Florence Carayon
« Partager le savoir-faire, transmettre la passion »




Elle n’en revient pas encore totalement, Florence Carayon, d’avoir été élue Meilleur Ouvrier de France, mais elle n’en boude pas pour autant son plaisir. Deux années de préparation, le suivi des formations prodiguées par l’organisation du concours (hygiène, corbeille, étalage) tout en continuant l’activité commerciale, une finale au suspense insoutenable, enfin la délivrance et la joie mêlée de fierté de pouvoir désormais porter le col tricolore. Fille de commerçants tenant une épicerie au cœur de la cité médiévale de Carcassonne, Florence Carayon a toujours baigné dans la vente et le commerce indépendant. C’est en 1992 qu’elle s’installe avec son mari, choisissant les fruits et légumes, présentant peut-être plus de visibilité économique que la pure épicerie. Passionnée par les produits, Florence Carayon s’est très rapidement investie dans deux domaines : la confection de corbeilles et l’étalage, et la formation. Pour le premier, elle a remporté plusieurs distinctions (elle a été plusieurs fois primée au Salon international de l’agriculture). Pour le second, elle prodigue des cours sur l’univers des primeurs aux apprentis du centre de formation de la Chambre de commerce et peut s’enorgueillir d’un taux de réussite de 100 %. Ces deux passions vont l’amener à concourir au MOF : « C’était pendant le Salon des Saveurs de Carcassonne, pendant lequel avec plusieurs apprentis nous présentions des corbeilles. Depuis l’ouverture de notre second magasin à l’enseigne Le Fruitier en 2003, nous participions à la Semaine Fraîch’Attitude. Il y avait là un boucher MOF : c’est lui qui m’a convaincue de me lancer dans cette aventure. » Ensuite, c’est l’engrenage quasi infernal que chaque compétiteur au MOF Primeur a connu : « Les qualifications ont été l’occasion d’apprendre auprès des collègues. Je suis allée très loin dans les recherches et lorsqu’il a fallu trouver le thème de mon buffet, je me suis rappelée que celui-ci était censé être une commande du ministère de la Culture. J’ai recherché des photos du site et je me suis inspirée des colonnes de Daniel Buren. Ensuite, j’ai voulu mettre en avant la richesse des produits du Sud-Ouest : ceux du pays Cathare bien évidemment avec la cerise, l’huile, le miel mais aussi les fraises de plein champ du Lot-et-Garonne dont je suis originaire. Comme nous nous approvisionnons au Halles du Sud-Ouest, le Min de Toulouse, nous avions sous la main des produits gustatifs et de qualité. Et à partir de janvier, je me suis installée dans la véranda de la maison et sur une table, je me suis entraînée à la confection de ce buffet, tout en préparant mon dossier. » Pour Florence Carayon, la finale n’est pas prête d’être oubliée. « Le réveil à trois heures du matin, le déchargement du camion, le placement des produits et des outils, un vrai stress… » Et puis l’incident : « une partie de mon buffet s’écroule à 45 minutes de la fin : j’étais prête à tout arracher. Mais, il n’était pas question de décevoir. Heureusement, ma mère et mon époux étaient là et m’ont donné la force de recommencer et de terminer. » Elle se souvient aussi combien tous les compétiteurs étaient unis jusqu’à la fin de cette éprouvante épreuve. L’obtention du ruban tricolore, c’est une belle opportunité pour Florence Carayon : « Je vais bien entendu continuer de participer au centre de formation mais je ne vais pas devenir une formatrice à 100 % : j’ai toujours vécu derrière un comptoir et je continue ! Je pense qu’il y a quelque chose à faire autour de la corbeille mais aussi autour de l’événementiel comme les mariages, où nous pouvons valoriser les produits tout en amenant une touche esthétique, créative. C’est un créneau à investir. Aujourd’hui, tout en restant bien les pieds sur terre, je suis prête à partager mon savoir-faire. Ce MOF, nous allons le gérer à deux, avec mon conjoint, car le titre est peut-être nominatif, mais c’est bien à deux que se vit cette aventure ! »