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POMME DE TERRE PRIMEUR
Pour gagner en précocité

En Bretagne, 250 producteurs cultivent de la pomme de terre primeur. La production sous abri et la culture sous paillage plastique permettent de gagner en précocité.

Le paillage permet d’offrir des volumes conséquents dès avril »

YANNIS MOAL, producteur à Roscoff

En 2016, près de 14 000 tonnes de pomme de terre primeur ont été produites en Bretagne sur 850 ha, en Côtes d’Armor, Finistère et Ille-et-Vilaine. « En 2017, il y en aura à peu près autant, indique Pierre Gélébart, chef produit à Prince de Bretagne. Après avoir fortement régressé, les surfaces se stabilisent ces dernières années ». Des efforts importants ont été faits depuis quinze ans pour clarifier l’offre bretonne et gagner en précocité et en qualité. Quatre-vingts producteurs cultivent ainsi 25 ha de pomme de terre primeur sous abri, dans d’anciennes serres ou sous tunnel, pour une commercialisation de février à fin avril. « La production sous abri permet de prendre des positions sur le marché dès février, d’avoir de meilleurs prix et de valoriser d’anciennes serres », explique Yannis Moal, producteur à Roscoff (29) et président de la section pomme de terre primeur sous abri de la Sica Saint-Pol-de-Léon. Depuis deux-trois ans, 25 producteurs cultivent par ailleurs des pommes de terre de plein champ sous paillage plastique. « Le paillage permet d’offrir des volumes conséquents dès avril ». Sous paillage comme sous abri, les pommes de terre sont plantées et récoltées à la main. Une marque, Primaline, créée à l’origine pour l’abri, regroupe désormais toutes les pommes de terre récoltées à la main. Environ 2 000 t/an de Primaline sont commercialisées en Bretagne, dans le Nord et en région parisienne. Pour homogénéiser la présentation des Primaline d’abri et des Primaline de plein champ, souvent plus terreuses, les pommes de terre de plein champ sont désormais douchées, triées à la main et tourbées. « En plus de préserver l’aspect traditionnel de la pomme de terre nouvelle, la tourbe assèche les tubercules et préserve leur qualité », précise Yannis Moal. Les Primaline d’abri sont vendues en colis 5 kg avec un complexe les protégeant de la lumière. Et pour la Primaline de plein champ, Prince de Bretagne est passé des colis 14 kg en 50 X 30 à des colis 10 kg en 40 X 30, qui limitent les pertes en rayon et optimisent le rangement sur les palettes Europe.

Le mildiou en plus du gel

Yannis Moal produit de la pomme de terre primeur sur 5 000 m2 d’anciennes serres et huit hectares de plein champ. Les pommes de terre sous abri, de la variété Starlette, sont plantées en octobre à 4 t/ha de plants, pour une récolte de février à avril. La culture est irriguée et protégée du gel par des aérothermes. La principale difficulté, en plus du gel, est le mildiou. « Comme les abris sont vieux, mal ventilés et que l’hygrométrie est forte avec peu de lumière, le risque est très élevé », souligne le producteur. Les pommes de terre sont récoltées après un défanage manuel du jour à raison de 40 kg/h/personne. Le rendement atteint 17 à 25 t/ha. En plein champ, les pommes de terre sous paillage plastique sont plantées mi-janvier. Du plastique à échalote est déroulé à la machine sur des planches. Le producteur perce ensuite le plastique à la bêche et y dépose les plants à raison de deux rangs par planche et 4 t/ha de plants avant de les recouvrir de terre. Un voile P17 est ensuite installé sur la culture pour favoriser encore la précocité. La culture n’est pas irriguée, le plastique gardant l’humidité. Là aussi, le risque mildiou est élevé du fait notamment de la présence du P17 qui est enlevé dès que la température augmente. A la récolte, le plastique est soulevé et enroulé à la machine et les fanes sont détruites au broyeur juste avant la récolte manuelle. Le rendement atteint 20 t/ha.

Sachets fraîcheur 1 kg de Primabreizh

La production de plein champ sur sol nu est récoltée de mi-mai à fin juin pour les variétés primeur et jusqu’à fin août pour les variétés demi-consommation Europa et Agatha. Ces dernières années, Yannis Moal a investi dans une planteuse, une butteuse et une arracheuse qui lui permet de récolter 5 à 8 t/h au lieu de 1 t/h auparavant. Les pommes de terre sont défanées mécaniquement deux à trois semaines avant récolte pour augmenter leur taux de matière sèche et limiter les pertes à la récolte et en conservation. Elles sont ensuite douchées en station, calibrées et commercialisées sous l’appellation Primabreizh. L’essentiel du conditionnement est fait par les expéditeurs et packers en colis 12,5 kg et filets 2,5 kg, à leur marque ou à marque de distributeurs. En 2016, Prince de Bretagne a par ailleurs lancé un sachet fraîcheur 1 kg de pommes de terre douchées Primabreizh. Quarante tonnes ont été commercialisées, avec un bon accueil des distributeurs. Les volumes devraient donc augmenter en 2017, avec l’intégration de la grenaille dans ce conditionnement.

Un contexte plutôt favorable en 2017

Si la pomme de terre primeur a été à une époque très concurrencée par des importations du Maroc, d’Egypte, d’Israël ou d’Espagne, la plupart des distributeurs privilégient aujourd’hui la production française quand elle arrive. La principale concurrence est désormais la pomme de terre de conservation lavée, que les consommateurs ne distinguent pas toujours de la pomme de terre nouvelle, et qui a entraîné une forte baisse des surfaces de primeur. Selon les stocks au printemps, le marché est plus ou moins facile pour la primeur. Or, selon les estimations de l’association des producteurs européens NEPG, la récolte 2016 de pomme de terre est en recul de 3,6 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années, ce qui devrait faciliter la commercialisation de la primeur.

Trois variétés en climat doux et sols légers

  1. 1 Iodéa, nouvelle variété de Noirmoutier

    A Noirmoutier, 30 producteurs cultivent 450 ha de primeur, dont 10 ha sous abri, pour 12 000 t récoltées de fin mars à fin juillet. Les principales variétés sont Sirtema, Lady Christl et Charlotte. La coopérative produit aussi 150 t de Bonnotte. Et elle lance Iodéa, variété blanche résistante aux nématodes de Van Rijn France, dont elle a l’exclusivité en France. Quatre cents tonnes d’Iodéa seront vendues cette année du 15 mai au 10 juin. La coopérative travaille aussi sur un Label Rouge.

  2. 2 La Béa du Roussillon à un tournant

    En Roussillon, 3 500 à 4 000 t de pomme de terre primeur seront récoltées en 2017 sur 170 ha, dont 20 ha d’abri. La principale variété est Béa, qui bénéficie depuis 2006 d’une AOC transformée en 2012 en AOP. On y trouve aussi Charlotte, Amandine, Cheyenne, Lady Christl, Monalisa. Si le produit d’abri s’en sort, la valorisation varie pour l’essentiel des volumes et les surfaces sont en baisse. La pérennité de la Béa AOP est même menacée.

    1. 3 La Primeur de l’Île de Ré reste stable

      Sur l’île de Ré, 21 producteurs cultivent 110 ha de pomme de terre primeur en plein champ, pour 2 000 t commercialisées. La primeur y bénéficie d’une AOP depuis 1998. Les surfaces sont stables depuis plusieurs années. Environ 80 % des volumes sont basés sur la variété Alcmaria, le reste sur Charlotte. Les principaux conditionnements sont la caisse bois 1,5 kg et 5 kg, le sachet fraîcheur 1 kg, le filet 2,5 kg et le carton 12,5 kg.

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