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Filière plants
Obtenteurs et collecteurs veulent dissiper quelques incompréhensions

Cinq opérateurs détiennent 80 % du marché : tous à capitaux majoritairement étrangers. Cette concentration n’a pas empêché la palette variétale de s’élargir. Rencontre avec Pierre Huchette .

Fld : Comment expliquez-vous que le plant soit entre les mains de quelques opérateurs européens ?

Pierre Huchette Pierre Huchette est responsable de Huchette Cap Gris Nez (groupe HZPC) et président des collecteurs du Nord.  : La concentration actuelle des opérateurs n’est pas le résultat d’une stratégie délibérée de quelques-uns. Elle est la conséquence de la fabuleuse diversification variétale que l’on connaît depuis vingt ans en Europe du Nord. Pour accompagner cette expansion, chaque obtenteur a développé sa propre structure commerciale pour la mise en marché de ses variétés. C’est ce qui a abouti à la concentration actuelle des opérateurs.

Fld : On vous reproche parfois de ne pas avoir les volumes de plants disponibles et de faire de la rétention pour certaines variétés ?

P. H. : Il faut savoir que, pour chaque variété, un collecteur met en place une production correspondante à son potentiel de vente. C’est un des principes de base de notre métier. Notre objectif n’est pas de gérer la pénurie, mais bien de gérer un équilibre. Sinon, s’il n’y a plus de contrôle des volumes produits, et c’est la rentabilité même de la variété qui disparaît à tous les niveaux. Ce fut le cas avec la variété Nicola tombée dans le domaine public dans les années 90. D’une variété rémunératrice pour l’ensemble des opérateurs de la filière, Nicola est devenue quasiment invendable d’une année à l’autre ! Mais notre production de plants dépend de la météo. Le différentiel de production peut alors être de 20 % en plus ou en moins….

Fld : Comment expliquez-vous le niveau de prix, atteint actuellement par les plants ?

P. H. : Reconnaissons qu’un plant bon marché n’a jamais été un critère de développement pour le marché de la pomme de terre de consommation. Le prix d’une variété monopole destinée à la consommation peut varier de 900 à 1 500 e/ha. Il tient compte des coûts de production élevés en plants pour un rendement qui dépasse rarement les 25 t/ha. Des contraintes techniques (notamment sanitaires), des contraintes de contrôles (SOC/Gnis), de stockage frigo en pallox et de main-d’œuvre importante expliquent en grande partie ce niveau de prix rencontré. Il faut également ajouter le paiement des droits d’obtenteur ainsi que les royalties. Par exemple pour Franceline, nous devons payer des droits d’obtenteur à la station de Bretteville du Grand-Caux et des royalties au Comité Nord. En règle générale, nous consacrons en moyenne 1 500 E/ha de royalties et de droits d’obtenteur.

Il faut enfin prendre en compte le financement de la recherche (2 à 300 E/ha), sans compter la reprise d’éventuels invendus au producteur. A titre d’exemple, le budget “recherche” d’HZPC est d’environ 3 ME par an pour 15 000 ha de production de plants.

Ces sommes importantes dégagées pour la recherche sont vitales. Il y a à peine vingt ans, les trois quarts des variétés commercialisées actuellement n’existaient pas. Elles sont disponibles grâce notamment aux efforts de recherche des obtenteurs. Rappelons enfin qu’il faut dix années à partir d’un croisement pour mettre une nouvelle variété sur le marché et cinq pour en assurer sa commercialisation !

Fld : Comment allez-vous préserver et développer cette culture spécifique dans les années qui viennent ? Vos producteurs ne vont-ils pas succomber aux charmes des sirènes céréalières dont le revenu/hectare semble aujourd’hui beaucoup plus attractif ?

P. H. : C’est tout l’enjeu des prochaines années. La préservation de nos hectares de plants passera obligatoirement par une meilleure fidélisation du réseau de nos producteurs. Cela signifie qu’il faudra développer demain encore plus qu’aujourd’hui de vraies politiques contractuelles. Les mots partenariat et transparence n’en prendront encore que plus de sens.

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