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Primeurs - Recherche et expérimentation
PicLeg, premiers résultats sur la carotte

Le Groupement d’intérêt scientifique PicLeg livre ses premiers résultats dans le cadre du projet Batica. C’est la carotte qui a été choisie comme plante pilote pour tester l’implantation de plantes assainissantes entre deux cultures.

Trouver des alternatives aux pesticides. Ce leitmotiv revient sans cesse dans les conversations maraîchères. Aussi en novembre 2007, Légumes de France a initié la création d’un Groupement d’intérêt scientifique sur la production intégrée qui fédère l’ensemble des acteurs de la recherche et du développement. PicLeg, Production intégrée en cultures légumières, était lancé. Entendez par production intégrée un système de cultures à bas intrants, conformes aux exigences commerciales de qualité et de quantités produites. Trois ans plus tard, douze projets sont en cours et les premiers résultats ont été diffusés au salon Sival en janvier. Il s’agit du programme Batica portant sur “les bio agresseurs telluriques et l’insertion de couverts assainissants”. Ce projet fédère l’Inra de Rennes, le CTIFL, les trois stations expérimentales Sileban, Hortis et Aprel, le Ceta Saint Anne (Bouches-du-Rhône) et l’OP landaise Altus. L’objectif, profiter de l’intermède entre deux cultures pour assainir la parcelle infestée par des champignons du sol en semant des plantes assainissantes. Concrètement, Françoise Montfort, biologiste à l’Inra de Rennes et responsable de ce projet, a pris comme plante pilote la carotte, sujette à de nombreux bio agresseurs telluriques comme le Phytophthora, le Pythium ou encore le Rhizoctonia (1). La succession répétée de cette culture dans les mêmes terres favorise le développement de ces champignons qui pour la plupart ne sont guère sensibles aux produits phytosanitaires.

Cinq sites ont été choisis pour les essais en plein champ
L’expérimentation consiste à vérifier si la moutarde brune, broyée puis enfouie a un impact sur ces champignons. En laboratoire, il a été démontré que ces crucifères produisent, à des degrés divers, des précurseurs de composés toxiques, les glucosinolates, inhibant le développement des champignons. Grâce à un screening effectué en laboratoire, les chercheurs rennais ont retenu, en collaboration avec ceux de Dijon, une variété de moutarde brune produisant de fort taux de glucosinolates corrélés à une inhibition importante du développement des mycéliums des champignons. L’étape suivante a consisté à vérifier ces performances via un dispositif expérimental sous tunnel avec une succession de deux cultures de carottes contaminées par du Rhizoctonia entre lesquelles deux moutardes brunes ont été introduites. Les résultats ont conforté les hypothèses, à savoir que la fonte de semis provoquée par ces champignons a été 2,7 fois moins importante après l’introduction de moutarde brune enfouie et riche en glucosinolate qu’après un sol nu, c’est-à-dire sans présence de plantes assainissantes entre les deux cultures. Les chercheurs ont également montré que la moutarde brune riche en glucosinolate favorisait les antagonistes de ces champignons présents dans le sol. En complément de la moutarde, l’introduction d’une souche de champignon déjà connue par ailleurs pour ces effets bénéfiques, le Trichoderma, a permis de divisser par cinq la fonte de semis dans le meilleur des cas. Les tests en plein champ ont démarré en 2009 sur cinq sites différents, de l’Aquitaine en passant par la Normandie et les Bouches-du-Rhône. Le premier bilan montre que les expérimentateurs se heurtent à une série de difficultés comme d’une part l’assurance que les parcelles testées expriment suffisamment la contamination mais aussi la méconnaissance de la culture même de cette moutarde brune. Une moutarde brune pourtant bien connue de la région dijonnaise car utilisée de nouveau pour la production de moutarde. Si ces premiers tests de plantes assainissantes en maraîchage laissent augurer quelques perspectives pour les années à venir. Ils donnent pour l’instant lieu à une foule de questions que le réseau PicLeg serait en mesure de traiter : quels sont leurs impacts sur les autres maladies et ravageurs de la culture et des cultures suivantes ? Des interrogations similaires se posent sur les antagonistes ou encore sur des sujets qui, apparemment, semblent éloignés comme la fertilisation.

(1) La carotte botte ou la carotte primeur est moins affectée par ces bio agresseurs que la carotte de saison et de conservation.

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