allemagne, probablement due à des concombres espagnols, s’est répandue dans toute l’Europe.
Dans cette édition, Fld fait le point des informations les plus sûres (lundi 30 mai à 12 heures).
Origines de la bactérie
Selon François Xavier Weill, spécialiste des bactéries à l’Institut Pasteur : « Les végétaux ne sont pas un mode classique de contamination. Nous avons eu quelques cas notamment avec du jus de pommes non pasteurisé. Au départ les grandes causes de contamination, ce sont les fromages au lait cru et les produits carnés. Parmi les E. Coli il y a cette souche O104 qui est plutôt rare. Elle est sous surveillance depuis quinze ans. Cette contamination est la plus importante qu’on ait jamais eue et, ce qui est embarrassant, c’est qu’il s’agit de produits qui ne sont pas cuits. Ce qui est sûr c’est que pour qu’un tel accident se produise, il faut qu’il y ait eu une forte présence de bactéries viables sur le produit pour qu’elles soient transmises à l’homme. » L’Anses précise que « pour les végétaux, cette contamination peut intervenir lors de l’épandage des effluents des élevages de ruminants à proximité des végétaux, ou lors de l’utilisation d’eau d’irrigation contaminée. » Saïda Barnat, directrice de l’Aprifel, indique : « Une telle toxi-infection, c’est inhabituel car le milieu le plus propice ce sont plutôt les produits animaux. Au niveau de la Commission européenne ils sont en train de revoir si c’est lié aux concombres. Il s’agit de mesures d’hygiène souvent non respectées. Les principaux vecteurs de cette bactérie sont les matières fécales. Ce que cela nous rappelle, c’est que les règles d’hygiène sont toujours à appliquer quel que soit le stade de la chaîne alimentaire ».
L’origine des concombres
Selon l’alerte de la commission européenne (RASFF), les produits incriminés viennent de deux entreprises espagnoles implantées à Malaga (Frunet Bio SL) et à Almeria (Hort O Fruticola, en conventionnel). L’organisation Hortyfruta nous informe avoir eu la société Frunet Bio au téléphone. Son directeur « a indiqué qu’il avait envoyé plusieurs palettes de concombres bio le 12 mai dont 4 en France et 4 en Allemagne qui sont parties par le même camion. Et c’est l’une d’elle qui est arrivée à Hambourg. Le 16 mai, il y a eu un appel du client qui lui a dit qu’une palette était tombée par terre. Frunet a demandé au client de lui retourner la marchandise. Il n’a plus eu de nouvelles, jusqu’à l’appel des autorités allemandes, le 25 mai ». La DGCCRF a effectivement indiqué que des concombres ont été livrés en France. Et plus précisément chez un grossiste breton, fournisseur de la restauration collective. L’entreprise en question a commencé à faire sa traçabilité sur l’usage de ce lot (livré le 16 mai). Aucun incident n’a été signalé. Ce lundi, les résultats d’analyses menés dans les deux exploitations devaient être rendus aux autorités espagnoles. Ces résultats permettront de dire si la contamination a eu lieu au stade de la production.