OCM : le don, parent pauvre du retrait
Le PNNS 2 veut augmenter les dons de fruits et légumes aux populations défavorisées. La France, comme les autres pays de l’UE, utilise très peu ce mécanisme prévu par l’OCM.
L’une des rares mesures phares pour les fruits et légumes du PNNS 2 (un PNNS largement dépouillé sur ce point par rapport au projet initial – cf. fld hebdo du 12 septembre), est que le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a fait part de son souhait d’augmenter les dons aux populations défavorisées de fruits et légumes “issus de stocks qui sont retirés du marché”. D’après le ministre, seuls 8 % de ces fruits et légumes iraient vers des organisations caritatives. Il nous a paru intéressant de rassembler quelques données sur l’actualité du “retrait” en France et en Europe. Et sur le devenir de ces produits.
Sur la campagne 2004/2005 (les derniers chiffres connus), le total des volumes de fruits et légumes retirés du marché dans l’UE-25 s’élève à 319 525,2 tonnes. Ce qui représente un budget total de 32 millions d’euros.
C’est l’Espagne qui pratique le plus le retrait (123 000 tonnes, 11,7 millions d’euros), devant la Grèce (74 000 tonnes, 7,2 millions d’euros) et l’Italie (50 500 tonnes, 6,7 millions d’euros) Avec près de 40 000 tonnes retirées pour une enveloppe de 4 millions d’euros, la France vient en quatrième position. Il est à noter que, sur cette dernière campagne, quinze pays, sur vingt-cinq, n’ont pas pratiqué le retrait.
Parmi les produits, c’est la tomate qui arrive en tête avec près de 75 000 tonnes retirées, suivie de la pêche (70 000 tonnes), de la nectarine (44 000 tonnes), des pommes (26 000 tonnes) et des poires (25 000 tonnes).
Les volumes retirés ne représentent qu’un faible pourcentage Il est à noter que pour impressionnant qu’ils pourraient apparaître aux yeux du béotien, ces volumes ne représentent qu’un pourcentage faible, voire infime de la production : 3,9 % pour la nectarine, 2,19 % pour la pêche, mais 0,45 % pour la tomate, 0,99 % pour la poire, 0,36 % pour la pomme.
Pour la France, la hiérarchie des produits n’est pas tout à fait la même. C’est le chou-fleur qui arrive en tête avec 17 000 tonnes retirées (sur un total de 20 000 tonnes pour la totalité de l’UE à 25). Il est suivi de la pêche et de la nectarine (près de 11 000 tonnes), puis de la pomme (5 700 tonnes) et de la tomate (3 700 tonnes).
Les produits retirés sont majoritairement détruits
Mais que deviennent ces produits retirés du marché ? “Ils doivent être distribués gratuitement à des fins sociales ou caritatives, distillés, utilisés pour l’alimentation animale ou à des fins non alimentaires ou, enfin, détruits dans des conditions respectueuses de l’environnement”, indique le règlement de l’OCM fruits et légumes.
En 2004/2005, la distribution gratuite a porté sur 26 000 tonnes pour la totalité de l’Union européenne, un volume quasi-équivalent (27 000 tonnes) est parti vers la distillation, 208 000 tonnes de produits ont été détruites et 57 000 tonnes ont été dirigées vers l’alimentation animale.
Pour la France, les ordres de grandeur sont à peu près semblables : 30 000 tonnes détruites, 6 000 tonnes pour l’alimentation animale et 3 200 tonnes pour la distribution gratuite (et rien pour la distillation).
Les 3 200 tonnes destinées à la distribution gratuite représentent un peu plus des 8 % annoncés par le ministre. Les organisations caritatives susceptibles de bénéficier de ces produits de retrait se plaignent notamment du coût du transport (cf. l’interview de Pierre de Poret, président des Banques alimentaires, fld mag du 11 novembre 2004).
Pourtant, le règlement communautaire précise que “la Communauté prend en charge les frais de la distribution gratuite, y compris, dans ce cas, les frais relatifs au triage et à l’emballage”. Si par le biais du PNNS 2, le gouvernement souhaite développer la consommation des fruits et légumes chez les plus démunis en utilisant le retrait (et il y a, semble-t-il, des marges de manœuvres), il devra régler ce problème du transport.