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Lettre ouverte du président de l'Afidol
Olives : Olivier Nasles pousse un cri d'alarme

 Peut-on imaginer au XXIe siècle perdre 80 à 90 % d'une récolte nationale ? Aurions-nous pu éviter cette catastrophe ? L'interprofession a-t-elle rempli son rôle d'alerte et de conseil technique ? Trois questions parmi d'autres que vous vous posez en cette fin du mois d'octobre à la vue de vos arbres où ne subsistent que quelques olives bien souvent véreuses ou de vos palox désespérément vides devant la porte de vos moulins.

• A la première question, répondre “oui” semble surréaliste. En juillet, l'estimation de la récolte 2014 faite par les professionnels était au minimum de 5 000 t d'huile d'olive. Aujourd'hui, nous ne sommes même pas sûrs d'arriver à en rentrer 1 500 t. Comment une telle perte a pu se produire ? Un gel en juillet sur le Midi de la France ? Une grêle généralisée sur treize départements ? Un nouveau prédateur de l'olive débarqué d'Asie ou d'Afrique ? Non, tout simplement l'action d'une mouche bien connue depuis plus de cinquante ans ! • A la deuxième question, la réponse est évidemment “oui” mais pas dans le cadre réglementaire actuel ! La permanence des vols de mouches entre fin juin et octobre a rendu inefficace le positionnement des deux traitements insecticides autorisés. Dans ce contexte, il aurait fallu positionner un traitement tous les dix à quinze jours, soit six à huit traitements sur la période. Quand on ose envisager, chaque année, de nous interdire le dimé-thoate, la nature s'est chargée d'apporter la plus cinglante des réponses ! Et dans le bio, me direz-vous ? L'application correcte d'argile a montré une nouvelle fois son efficacité sauf que, dans les conditions climatiques que nous avons rencontrées, il eut fallu passer de l'argile quasiment toutes les semaines, à savoir une bonne dizaine de passages.

• A la troisième question, je vous renverrai simplement aux bulletins de Santé du végétal et aux bulletins “Infolive” qui, dès le 24 juin, informaient que le seuil de risque était atteint pour annoncer en juillet le caractère exceptionnel de l'attaque de mouches.

Et maintenant, quelles sont les conséquences pour vous, acteurs de la filière ?

Nous avons à faire face à une situation de crise que nous n'avons plus connue depuis 1956 et le gel qui détruisit l'oliveraie française. Nous n'avons pas perdu les arbres, mais les conséquences de la perte de cette récolte seront plus importantes que la plupart d'entre vous peuvent se l'imaginer. En tout premier lieu, les oléiculteurs qui ont vu leur travail d'une année anéanti et qui sans revenu sur leurs parcelles auront du mal à trouver les moyens de financer l'année à venir.

Mais aussi, les transformateurs, les moulins qu'ils soient privés ou coopératifs subissent la double peine : celle de n'avoir aucune recette liée à la trituration à laquelle succède le fait de ne pas avoir d'huile à commercialiser dans leurs boutiques et leurs réseaux de vente tant en France qu'à l'export. Si des solutions ne sont pas trouvées, plusieurs de ces entreprises pourraient disparaître.

Il ne faut pas oublier toutes les structures commerciales, qui ont investi dans l'huile de France et qui se retrouvent au chômage technique, sans revenu.

Enfin, toutes les structures techniques qui vous accompagnent, les ODG d'appellations, les structures de contrôles, et même votre Interprofession qui se prépare à vivre une année blanche, quasiment sans cotisations. Face à cette crise exceptionnelle, nous allons agir en quatre temps :

1. Sauver ce qui peut l'être. Depuis début octobre, l'Afidol a fait passer le message selon lequel une récolte immédiate et sans se préoccuper de la maturité était le seul moyen de sauver un peu d'huile de qualité correcte.

2. Nous allons faire l'inventaire des dégâts économiques causés et recenser les situation s dramatiques à tous les niveaux.

3. Nous allons, avec nos partenaires publics et privés, chercher des solutions pour limiter les dégâts au sein de la filière.

4. Enfin viendra le temps de réfléchir au “plus jamais ça”. Je n'oublierai jamais que nous avions les moyens de limiter ces dégâts, certes en sortant de la légalité, mais les traitements existent !

Le ministère, FranceAgriMer, les DRAAF ont été informés de la situation dramatique à laquelle nous allons devoir faire face. Il va nous falloir imaginer des réponses adaptées à chacun tant pour traiter le problème immédiat que pour limiter le risque de revivre une situation similaire dans les années à venir. Pêle-mêle, la mise en place de contrats d'assurance-récoltes dans le cadre du “contrat sole”, le report d'annuités d'emprunts, des aides directes aux oléiculteurs et aux structures (privées ou coopératives), des solutions pour acheter des olives, des prêts bancaires à taux bonifiés..., toutes les pistes doivent être étudiées pour atténuer les conséquences économiques.

Au début des années 2000, j'ai plusieurs fois écrit que baser une entreprise uniquement sur l'oléiculture en France était suicidaire et qu'une filière ne pouvait fonctionner que si elle avait au minimum six mois de stocks. 2014 nous rappelle, de la façon la plus abrupte, la dure réalité de ces deux principes !

De plus, même si l'oléiculture n'est qu'un détail de l'agriculture française, ce qui lui arrive devrait amener les agriculteurs d'autres filières et surtout nos gouvernants (français ou européens) à se poser les bonnes questions avant de faire de l'écologie de salon !

C'est dans la tempête que l'on voit la solidité de l'équipage ! Je tenais à ce que vous sachiez qu'avec votre Conseil d'administration nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour vous accompagner et que nous saurons rappeler à nos gouvernants quels qu'ils soient qu'il faudra bien choisir un jour entre l'existence d'une filière économique et la “protection” de quelques millions de mouches ou d'insectes nuisibles !

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