On doit avoir en permanence l'œil sur le niveau de consommation
Le temps d'une interprofession ne s'égrène pas forcément comme celui d'une entreprise. Ce qui n'empêche pas Francisco Moya de donner son avis avant de passer la main en décembre.
Fld Hebdo : Comment débute cette campagne ?
Francisco Moya : C'est du jamais vu ! La tension que nous avions connue durant la campagne 2012-2013 s'est poursuivie. Traditionnellement, on connaît toujours un surplus d'offres au moment des arrachages. Mais, pour la première fois, nous sommes restés en flux tendu entre l'offre et la demande, ce qui provoque la tension actuellement rencontrée sur les prix.
Fld Hebdo : Quel peut-être le scénario en deuxième partie de campagne ?
F. M. : Un président de CNIPT se doit de ne pas être pessimiste sur l'avenir des cours. Des clignotants sont au vert, principalement au niveau des potentialités de notre produit frais en Europe. Néanmoins, nous devons être vigilants sur le niveau de consommation de notre produit et s'il y a quelque chose qui doit nous alerter, c'est bien la baisse de consommation de pommes de terre après deux années de forte hausse en début de campagne. Mon inquiétude à terme, c'est qu'avec une baisse de consommation on puisse perdre de l'espace au niveau du linéaire… qu'il sera très difficile à reconquérir par la suite. Déjà les enseignes diminuent les unités de vente consommateurs dans les espaces 1er prix. Elles passent du 5 kg au 2,5 kg, et du 2,5 au 1,5 kg pour faire admettre un prix psychologiquement acceptable au consommateur. Des opérations qui ne plaident pas pour une hausse des volumes commercialisés.
Fld Hebdo : Les tassements de nos exportations vers l'Europe du Sud ne sont-ils pas inquiétants ?
F. M. : Je ne suis pas surpris d'un tel ralentissement. Dans des périodes de crise, ces pays se remettent à produire. Mais malgré tout, nos volumes exportés restent importants. Et même s'il faut rester prudent à l'annonce des déficits potentiels annoncés en Allemagne ou en Russie, on peut être plutôt serein sur nos débouchés européens.
Fld Hebdo : Estimez-vous que l'embargo russe sera bientôt levé ?
FM : L'aboutissement de ce dossier, qui n'est pas le fait des opérateurs russes ni des producteurs, dépasse notre filière. Ces derniers sont inquiets notamment parce qu'ils ont besoin de plants de qualité. A court terme, la filière russe est plus ennuyée que l'Europe. Des solutions seront trouvées à un moment où à un autre. Elles seront politiques.