Estrées Dériécourt
Pomuni renonce au rachat de Potato Masters Picardie
Une bataille juridique est entamée entre les deux entreprises belges dirigées par les familles Muyshondt et Deprez suite à la rupture des négociations de rachat par Pomuni.
Pomuni aurait découvert la réalité de la situation financière de Potato Masters Picardie après la signature du compromis de vente.
Potato Masters Holding a placé l'une de ses filiales Potato Masters Picardie en redressement judiciaire le 24 décembre 2014 après que Pomuni ait rompu les négociations de leur rapprochement en cours (cf. fld hebdo du 1er octobre 2014). Les deux entreprises belges, dirigées par les familles Muyshondt et Deprez, avaient signé un compromis de vente le 26 septembre dernier expliquant « préférer un scénario de collaboration et d'expansion plutôt qu'un combat concurrentiel sur un marché qui voit la consommation en frais diminuer ». On savait Potato Masters Picardie fragilisée depuis quelques mois. Certains des quatre-vingts producteurs livrant au site d'Estrées Dériécourt (Somme) n'avaient pas été intégralement payés de leurs livraisons cet été et les salariés n'avaient pas été payés en novembre et décembre… D'après certaines sources, Pomuni aurait véritablement découvert la réalité de la situation financière de l'entreprise quelques semaines après la signature du compromis de vente. On évoque aujourd'hui un passif de plus de 2,5 M€ ! Les deux groupes auraient d'ailleurs engagé une bataille juridique dès les premiers jours de janvier tandis que certains livreurs, à défaut d'être payés, tentaient de récupérer leurs lots de pommes de terre stockés sur le site picard dès le 5 janvier. Potato Masters, implantée en Belgique à Deinze près de Gand (Belgique), avait coupé toute liaison informatique avec sa filiale dès le placement en règlement judiciaire compliquant toute tentative de reprise de la marchandise par les producteurs. Néanmoins, Potato Masters leur demandait une prise en charge de 40 €/t pour frais de stockage : de quoi échauffer les esprits ! Un climat de tension qui a nécessité, selon la presse locale, l'intervention des gendarmes de Chaulnes. Du côté du site d'Estrées Dériécourt, l'avenir est grandement compromis. On ne sait pas en revanche si les trois autres filiales du groupe Potato Masters Holding – BIO D.S. également implantée à Deinze, PM Rhône-Alpes à Tartaras (Rhône) et la filiale espagnole Distrifruits de Murcie (Espagne) – sont impactées par cette mise en redressement judiciaire. Déjà la SOC Charles Gillet, implantée à Perpignan et dirigée par Jacques Leszczynski avait déposé le bilan le 7 juillet 2014, suivie le 18 septembre par celui de la société Novexport créée par José Lloret et Alfredo Alfarto en 2006 à Soyecourt (Somme). Des difficultés qui illustrent bien la crise que doit affronter actuellement la filière “négoce”.