Dans le Sud-Est et la Corse
Parce qu'elle le vaut bien, l'origine n'a pas de prix
De Perpignan à Nice, chaque été, oléiculteurs et mouliniers vont à la rencontre des consommateurs pour les informer et leur apprendre à débusquer les huiles d'olive françaises “canada dry”.




Les opérations “L'origine n'a pas de prix” ont été lancées par l'Afidol il y a cinq ans. Elles sont pilotées par les syndicats locaux qui se rendent sur des marchés “phares” pour informer les consommateurs. Facilement reconnaissables à leurs accessoires (chapeaux, t-shirts) siglés “Huile d'olive du Midi de la France” et “L'origine n'a pas de prix”, ils disposent d'un stand pour accueillir le public. Les syndicats présentent la typicité des produits de la région, proposant à la dégustation huiles et olives, et forment les acheteurs à la notion d'origine et à la lecture des étiquettes.
« L'huile d'olive étrangère ne nous dérange pas, explique Jean-Luc Dedieu, président de l'UPPO de l'Hérault (Union des producteurs et professionnels de l'olivier). Ce qui nous révolte, c'est de voir sur les marchés, comme à Sète cet été, des “huiles de pays” sans préciser quel en est le pays d'origine. » Le Syndicat de l'olive de Nyons et des Baronnies traque le discours abusif. « Nous avons entendu le discours d'un forain qui proposait de l'huile EU et la vantait comme une AOP, indique Patrick Floret qui participait à l'opération. Nous ne sommes pas là pour dénigrer ces huiles, mais nous voulons apprendre au public à faire la distinction. » Des opérations similaires ont eu lieu dans le Var, les Pyrénées-Orientales et les Alpes-Maritimes.
Généralement, le dialogue est courtois avec les revendeurs, qui râlent mais acceptent le temps d'un marché de dissimuler les huiles d'import. La question du prix est récurrente. « Quand la question est posée, nous prenons le temps d'expliquer nos spécificités, explique Isabelle Casamayou du Groupement des oléiculteurs du Vaucluse, notre savoir-faire et le côté artisanal de la filière française ce qui est bien perçu. » En parallèle, l'Afidol a mis en place le plan “assainissement des marchés”. « Nous nous rendons anonymement sur les marchés, les boutiques touristiques ou les épiceries fines, explique Kenza Abdeljelil du Centre technique de l'olivier. Nous achetons les bouteilles suspectes qui sont ensuite dégustées pour repérer les typicités marquées comme celles des huiles espagnoles ou tunisiennes, puis analysées. Les cas flagrants font l'objet d'un dossier transmis à la Direccte, qui peut ouvrir des procédures pénales. En 2015, le nombre est en baisse mais nous avons quand même transmis une dizaine de dossiers aux Fraudes. Je pense que la médiatisation des problèmes autour de l'huile d'olive y contribue beaucoup. »