Pessimisme ambiant pour le secteur pêche
La réunion “pêche, performances technico économiques”, organisée par le CTIFL Balandran, a mis en exergue la nature des difficultés rencontrées cet été par cette espèce. Avec un élément nouveau qui trouble la production : presqu’une demi-saison avec des prix, pour les pêches et nectarines jaunes cat. A, calés autour de 1 E au stade expédition. Un indicateur qui pourrait s’installer durablement et devenir une référence prix pour la pêche comme pour d’autres fruits ou légumes.
“Nous avons vécu une campagne noire, explique Gilbert Chiron du SNM. Malgré un écoulement favorable, les prix ne sont jamais parvenus à se relever, même lorsqu’il y a eu manque de marchandise comme au 14 juillet. Si l’on peut espérer que ce phénomène soit conjoncturel, je crois quand même, hors années exceptionnelles comme 2003, que nous allons rencontrer à nouveau cette situation, car le seuil de 1 E me semble bien installé.” Une tendance confirmée par les chiffres du centre d’économie rurale du Gard. Depuis 2000, le prix de vente des pêches stade expédition est allé tutoyer par trois fois 1 E : en 2000 et 2002 (1,06 E) et en 2005 (1,05 E). Or, sur la base des déclarations des OP du Sud-Est, le CER établit le coût de production à 1,26 E (avec une variabilité de plus ou moins 15 %) dont 56 % sont constitués par le prix de la main-d’œuvre. “Sur cette base, déclare Bernard Anthérieu, à 1 E, les OP ne passent plus, surtout pour les structures les plus lourdes. Cette évolution est inquiétante et pas seulement pour la pêche.”
Multiplier les initiatives
Pour rester compétitifs – sachant qu’il est bien improbable que les Pouvoirs publics s’attellent au problème du coût du travail – les producteurs auront à multiplier les initiatives techniques, économiques voire à modifier leur positionnement commercial, haut de gamme et segmenté. Une situation qui irrite Christian Pauleau, président de la FNPF. “Nous ne serons pas capables de produire à 0,8 E pour vendre à 1 E. Dans cette guerre des prix orchestrée par la distribution, les producteurs français ne seront jamais gagnants, comme d’ailleurs les espagnols et les italiens. Nous devons pour l’avenir, engager des actions pour demander une baisse du coût du travail en s’entourant de parlementaires pour proposer des amendements visant à l’allégement des charges ; améliorer les premières mises en marché ; travailler sur une nouvelle gestion du rayon ; améliorer notre compétitivité, contractualiser en prix et en volumes. Il est clair que les producteurs n’y parviendront pas sans l’adhésion de la distribution. Mais sans la mise en place de telles mesures, on peut s’interroger sur l’avenir de la pêche française.”