Coût du travail
Pour Bernard Reynès, la taxe doit servir à faire baisser les coûts de main-d’œuvre
Le député des Bouches-du-Rhône ne décolère pas après l’annonce par François Fillon d’une taxe sur les sodas pour soutenir le budget de l’Etat.
L’idée de Bernard Reynès de taxer les boissons gazeuses à sucre ajouté pour faire baisser le coût de la main-d’œuvre ne profiterait finalement pas au monde agricole. Cette proposition présentée en juillet, à Bruno Le Maire, dans le cadre de son rapport sur la relance de la compétitivité de l’agriculture, abondera le plan de rigueur de l’Etat. « Cette mesure forte devait permettre d’abaisser les charges pour ramener l’heure de travail payée au SMIC à 9,32 € au lieu de 10,30 € et rendre les agriculteurs plus compétitifs face aux pays voisins », explique Bernard Reynès. C’est donc une manne financière de 550 M€ qui va échapper aux filières agricoles, qui dans leur ensemble, syndicats majoritaires et minoritaires, ministre de l’Agriculture compris, avaient salué cette initiative. Bernard Reynès explique son exaspération : « Sur un plan personnel, je déplore que l’on me pique mon idée et que l’on détourne une recette pour autre chose que l’agriculture. Sur un plan général, le premier ministre nous annonce un produit d’environ 100 M€ alors que je savais pouvoir en trouver 550. Ensuite, je déplore cette approche alimentaire négative. J’étais sur le registre de la niche fiscale, non pas sur celle de la qualité nutritionnelle, qui affaiblit l’Ania. Que je sache, on n’a jamais vu une bouteille de coca pousser sur des arbres. Il est donc injuste de faire profiter un produit qui n’a rien d’agricole de la TVA à 5,5 %. Une TVA à 19,5 % s’impose (.) Par ailleurs, je ne proposais pas une dépense supplémentaire, je mettais une recette en face. Je ne compte donc pas m’en arrêter là et je ne lâcherai sur rien. » Le rapport sur la compétitivité de l’agriculture, cité en exemple par Nicolas Sarkozy en juillet à Châteauneuf du Pape, a été établi sur la base de 300 auditions, pris plus d’un an pour sa rédaction et a été soutenu par nombre de parlementaires. C’est sur ce terrain que Bernard Reynès, entend poursuivre son action « pour la défense du monde agricole. Je rencontrerai le secrétaire aux Affaires européennes en septembre, puis, accompagné d’une délégation de parlementaires, nous irons à Bruxelles pour travailler avec la Commission agricole. » Bernard Reynès a aussi indiqué qu’il déposerait deux amendements devant l’Assemblée en septembre. « Le combat continue », explique-t-il.