ANGÉLIQUE DELAHAYE, DÉPUTÉE EUROPÉENNE ET PRODUCTRICE
« Oui pour le quota homme/ femme dans le syndicalisme »
Au Parlement européen depuis 2014, Angélique Dalahaye a su rapidement s'intégrer parmi ses pairs grâce à son travail et son sens du contact.


Après deux journées passées au Parlement à Bruxelles, le marathon continue pour Angélique Delahaye qui, ce vendredi 19 février, prépare la séance du Conseil municipal en tant que maire de Saint-Martin-le-Beau (Indre-et-Loire). « Je travaille deux fois trente-cinq heures par semaine, sourit-elle. C'est un choix, c'est mon tempérament. Je suis plutôt hyperactive. »
Elue pour la première fois en 2014 comme députée européenne, celle qui exerce avec son mari le métier de maraîchère, est aujourd'hui membre de la Commission européenne de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire et membre suppléante de la Commission européenne de l'agriculture et du développement rural*. Outre son mandat local, elle exerce la présidence de Solaal. Toutes les semaines, l'ancienne présidente d'Aprifel fait le point avec la directrice Dorothée Briaumont.
Après ces quelques mois de mandature européenne, Angélique Delahaye a bien réussi son intégration parlementaire. « Au sein des commissions, cinq rapports peuvent être rédigés par an, explique-telle. J'ai proposé et obtenu de rédiger l'un d'eux. Il s'agit d'une étude sur la volatilité des prix agricoles et des outils de gestion de crise. » Une fois le rapport rédigé grâce à l'aide des rapporteurs et des experts, il sera proposé en septembre pour en débattre au sein de la Commission européenne de l'agriculture et du développement rural. « J'espère que ce rapport sera discuté ensuite en session plénière. La Pac de 1992 a complètement démantelé le système de régulation des prix. Il faut réparer certaines erreurs. Je souhaite que ce rapport amène le Conseil et la Commission à prendre en compte nos propositions. » Angélique Delahaye peut être fière de ce travail accompli, matérialisant ses “batailles” pour être reconnue de ses pairs d'abord dans son propre camp et faire reconnaître ses idées. « Bruxelles nous apprend l'art du compromis, souligne-t-elle. Le premier dossier dont j'ai eu à m'occuper concerne la fusion des programmes de promotion lait et f&l. Au départ, je souhaitais des budgets promotionnels séparés. J'ai néanmoins voté “pour” car nous avons progressé dans la démarche. J'ai eu de très bon rapport avec mon collègue socialiste belge Marc Tarabella qui a rédigé la résolution. Nous avons fait en sorte qu'un équilibre soit instauré entre les deux types de produits. C'est aux acteurs maintenant de se saisir de ce nouveau dispositif. »
« La parité homme/femme serait un bon point pour le syndicalisme »
L'époque semble lointaine où Angélique Delahaye a succédé à son beau-père entre 1992 et 2000 à la présidence du Syndicat national des producteurs d'endives, organisation aujourd'hui fondue dans l'Union des endiviers. Entrée par hasard à la FNPLégumes – il fallait quelqu'un – l'exploitante a grimpé les échelons au sein du syndicat pour devenir présidente de 2001 à 2012. « J'ai bifurqué dans la politique, avance-t-elle, pour faire avancer mes idées. Par exemple, j'ai défendu à Bruxelles les droits privés sur l'eau. » Au Parlement Européen, Angélique Delahaye n'a jamais senti de différence parce qu'elle est une femme. « Je ne discerne pas le clivage Homme/Femme à Bruxelles comme on peut le ressentir dans le syndicalisme. En France, le quota H/F en politique est un pis-aller mais le syndicalisme ferait bien de s'en inspirer ! » et la député européenne, mère de trois enfants, rajoute : « Malheureusement, rien n'est fait pour les politiciennes, pas de frais de garde durant les séances parlementaires, pas de crèches en Région non plus ! »
* Elle est aussi membre suppléante de la délégation pour les relations avec les pays du Machrek (une partie du monde arabe) et de la délégation à l'Assemblée parlementaire de l'Union pour la Méditerranée.