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Salon des fruits et légumes de la Méditerranée
Ouvrir les bras aux peuples de la Méditerranée

La troisième édition du salon des fruits et légumes de la Méditerranée s’est déroulée alors que de nombreux pays de la région venaient de s’engager dans le “printemps arabe”. La conférence d’ouverture de Medfel était donc naturellement consacrée à cette actualité et à ses conséquences politiques et économiques.

Olivier Masbou : Alexandre Adler, quel regard portez-vous sur ce soudain soulèvement de plusieurs pays, de plusieurs peuples ?
Alexandre Adler :
Ce mouvement parti de la Tunisie a finalement balayé une sorte de continent, c’est-à-dire l’ensemble du monde arabe, peut-être même l’ensemble du monde musulman. Je suis très frappé de la rapide évolution de la situation, en Iran même. Nous avons donc aujourd’hui tous les cas de figure. C’est particulièrement frappant aux frontières de la Tunisie. La Tunisie a connu une transition entièrement pacifique avec une armée civile qui a refusé de tirer sur la foule et avec un processus tout à fait contrôlé, en tout cas maîtrisé. Il n’y a pas d’épuration dans l’ancien régime parce qu’on sait très bien que cet ancien régime était parfaitement composite. Il comprenait des technocrates parfaitement honnêtes, des gens extrêmement respectés et de franches canailles qui mettaient le pays en coupe réglée. Par ailleurs, il existe une vie politique très active en Tunisie et qui donne des signes encourageants de sorte que les élections de juillet, qui seront des élections entièrement libres, vont donner un pouvoir qui, d’ores et déjà, est assez stable grâce à la sagesse de son Premier ministre Béji Caïd Essebsi. Donc, la Tunisie, c’est le bon élève de la classe. D’ailleurs ce n’est pas un hasard, car cette révolution du monde arabe est une révolution de la modernité. Ce ne sont pas les paysans assoiffés de justice et étouffés de pauvreté de la vallée du Nil, ce ne sont pas les Bédouins des zones d’errance, ce ne sont pas les montagnards de l’Atlas qui se sont soulevés, ce sont des jeunes qui savaient se servir de Twitter, de Facebook. Mais en Libye, après Kadhafi, qu’est-ce qui peut venir ? En revanche, en Syrie, c’est l’anti-Tunisie, il n’y a rien pour remplacer Bachar el-Assad. Bachar el-Assad n’est pas un dirigeant exemplaire, encore qu’il ait amélioré les choses par rapport à son père. Pas assez. Dans ce pays, nous sommes dans une situation de chaos. Voilà pourquoi ce printemps arabe, qui est incontestable, est si compliqué à définir. C’est une aspiration à la liberté sans aucun doute. Complexe sans aucun doute partout, mais maîtrisable dans des pays qui ont déjà fait des efforts considérables de modernité, c’est le cas de la Tunisie, moins maîtrisable dans des pays qui ont, certes, avancé dans ce sens mais qui sont marqués quand même par des problèmes de pauvreté de masse, pauvreté rurale notamment, c’est-à-dire l’Egypte, et puis des pays chaotiques comme le sera la Syrie si une solution politique à mi-chemin n’est pas trouvée rapidement. Voilà pourquoi le diagnostic est encore réservé même si, bien sûr, tout le monde est enthousiaste de cette jeunesse qui est sortie dans la rue, qui a montré une absence totale de fanatisme et une volonté tout simplement de rejoindre le grand monde. Quand une telle volonté existe, on a envie d’ouvrir ses bras. C’est tout à fait naturel.

Michel Bru : Ce printemps arabe, selon vous, quelle incidence aura-t-il sur l’avenir de l’Union pour la Méditerranée ?
Alexandre Adler :
L’Union pour la Méditerranée, j’ai toujours pensé que c’était une fausse bonne idée. Pourquoi ? Parce qu’on a voulu tout d’un coup. Nous avions ce que nous appelons le processus de Barcelone qui avait certainement marqué le pas mais qu’on aurait peut-être pu relancer. C’était France-Espagne-Italie d’un côté, Algérie-Maroc-Tunisie de l’autre. Cette union a beaucoup de sens, non seulement géographique, historique, mais culturel et économique. Par contre, mettre bout à bout l’Egypte, mais aussi Israël, la Palestine, la Syrie, le Liban où rien n’est résolu des grands problèmes géopolitiques, plus nos amis turcs auxquels on a fait miroiter cette association comme une espèce de pis-aller à leur candidature européenne, ça ne pouvait pas marcher. Et donc un aéroplane aussi mal équilibré n’a jamais décollé. Je pense au contraire que le printemps arabe va balayer cette question et va faire réapparaître les vrais problèmes. Une solution au problème israélo-palestinien sans aucun doute à l’Est, une aide à l’Egypte qui excède bien sûr les capacités de l’Europe. Il faut que les Etats-Unis, qui sont le grand partenaire de l’Egypte, s’y mettent. Mais pour l’Europe, parce que c’est une affaire européenne, une association forte avec le Maghreb. Je souhaite qu’on parle du Maghreb et qu’on ne parle pas toujours d’une Méditerranée qui est trop floue. Le Maghreb, ce n’est pas flou du tout, c’est une culture, c’est en fait une nation en formation parce qu’il y a des liens tellement étroits entre les trois pays que personne ne peut les nier. S’y ajoute un bilinguisme français-arabe qui est généralisé et qui est un atout extraordinaire. Il n’y a qu’une seule région dans le monde, l’Inde, où deux langues comme cela sont côte à côte et dans une certaine harmonie. La vérité, c’est que nous devons aider le Maghreb en priorité. Nous devons aussi faire en sorte que les Etats maghrébins cessent d’arriver en ordre dispersé et se regroupent pour avoir un grand marché et pour avoir des synergies. La Tunisie n’est pas en cause mais par contre le Maroc et l’Algérie continuent de s’opposer sur des dossiers qui sont largement dépassés comme le Sahara alors même qu’ils auraient une attitude commune sur un certain nombre de sujets, pas seulement face au terrorisme, mais sur le développement, tout simplement.

Michel Bru : Vous venez d’évoquer l’échec du processus de Barcelone. Certains spécialistes disent que l’Union pour la Méditerranée a beaucoup souffert de sa vision apolitique.
Alexandre Adler :
Avoir une vision politique, c’est aujourd’hui de savoir comment cette partie Sud de la Méditerranée occidentale, qui a été historiquement liée à l’Europe pour le meilleur et pour le pire – elle est quand même le résultat de la civilisation de l’Espagne musulmane qui fut européenne – et elle est, mais pas seulement, le résultat d’une colonisation française qui fut longue et qui transforma les mentalités, pas toujours négativement. Donc, en fait il y a une affinité entre les deux régions qui est infiniment plus grande qu’entre la partie Est de la Méditerranée et le reste de l’Europe. En fait, l’idée, c’est d’associer cette région à l’Union européenne. Progressivement, de lui faire prendre toute sa place, de lui permettre peu à peu de trouver dans l’Union européenne un marché d’exportation. Je sais que je parle ici d’un sujet délicat, mais prenons-le de front. Et puis il peut accueillir aussi les investissements directs de toute nature qui vont accélérer la croissance. Or la leçon de ces vingt dernières années, c’est que la croissance peut être accélérée de manière extraordinaire, sans parler des 10 % par an de la Chine. Et franchement le Maghreb pourrait passer à 5-6 voire 7 % de croissance dans les dix prochaines années et c’est à cela qu’il faut s’atteler. Je n’aime pas le terme de plan Marshall parce que c’est la boîte dans laquelle on met tout et n’importe quoi. Mais c’est vrai que dans le plan Marshall il y avait deux dispositions intéressantes : d’une part l’Union européenne des paiements qui obligeait les Européens à agir ensemble pour maintenir l’équilibre de leur balance commerciale, aujourd’hui ce serait une union des trois grands pays du Maghreb essentiellement, et puis il y avait ces comités de productivité qui envoyaient les industriels français aux Etats-Unis pour s’initier. C’est un peu cela, il faut arriver à booster la productivité de l’ensemble de la région et elle est bonne dans certains secteurs mais elle est encore très en arrière dans d’autres. Et d’ailleurs c’est un des aspects de la révolution tunisienne que cet écart qui s’est brusquement créé entre des côtes qui devenaient de plus en plus prospères, industriellement actives, et l’intérieur du pays beaucoup plus agricole et qui donnait le sentiment d’être un peu oublié. C’est ça le problème, il faut que cette partie-là de la Tunisie, qui n’est qu’un petit exemple de ce Maghreb à reconstruire, se développe et se développe vite. Là, les Européens peuvent faire quelque chose et là, croyez-moi ça suffit déjà à l’ensemble de nos efforts dans la région. Si jamais nous arrivons à faire que le Maghreb devienne une seconde Turquie, pour dire les choses simplement, nous aurons gagné et les peuples du Maghreb aussi avec nous.

Olivier Masbou : Christiane Lambert, au dernier Congrès de la FNSEA, votre président, Xavier Beulin, a fait une déclaration qui a surpris les observateurs. Il a souhaité que l’Union européenne regarde davantage vers le Sud et il se prononce même pour la création d’un espace de développement entre les deux rives de la Méditerranée. C’est un peu un tournant dans la vision des relations entre le Nord et le Sud pour la FNSEA ?
Christiane Lambert :
L’intérêt de Xavier Beulin pour ce qui se passe de l’autre côté de la Méditerranée ne date pas d’hier. Et c’est vrai qu’il l’a exprimé de façon très claire en insistant sur le fait que la FNSEA allait renforcer son implication sur le sujet international dans son ensemble. La FNSEA veut faire un quart de tour au Sud et regarder plus ce qui s’y passe. Quand j’entends que 12 % de la population tunisienne est concernée par l’agriculture, c’est considérable. Il y a donc un enjeu humain, en plus d’un enjeu économique extrêmement important. Il y a un enjeu de structuration d’un pays, de territoires aussi parce que chacun sait que lorsque les populations agricoles diminuent et quittent l’activité agricole, les territoires se vident, les villes ou plutôt les bidonvilles se remplissent. Toutefois, ce qu’il faut énoncer, c’est qu’il y a aussi de ce côté-ci de la Méditerranée des craintes. La force économique, le potentiel agronomique, le savoir-faire et aussi la richesse de l’eau et du soleil, qu’il y a de l’autre côté de la Méditerranée, font qu’il y a des craintes sur les productions de fruits et légumes. En revanche, nous commerçons beaucoup en matière de céréales, d’élevage et d’autres secteurs. D’ailleurs sur les cinq dernières années, les exportations agricoles de l’Europe vers les pays méditerranéens ont augmenté de 8 % et nos importations en provenance de cette région ont augmenté de 11 %.
Alors plutôt que de craindre la partie commerce, parce que la peur n’évite pas le danger, nous avons de ce côté-ci de la Méditerranée une approche pragmatique. Le monde est ouvert, la mondialisation est là et quand aujourd’hui la seule perspective pour les jeunes de ces pays c’est prendre un bateau et partir au Nord ou aller travailler au Nord, ou aller en ville, ce n’est pas une perspective correcte. A l’inverse, aider à la création d’équipements structurants, réaliser des investissements structurants en matière d’équipements de production, d’irrigation, d’accompagnement de ces producteurs, est à mon sens incontournable. Dans le même temps, ce qu’il faut accompagner au Nord de la Méditerranée, pour que les choses se passent bien, c’est la préservation des moyens de production (le foncier), c’est remédier à la difficulté d’accès à l’eau, c’est faire évoluer qualitativement les savoir-faire et les productions agricoles. L’innovation produit, la recherche, les nouvelles technologies permettent de conserver un certain nombre de parts de marché en fruits et légumes, donc cette longueur d’avance que nous avons, il ne faut pas la perdre, il faut continuer à avancer.

Olivier Masbou : Ce que vous êtes en train de décrire, c’est peut-être la création d’une politique agricole commune aux pays du Sud de la Méditerranée ou au moins à certains pays.
Christiane Lambert :
En quelque sorte. Dans la communication du Commissaire Ciolos, concernant la réforme de la Pac 2013, il est énoncé la possibilité de tenir compte, tant pour les productions que pour les régions, d’un certain nombre de spécificités. Cela offre la possibilité de considérer la spécificité méditerranéenne qui se distingue – si on ne devait retenir que deux critères – par une application climatique extrêmement forte et une faiblesse hydrique qui nécessite des ajustements et puis des productions très employeuses de main-d’œuvre qui sont aussi une spécificité méditerranéenne.

Michel Bru : Vincent Dollé, la sécurité alimentaire, comment se compose-t-elle aujourd’hui dans ces pays-là, qu’est-ce qui va se passer ?
Vincent Dollé :
La sécurité alimentaire en Méditerranée : entre 2005 et 2025, c’est au minimum 100 millions d’habitants en plus. Ces 100 millions d’habitants en plus, ils vont essentiellement habiter dans les villes. Et ces villes elles se développent sur le littoral et sur les plaines alluviales fertiles. Donc ça veut dire que ces gens-là en ville, ils vont consommer plus, ils changent leurs habitudes alimentaires, ils consomment plus de produits d’origine animale, qui eux consomment des céréales, donc pression sur les productions végétales et donc demande alimentaire croissante dans un contexte que l’on connaît de montée des prix et surtout de volatilité, d’instabilité des prix. Finalement l’équation de la sécurité alimentaire, c’est produire plus, avec moins d’eau, avec moins de terres et, dans quelques années, avec moins d’agriculteurs. De plus, dans un contexte d’évolution climatique qui va faire qu’on est sûr que d’ici 50 ans on aura au moins 2 à 3 degrés en plus en moyenne et à peu près entre 10 et 20 % d’eau en moins, l’équation devient difficile. Qu’est-ce que l’on constate actuellement ? C’est une très forte dépendance alimentaire des pays du Sud et de l’Est. Avec toutefois une exception qu’il ne faut pas oublier, c’est l’exception turque qui, en 15-20 ans, est passée d’importateur à exportateur de céréales et qui, au-delà d’une puissance agricole, devient aussi une puissance agroalimentaire. Si on réfléchit à un pacte de développement entre l’Europe et le Maghreb, il ne faut surtout pas oublier la Turquie et l’associer dans cette réflexion et dans cette dynamique d’échanges. Et donc les pays du Sud sont de plus en plus dépendants. Si on prend le cas des céréales, les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée consomment tous les ans deux fois plus qu’ils ne produisent. En 40 ans, l’Egypte a augmenté ses importations nettes, elle les a multipliées par 4, la Tunisie par 13, l’Algérie et le Maroc par 20. Donc là, c’est quelque chose qui sera peu supportable et on va vite parler de problèmes de souveraineté alimentaire. Si on additionne les importations de céréales de l’Algérie, du Maroc, de la Tunisie et de l’Egypte, au moment des crises, ces quatre pays captent à peu près entre 20 et 25 % du marché des céréales alors qu’ils ne représentent que 5 % de la population. Donc là il y a un problème d’inadéquation. Imaginons, rêvons, mais malheureusement ce n’est pas le cas, que si ces pays s’organisaient pour négocier ensemble, cela aurait un impact énorme sur la volatilité. Donc pour nous c’est un sujet majeur pour l’avenir de la Méditerranée l’insécurité alimentaire croissante mais avec des disparités dans les pays, la Tunisie s’en sort mieux que beaucoup d’autres pays, la Turquie évidemment, et puis d’autres pays, la Syrie s’en sort beaucoup moins bien maintenant avec l’ouverture de son patrimoine foncier qui était assez protégé.

Michel Bru : Quel est l’avenir pour le développement des agricultures méditerranéennes ?
Vincent Dollé :
Vous faites bien de parler des agricultures méditerranéennes. En Méditerranée, 85 à 90 % de la ressource en eau est captée par l’agriculture. Les possibilités d’augmentation de la productivité par la mobilisation de nouvelles ressources en eau sont quasiment saturées. Donc maintenant on ne peut plus tellement augmenter l’offre en construisant des barrages qui finissent par se remplir de limon parce qu’ils ne sont pas dans des aires protégées, mais il faut donc mieux gérer la demande. Et donc monter des dispositifs de systèmes de production qui s’adaptent aux aléas climatiques, mais qui sont dotés de capacité d’innovations fortes. Et donc je vais prendre un peu une comparaison de provocation : on parle au Nord de l’agriculture de précision, c’est-à-dire avec satellites et micro-ordinateurs. Pour moi, l’agriculture de précision, c’est aussi une agriculture familiale qui est capable, sur quelques hectares, d’intensifier les productions, de mélanger les savoir-faire, de valoriser les variétés locales, de produire des signes de qualité et finalement de produire des revenus et des emplois en milieu rural qui, pour nous, sont la clé. Donc là dessus, je partage le point de vue de Christiane Lambert, je pense qu’il ne faut pas dire politique agricole euro-méditerranéenne, c’est déjà tellement compliqué en Europe l’extension vers l’Est, mais il faut imaginer que l’Europe s’intéresse au Sud et à l’Est de la Méditerranée comme elle l’a fait pour l’Est de l’Europe. Et donc il faut monter un pacte de développement pour l’agriculture euro-méditerranéenne avec des activités un peu à la carte et pas imaginer avoir toujours l’avis de tout le monde pour pouvoir engager une activité et puis s’attaquer très rapidement à des stocks réguliers de céréales. Pour nous, c’est tout à fait important. Imaginez qu’on puisse stocker des céréales, les gérer ensemble, au Nord et au Sud, non pas pour spéculer mais pour éviter la flambée des prix et pour garantir un accès aux consommateurs du Nord et du Sud tout à fait raisonnable pour ces prix, pour éviter enfin que la fameuse diète alimentaire méditerranéenne qui devient maintenant une panacée universelle, que dans quelques années elle soit composée de tomates chinoises, de vins californiens, de céréales ukrainiennes. Donc là, il y a un savoir-faire, un capital qu’il faut absolument valoriser par des signes de qualité et par une intensification intelligente de l’agriculture, aussi bien au Nord qu’au Sud de la Méditerranée.

Olivier Masbou : Alexandre Adler, vous avez dit tout à l’heure ce que vous pensiez de l’Union pour la Méditerranée. Si on ajoute que les concepteurs du projet n’avaient pas mis l’agriculture parmi les six points de construction de cette Union c’était une erreur grave.
Alexandre Adler :
Bien sûr, parce que, quand bien même aujourd’hui la population rurale diminue, même dans un pays rural comme l’Egypte, qui est quasiment un don pas seulement du Nil mais de l’agriculture la plus ancienne de la terre, malgré tout c’est un problème crucial. Je ne vois pas, par exemple, comment un pays comme le Maroc, qui souffre d’un véritable dualisme entre les régions de montagne et les plaines alluviales et les grandes villes, pourrait résoudre son problème sans un progrès considérable de la productivité agricole et le transfert de l’agriculture dans les régions où l’eau existe, c’est-à-dire la montagne où la productivité est très basse et les zones rurales généralisées. Je buvais évidemment du petit-lait, si j’ose m’exprimer ainsi, devant tout ce qui a été dit et que je partage, notamment sur le succès d’une agriculture méditerranéenne.
Christiane Lambert : Le Maghreb est importateur structurel de céréales, nous le savons. Mais nous ne sommes pas les seuls, nous Européens, à le savoir. Aujourd’hui, les Etats-Unis et le Canada font tout pour s’implanter fortement. Or si nous parlons d’accords partenariaux, et si nous ouvrons plus nos frontières, il est évident aussi que dans certains domaines nous souhaitons être plus présents. Et quand nous disons produire plus de céréales face à la volatilité quand même extrêmement dangereuse, économiquement, politiquement et pour le maintien d’un certain nombre de productions, stocker plus – stocker 5 millions de tonnes de céréales de plus – qu’on les stocke au Nord de la Méditerranée ou au Sud, où est le problème ? il y a quatre mois, l’Algérie a frappé à la porte de la France pour demander 3 millions de tonnes de céréales en urgence, parce qu’il y avait les événements à Tunis, il y avait les événements en Egypte. Comment honorer cette commande ? Vraie difficulté d’organisation en France mais aussi achat à prix très forts. Alors que si l’année dernière l’Algérie avait pu, avec une politique d’accompagnement, anticiper, acheter quand le blé en France était à 90-100 euros/tonne, stocker chez elle, je crois qu’il y aurait eu aussi un bénéfice pour les agriculteurs du Nord de la Méditerranée. En quelque sorte, ces stocks stratégiques permettent de lisser une partie de la volatilité. Et c’est ainsi qu’il faut en parler : se dire que de toute façon, structurellement, le Maghreb est importateur de céréales et nous sommes prêts, nous, à fournir. Bien sûr, il y a des contreparties que nous connaissons et je pense que dans la stratégie moyen-long terme qu’il faut envisager ensemble cette question-là se pose.

Retrouvez la vidéo de la conférence sur www.medfel.com

Cet article est un résumé de la conférence inaugurale de Medfel 2011 qui s’est tenue le 4 mai dernier. Les intervenants étaient Alexandre Adler, historien et journaliste, Christiane Lambert, première vice-présidente de la FNSEA, et Vincent Dollé, directeur du CIHEAM (Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes). Tawfik Chriaa, directeur de l’Apia, participait également à cette table ronde. Ses propos sont repris pp. 48-49. La table ronde était animée par Michel Bru (Réussir fruits et légumes) et Olivier Masbou (Fld hebdo). Elle a été retranscrite par Nadine Stenger.

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