Nutrition : le monde agricole a toute sa place
“Je souhaite que les distributeurs automatiques, qui ne contiendraient que des produits dont l’équilibre nutritionnel est assuré, retrouvent leur place dans les établissements scolaires”, a indiqué Yannick Favennec, au ministère de l’Agriculture, la semaine dernière.
Missionné par le Premier ministre en février sur l’implication des filières de production dans la qualité nutritionnelle des aliments, le député de la Mayenne a rendu, il y a dix jours, son rapport à Dominique Bussereau et le 22 novembre à Dominique de Villepin. Parmi ses recommandations, se trouve la mise en marché de davantage de produits bruts, naturels ou de meilleure densité nutritionnelle, pour reconquérir les marchés de l’alimentation par l’agriculture. Pour autant, l’idée n’est pas d’opposer les produits bruts aux transformés. Mais plutôt de rééquilibrer l’offre alimentaire entre ces deux productions. “Il est temps que l’ensemble des acteurs de la chaîne alimentaire ne perçoive plus l’agriculture comme un simple pourvoyeur de matières premières, mais comme un partenaire indispensable à la lutte contre les maladies liées à une mauvaise nutrition”. Sous-entendu, le fléau de l’obésité.
Contenant une vingtaine de propositions, son rapport comporte aussi un volet sur la promotion des produits bruts. “Je propose qu’un espace médiatique, leur soit ouvert sur les chaînes publiques”, a-t-il lancé.
Vers une modification de la loi sur les distributeurs
Quant à la place de la nutrition dans les enseignements, le fait alimentaire et la nutrition devraient entrer dans les programmes scolaires : “Les professeurs et enseignants doivent pouvoir être formés pour animer des modules sur la qualité nutritionnelle des aliments.”
Revenant sur la suppression des distributeurs dans les écoles, “il y a eu une petite erreur du législateur car une dérive s’est installée depuis.” Aussi, une expérience sera menée dans un collège-lycée de sa région (Mayenne) dès le 2 e trimestre. “Nous avons obtenu une dérogation du ministère de l’Education pour remettre des distributeurs de fruits frais, compotes, produits laitiers, eau dans un collège-lycée. Après étude, nous demanderons la modification du texte de loi. A l’origine, nous voulions déposer un amendement, mais il semble qu’une modification par voie réglementaire soit possible”.
Au sujet de la restauration scolaire, le rapport souhaite une réforme des marchés publics pour rendre possible la régionalisation des approvisionnements. Un guide avait été rédigé par la DGCCRF (GPEMDA) afin d’améliorer la qualité des produits proposés dans les appels d’offre. “L’AFSSA enquête en ce moment pour déterminer si ce cahier des charges est pris en compte par le secteur de la restauration”, a annoncé Catherine Bouvier, inspectrice générale de la santé publique vétérinaire, qui a collaboré au rapport Favennec.
Enfin, au sujet d’un PNNS interministériel, le député a reconnu qu’il n’avait pas encore eu de retour. “Dominique Bussereau a montré une vraie volonté de faire passer nos propositions dans la réalité avant les échéances électorales de 2007”. Déjà,“l’Observatoire national de l’alimentation (recommandé dans le rapport) vient de se voir attribuer un budget la semaine dernière. Celui-ci permettra de suivre les évolutions alimentaires en matière qualitative et quantitative en regroupant les données de l’AFSSA, du Credoc et de l’observatoire des comportements alimentaires” a indiqué Yannick Favennec.